Corée du Sud: Manifestations à la veille de la date butoir pour arrêter Yoon

Des milliers de partisans et détracteurs du président sud-coréen déchu, Yoon Suk Yeol, bravaient la neige hier à Séoul, à la veille de l’expiration d’un mandat d’arrêt émis contre lui pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale début décembre. Par Rosa C. Devant sa résidence, des soutiens de l’ex-procureur vedette sont venus en nombre […]

Jan 5, 2025 - 21:50
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Des milliers de partisans et détracteurs du président sud-coréen déchu, Yoon Suk Yeol, bravaient la neige hier à Séoul, à la veille de l’expiration d’un mandat d’arrêt émis contre lui pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale début décembre.

Par Rosa C.

Devant sa résidence, des soutiens de l’ex-procureur vedette sont venus en nombre pour réclamer l’annulation de sa destitution par le Parlement, malgré le froid et le manteau blanc qui a recouvert la capitale pendant la nuit.
«J’ai traversé la guerre et des températures de -20 degrés dans la neige pour me battre (…). Cette neige, ce n’est rien», dit à l’AFP Park Young-chul, affirmant que la «guerre est de nouveau là».
Les opposants à M. Yoon, eux, exigent son arrestation, après un premier essai infructueux des enquêteurs, mis en échec vendredi par la garde présidentielle.
«J’ai quitté mon emploi pour venir protéger notre pays et la démocratie. J’habite à deux heures d’ici et aller aux manifestations puis repartir, c’était trop», déclare à l’AFP Lee Jin-ah, 28 ans.
Les enquêteurs ont jusqu’à la dernière seconde aujourd’hui (15h00 GMT aujourd’hui) pour exécuter le mandat d’arrêt émis contre Yoon Suk Yeol afin de le forcer à répondre aux questions sur sa brève imposition de la loi martiale. Ils avaient assuré que l’ordre serait appliqué dans ce délai.
L’ancien magistrat, 64 ans, est sous le coup de plusieurs enquêtes dont pour «rébellion», accusé d’avoir fait vaciller la jeune démocratie sud-coréenne dans la nuit du 3 au 4 décembre avec son coup de force, qui a ravivé le douloureux souvenir de la dictature militaire.
Au Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés avait réussi à voter une motion exigeant la levée de l’état d’exception. Sous la pression de ces élus, de milliers de manifestants et contraint par la Constitution, Yoon Suk Yeol avait dû obtempérer quelques heures après sa mesure choc.
Selon un rapport du parquet consulté hier par l’AFP, il avait, avant d’annoncer sa décision à la télévision, balayé les réserves du Premier ministre d’alors, du ministre des Affaires étrangères et de celui des Finances, Choi Sang-mok, actuellement président intérimaire.
Le 14 décembre, l’Assemblée nationale a adopté une motion de destitution contre M. Yoon, entraînant sa suspension. Il reste cependant officiellement le président titulaire en attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur son cas, d’ici à la mi-juin.
Yoon Suk Yeol a prévu de se présenter à son procès à la Cour «pour donner son point de vue», a annoncé hier dans un communiqué son avocat, Yoon Kab-keun. La juridiction a à ce stade fixé cinq sessions entre le 14 janvier et le 4 février.
Ni Park Geun-hye ni Roh Moo-hyun, les deux anciens présidents à avoir été concernés, n’ont assisté à leurs procès.
Mme Park a été définitivement destituée puis incarcérée en 2017 tandis que M. Roh s’est vu sauvé par la Cour, allant ensuite au bout de son mandat en 2008.
Si M. Yoon était arrêté, il s’agirait d’une première pour un chef de l’État sud-coréen en exercice.
Les enquêteurs sont toutefois repartis bredouilles de son domicile vendredi.
Le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), l’entité centralisant les investigations, a ainsi demandé samedi à Choi Sang-mok d’ordonner au personnel de protection de M. Yoon de ne plus faire obstruction.
Mais se plier au mandat «reviendrait à abandonner nos devoirs», a certifié lors d’une prise de parole hier Park Jong-joon, le chef de la garde présidentielle, soutenant que l’ordre n’est pas valide.
Il a également rejeté les allégations selon lesquelles son équipe serait devenue la «milice personnelle» de Yoon Suk Yeol.
L’équipe juridique de ce dernier avait déposé un recours auprès du tribunal central de Séoul pour contester le mandat.
Mais il a été rejeté, a indiqué à l’AFP la juridiction elle-même émettrice du document, ajoutant que les raisons ne pouvaient être révélées.
Les avocats du président déchu ont l’intention d’engager d’autres démarches contre «ceux qui ont commis des actes illégaux», estimant que le chef du CIO, Oh Dong-woon, avait essayé d’arrêter leur client sans détenir l’«autorité» suffisante, a également expliqué Yoon Kab-keun.
R. C.

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