Dans son discours à la nation : Tebboune défend son bilan et charge la France

Dialogue politique, situation économique et sociale, ainsi que les relations algéro-françaises, lors d’un discours à la nation, prononcé hier dimanche devant les membres des deux chambres du Parlement, le président de la République a abordé beaucoup de sujets d’actualité. Pour la première fois depuis sa réélection à la présidence de la République en septembre dernier, […] The post Dans son discours à la nation : Tebboune défend son bilan et charge la France first appeared on L'Est Républicain.

Déc 30, 2024 - 11:42
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Dans son discours à la nation : Tebboune défend son bilan et charge la France

Dialogue politique, situation économique et sociale, ainsi que les relations algéro-françaises, lors d’un discours à la nation, prononcé hier dimanche devant les membres des deux chambres du Parlement, le président de la République a abordé beaucoup de sujets d’actualité. Pour la première fois depuis sa réélection à la présidence de la République en septembre dernier, Abdelmadjid Tebboune est revenu sur le dialogue national. Sans donner de délai précis, le chef de l’État a indiqué que la prochaine étape verra le lancement du dialogue politique « auquel je me suis engagé, et qui sera à la hauteur des enjeux internes ». Tout en accusant « ceux qui revendiquent le changement en faisant en sorte d’en être exclus », en référence aux partis politiques qui refusent de discuter avec lui, il a souhaité que ce dialogue national soit « profond et inclusif et non purement discursif », soulignant qu’il renforcera les droits fondamentaux « à travers les lois consacrées par la Constitution et la loi organique relative aux partis politiques et aux associations ». « J’ai promis à la classe politique d’ouvrir un dialogue pour renforcer le front intérieur et cela se fera de manière organisée », a-t-il ajouté, affirmant que cela « débouchera sur une démocratie véritable ». Dans le domaine judiciaire, Abdelmadjid Tebboune a promis que l’État « continuera à lutter contre la corruption ». « Nous avons opéré des changements dans le domaine de la justice, afin de rétablir la confiance des citoyens en l’État, de consacrer le principe de séparation entre argent et politique et de lutter contre la corruption », a-t-il encore précisé.

« Le pouvoir d’achat en hausse » parce que l’économie « est au vert »

Mais c’est sur les questions sociales et économiques que le chef de l’État a mis l’accent lors de ce discours. Ainsi, il a réaffirmé sa détermination à poursuivre la consolidation des acquis réalisés, « pour préserver la dignité des citoyens et améliorer leur cadre de vie » et à « mettre en œuvre les programmes destinés au développement socio-économique durable ». Dans ce sens, il a rappelé les augmentations salariales, les abattements fiscaux et autres avantages accordés par l’État, pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et a assuré que « le pouvoir d’achat des Algériens augmentera de 53 % » d’ici l’an prochain. Cela a été possible, selon lui, grâce à l’augmentation des salaires des fonctionnaires et d’autres revalorisations contenues dans les statuts particuliers des fonctionnaires de l’Éducation et de la Santé. À cela s’ajoutent d’autres annonces, notamment en ce qui concerne la pension chômage, qui va être portée à 20.000 DA au lieu des 15.000 DA actuellement en vigueur, celle des femmes au foyer à 8.000 DA, alors que celle des enfants à charge sera portée à 2.000 DA. Des avantages que paie l’État et non pas les employeurs, selon les lois en vigueur. Tout cela n’a été possible que grâce aux performances économiques, précise le chef de l’État, qui s’est enorgueilli que les indicateurs économiques de l’Algérie soient « tous au vert », comme en témoignent toutes les organisations internationales. « Le nouveau modèle économique commence à porter ses fruits, selon les statistiques positives de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et des autres institutions internationales », a-t-il mis en exergue, soulignant que le développement économique « se réalise à travers un nouveau modèle de développement fondé sur la diversification de l’économie et la libération de l’initiative ». À cet égard, il a donné quelques chiffres, à l’image des 37 milliards de dollars de valeur de la production agricole, des 9.500 Startup, avec un objectif de 20.000 à terme, et « des exportations hors-hydrocarbures en hausse », preuve selon lui que la production nationale « décolle ».

