Face à la dérive sur les réseaux sociaux : Plus de vidéos d’élèves sans accord parental
Face à la multiplication de vidéos d’élèves filmés en classe ou dans la cour de récréation, puis diffusées sur les réseaux sociaux à leur insu, le ministère de l’Éducation nationale a décidé d’en mettre fin. Dans une instruction officielle adressée aux directions de l’éducation à travers le pays, le département de Mohamed Seghir Saâdaoui interdit […] The post Face à la dérive sur les réseaux sociaux : Plus de vidéos d’élèves sans accord parental appeared first on Le Jeune Indépendant.

Face à la multiplication de vidéos d’élèves filmés en classe ou dans la cour de récréation, puis diffusées sur les réseaux sociaux à leur insu, le ministère de l’Éducation nationale a décidé d’en mettre fin. Dans une instruction officielle adressée aux directions de l’éducation à travers le pays, le département de Mohamed Seghir Saâdaoui interdit désormais formellement toute captation d’image d’élèves, photo ou vidéo, sans autorisation écrite préalable des parents ou tuteurs légaux.
Désormais, enseignants et personnels scolaires n’ont plus le droit de filmer ou de photographier des élèves, même lors d’activités parascolaires, sans une autorisation écrite préalable des parents ou tuteurs légaux.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de vigilance accrue face à une pratique jugée préoccupante : des mineurs, parfois âgés de moins de 16 ans, sont filmés à leur insu dans leur établissement scolaire, puis exposés sur des plateformes numériques à des fins de buzz, d’humour ou de notoriété. Une tendance que la tutelle considère comme illégale au regard de la loi n°15-12 du 15 juin 2015 relative à la protection de l’enfant.
L’instruction adressée aux établissements des trois paliers d’enseignement (primaire, moyen et secondaire), a sommé les chefs d’établissement sont sommés d’agir avec rigueur. rappelant que toute captation d’image au sein de l’école, en classe, dans la cour ou lors d’activités parascolaires, est strictement interdite sans accord parental écrit. Cette règle s’applique à l’ensemble du personnel éducatif, administratif et aux encadreurs, tenus désormais de signer une note d’engagement. Seule exception tolérée : une autorisation écrite préalable du tuteur légal de l’enfant, autrement, des sanctions sont prévues en cas de non-respect.
Au-delà de l’aspect légal, c’est la dimension psychologique de cette exposition non consentie qui inquiète les spécialistes. Pour la psychopédagogue Latifa Feddad, filmer un élève à son insu « constitue une atteinte à son droit à l’image, mais aussi à sa sécurité émotionnelle. Cela peut provoquer un stress important, altérer sa confiance en l’adulte, et générer un sentiment d’humiliation si la vidéo devient virale ». Elle insiste sur le fait, que l’école doit rester un espace sécurisé, où l’élève apprend sans craindre d’être exposé sur la place publique.
Selon elle, l’usage du téléphone ou de la caméra à des fins non pédagogiques brouille dangereusement les repères éducatifs. « Cela banalise la transgression des règles et casse la frontière entre vie privée et cadre scolaire. Il est essentiel que les enseignants soient sensibilisés à ces enjeux, dans l’intérêt même des enfants ».
Cette mesure, faut-il le dire, s’inscrit également dans une dynamique plus large de lutte contre toutes les formes d’exploitation des enfants. Elle fait écho à la convention-cadre signée récemment entre le ministère et les instances de lutte contre la corruption, visant à renforcer la transparence et la protection des élèves dans le système éducatif.
Dans ce sillage, l’expert pédagogique Kamel Nouari a lui aussi tiré la sonnette d’alarme. Il a indiqué que de nombreux enseignants ne sont pas informés de l’existence de textes juridiques interdisant ces pratiques, citant notamment la loi 12-15 relative à la protection de l’enfant, l’arrêté ministériel 65 encadrant l’usage des technologies de l’information à des fins non éducatives, ainsi que la loi d’orientation 04-08 sur le fonctionnement des établissements scolaires. Il a rappelé que filmer un élève sans autorisation préalable constitue une atteinte à ses droits fondamentaux et à sa vie privée.
Il a cependant reconnu que, dans un cadre réglementé et respectueux, avec l’accord écrit des parents et de la direction, la captation d’images pouvait s’inscrire dans une démarche pédagogique valorisante, à condition de respecter certaines règles essentielles : obtenir le consentement, préserver la dignité de l’élève, publier dans un cadre fermé et institutionnel, et poursuivre un objectif éducatif clair.
Il a par ailleurs dénoncé une autre dérive : celle des élèves qui filment leurs enseignants à leur insu et diffusent les images sur les réseaux sociaux à des fins de moquerie. Selon lui, cette pratique mine gravement les valeurs éducatives, et doit être encadrée par des sanctions claires. Il a conclu en affirmant que « les lois existent bel et bien, mais qu’il reste à les appliquer concrètement sur le terrain ».
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