De TikTok à la rue : quelle est cette Génération Z qui embrase le Makhzen ?
Ils sont nés avec un smartphone, s’expriment en mèmes et semblent vivre en ligne. Pourtant, depuis plus d’une semaine au Maroc, ce sont bien eux, les membres de la Génération Z, qui battent le pavé. Loin du cliché de la jeunesse apolitique et virtuelle, ces manifestations révèlent le vrai visage d’une génération globale aux […]

Ils sont nés avec un smartphone, s’expriment en mèmes et semblent vivre en ligne. Pourtant, depuis plus d’une semaine au Maroc, ce sont bien eux, les membres de la Génération Z, qui battent le pavé. Loin du cliché de la jeunesse apolitique et virtuelle, ces manifestations révèlent le vrai visage d’une génération globale aux aspirations locales. Qui sont-ils, que veulent-ils, et pourquoi leur colère est si vive ?
On les pensait absorbés par leurs écrans, déconnectés des réalités tangibles. Et pourtant. Au Maroc, la Génération Z descend dans la rue. Les hashtags qui mobilisent en ligne se transforment en slogans scandés sur le bitume. Cette mobilisation n’est pas un épiphénomène, elle est la manifestation physique et bruyante des valeurs, des angoisses et des espoirs de la génération qui est en train de redéfinir le régime marocaine.
Pour comprendre les manifestations au Maroc, il faut d’abord décoder l’ADN de cette génération, née approximativement entre 1997 et 2012.
Nés dans un monde en « permacrise » : Contrairement à leurs aînés Milléniaux, optimistes et marqués par le tournant du millénaire, la Gen Z a grandi dans une succession de crises : terrorisme post-11 septembre, crise financière de 2008, urgence climatique, pandémie de COVID-19. Cette instabilité a forgé un caractère pragmatico-idéaliste. Ils veulent changer le monde ils sont donc idéaliste, mais ils savent que pour cela, il leur faut une sécurité économique et des actions concrètes donc ils restent également pragmatiques.
Ayant grandi sous le feu du marketing numérique, ils ont développé une aversion pour le discours faux et corporate. Ils exigent la transparence et la responsabilité. Cette quête d’authenticité se traduit par une sensibilité aiguë à l’injustice. L’inclusion, l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations ne sont pas des options, mais des prérequis fondamentaux.
Du « Like » à l’Action ils ont réinventé l’activisme activisme. Pour eux, le digital n’est pas une échappatoire, mais un outil. Un outil d’information, d’organisation et de mobilisation. Ils ont vu le pouvoir d’un hashtag pour lancer des mouvements planétaires (#BlackLivesMatter, grèves pour le climat). Ils maîtrisent l’art de la communication virale pour dénoncer une injustice locale et lui donner une portée nationale, voire internationale.
Focus Maroc : la « Gen Z » crie sa frustration
L’insurrection en cours au Maroc sont une étude de cas parfaite. Portées par des jeunes ultra-connectés, elles cristallisent les revendications profondes de cette génération, confrontée aux réalités du pays. Des revendications ? Évidemment.
Contre la « cherté de la vie » et pour un avenir économique : La principale étincelle est souvent la hausse des prix et le coût de la vie. Mais derrière cela se cache une angoisse plus profonde : celle de l’avenir. Ces jeunes voient leurs diplômes perdre de leur valeur face à un chômage endémique. Leur revendication n’est pas l’assistanat, mais l’opportunité. Ils dénoncent le « piston ») et réclament une méritocratie réelle. Ils veulent pouvoir construire une vie digne dans leur propre pays.
Les slogans entendus et partagés sur les réseaux sociaux réclament la fin des inégalités criantes et de la « hogra » (le mépris, l’humiliation par les détenteurs de pouvoir). Ils se battent pour un système de santé et d’éducation plus juste et performant. C’est l’application locale de leur quête globale de justice.
Au-delà de l’économique, la Gen Z marocaine aspire à plus de libertés individuelles. Moins de contrôle social, plus de liberté d’expression, le respect des choix de vie personnels. Ils une vie moderne, en phase avec leur ouverture de sur le monde.
Quelles sont leurs aspirations ?
Leurs aspirations dépassent les simples revendications. Ils aspirent à un « nouveau contrat social » où leur voix compte. Ils ne veulent plus être traités comme des enfants ou des sujets, mais comme des citoyens à part entière. Ils rêvent d’un Maroc où l’innovation, la créativité et le talent sont les vrais moteurs de l’ascension sociale.
D’aucun sait que quand la Gen Z se mobilise massivement, c’est le signe que les modèles économiques et sociaux existants sont à bout de souffle et ne répondent plus aux attentes. Le gouvernement marocain et ses entreprises qui ignorent ces signaux le font à leurs risques et périls.
Armés de leurs smartphones, ils sont des millions de « journalistes citoyens ». Aucune injustice, aucune corruption, aucune promesse non tenue ne peut rester longtemps cachée.
Les manifestations de la jeunesse au Maroc, loin d’être un simple « bruit » contestataire, sont une conversation cruciale sur l’avenir. La Génération Z nous montre qu’elle est tout sauf silencieuse. Elle est exigeante, informée et profondément engagée. Elle ne demande pas la lune, mais sa juste place au soleil : la dignité, l’opportunité et la justice. En l’ignorant et surtout en la réprimant le Marco commet une erreur historique.