« Nous n’avons pas besoin de votre argent, mais de la reconnaissance… »

Par ailleurs, le président de la République s’en est violemment pris à la France lors de son discours, à qui il demande « reconnaissance » et non « réparation » pour les crimes coloniaux. « Ils ont commis des massacres et des boucheries durant l’occupation. La tribu Benchohra (à Laghouat en 1852, NDLR) a été gazée. Les gens ont été mis dans des sacs. Les Zaatcha ont aussi subi un massacre (Biskra en 1849, NDLR). Il y a aussi les enfumades (dans la Dahra entre 1844 et 1845, NDLR). Il y a eu plusieurs génocides. En mai 1945, plus de 45.000 Algériens ont été massacrés pendant un mois. Nous ne demandons pas le pardon, mais la reconnaissance. Les milliards de dollars ne suffisent pas pour rembourser la perte de milliers de Chouhada. Leur valeur est beaucoup plus grande que cela », a-t-il rappelé. « Nous ne demandons pas d’indemnisations, nous exigeons la reconnaissance des violations commises en Algérie. Ils (les Français, NDLR) ont prétendu qu’à leur arrivée en Algérie, ils avaient trouvé de vastes étangs qu’ils avaient séchés pour installer des constructions. Leurs officiers et sous-officiers reconnaissaient qu’ils avaient trouvé un peuple instruit. Leurs soldats étaient des ignorants qui ne savaient ni lire ni écrire. L’Algérie fournissait du blé à Rome. Nous n’abandonnerons pas le dossier de la mémoire. Qu’ils disent que nous ne sommes pas des démocrates ! », a-t-il fulminé avant de poursuivre : « Ils nous ont laissé les maladies. Ils voulaient rejoindre le Club des pays ayant la bombe atomique à notre détriment. Venez nettoyer ce que vous avez laissé, nous ne voulons pas votre argent ! (…) Ceux qui disent qu’ils avaient laissé le paradis en Algérie, et bien sachez, qu’à l’indépendance du pays, 90 % des Algériens étaient des analphabètes » a-t-il tonné. Il a rappelé qu’au début de l’occupation française, en 1830, le nombre des Algériens était de 4 millions. « Et, à leur sortie, ce nombre était de neuf millions. Comment expliquer qu’en presque un siècle et demi, ce nombre n’a augmenté que de cinq millions. Est-ce normal ? C’est la preuve qu’il y a eu des génocides en Algérie. Comment expliquer que les officiers et les sous-officiers coupaient les têtes de nos martyrs pour les envoyer en France. 500 crânes sont en France (dans un musée à Paris, NDLR). Nous les avons demandés et nous n’en avons reçu que 24. Ils prétendent qu’ils sont civilisés, alors qu’ils considéraient ces crânes comme des butins de guerre ! Reconnaissez vos méfaits. Si vous êtes sincères, érigez un statut de l’Émir Abdelkader dans votre capitale », a tonné le chef de l’État. Toujours à destination de la France, Abdelmadjid Tebboune accuse Paris d’être à l’origine du plan d’autonomie marocain au Sahara occidental. « Ce plan a été fait à Paris et non à Rabat ou Marrakech », a accusé le chef de l’État, en réponse à la reconnaissance publique du plan marocain par le président français, Emmanuel Macron. Par ailleurs, le président de la République s’en est violemment pris à l’écrivain Boualem Sansal, sans le citer : « Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre État », a-t-il fulminé. En référence aux déclarations de l’écrivain mettant en cause les frontières ouest du pays, qu’il a attribuées au Maroc. Pour rappel, Sansal est en détention provisoire depuis le 16 novembre dernier.

Akli Ouali

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