Hommage aux volontaires de la route du Cap Aokas : Quand l’amour d’un lieu devient un devoir
Il y a des routes qui sont plus que de simples voies de circulation. La route du Cap Aokas est de celles-là. Suspendue entre ciel et mer, elle est le balcon de la Méditerranée, l’âme même d’Aokas. Mais au printemps 2015, cette perle était ternie par des tonnes de déchets, des montagnes de bouteilles et […]

Il y a des routes qui sont plus que de simples voies de circulation. La route du Cap Aokas est de celles-là. Suspendue entre ciel et mer, elle est le balcon de la Méditerranée, l’âme même d’Aokas. Mais au printemps 2015, cette perle était ternie par des tonnes de déchets, des montagnes de bouteilles et de canettes qui défiguraient son charme. C’est alors qu’une poignée de citoyens a décidé de ne plus détourner le regard.
Le 15 mai 2015, à l’appel des citoyens de la région, les premiers volontaires se sont élancés, sacs à la main, pour rendre à cette route son éclat. Ils
n’avaient ni gros moyens, ni appuis institutionnels au départ, seulement la conviction que cette beauté méritait d’être sauvée. Semaine après semaine, chaque vendredi, ils sont revenus. Les rangs se sont étoffés : des jeunes, des femmes, des pères de famille, parfois même le maire et ses adjoints. Les gestes étaient simples mais porteurs d’un message immense : ramasser, trier, sensibiliser, et surtout montrer l’exemple. Au fil des semaines, plusieurs tonnes de déchets ont été collectés. Des âmes charitables apportaient de l’eau, des sandwichs, un mot de soutien. Les discussions sur le bord de la route mêlaient espoir et lucidité : il fallait installer des bacs, prévoir une collecte régulière, éduquer les usagers. Car derrière l’effort physique, c’était un combat culturel, celui d’une prise de conscience collective.
Cette mobilisation n’a pas seulement nettoyé un tronçon de route : elle a marqué l’histoire locale. Elle a montré qu’Aokas n’était pas condamnée à subir, que ses habitants pouvaient, par la force de leur volonté, inverser la tendance. Des années plus tard, un investisseur local a repris le flambeau et poursuivi l’entretien, au grand bonheur des amoureux du Cap. Mais rien de tout cela n’aurait été possible sans la première étincelle, celle allumée par ces bénévoles anonymes.
Aujourd’hui, il est de notre devoir de retenir leurs noms, leurs visages, leurs gestes. Que l’histoire n’oublie pas que, face à la laideur et à l’indifférence, ils ont opposé la beauté et l’engagement. Que chaque virage du Cap Aokas, chaque souffle d’air marin qui s’y respire, porte en lui un peu de leur courage.
Car l’âme d’un lieu ne se préserve pas par décret : elle se sauve par les mains de ceux qui l’aiment.
Hafit Zaouche