Huit femmes meurent en accouchant : Un drame sanitaire fait scandale au Maroc
Elles voulaient donner la vie elles y ont laissé la leur. . Un drame humain d’une ampleur choquante secoue le Maroc et met en lumière les carences critiques de son système de santé. Le décès de huit femmes enceintes en août dernier, sur les tables d’opération de l’hôpital Hassan II d’Agadir, a déclenché une vague […]

Elles voulaient donner la vie elles y ont laissé la leur. . Un drame humain d’une ampleur choquante secoue le Maroc et met en lumière les carences critiques de son système de santé. Le décès de huit femmes enceintes en août dernier, sur les tables d’opération de l’hôpital Hassan II d’Agadir, a déclenché une vague de colère populaire sans précédent, forçant le gouvernement à une réaction d’urgence. Plus qu’un simple fait divers, cette tragédie est devenue le symbole d’un secteur sanitaire en état de délabrement avancé.
La colère gronde à Agadir
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est ainsi que les citoyens d’Agadir décrivent le décès de huit parturientes en l’espace d’une seule semaine au mois d’août, toutes lors d’accouchements par césarienne. Ce drame a transformé le chagrin en une puissante indignation collective. Face à des services d’urgence saturés, des pénuries chroniques de matériel et un sentiment général de négligence, la population locale est descendue dans la rue pour exprimer son ras-le-bol.
Dimanche 14 septembre, un nouveau sit-in de protestation a rassemblé des centaines de citoyens et de représentants de la société civile devant le centre hospitalier régional (CHR) Hassan II. Les manifestants, répondant à des « appels répétés de la population du Grand Agadir », ont dénoncé une situation devenue intenable. Selon des informations rapportées par les médias, les protestataires ont fustigé la dégradation des services, la surpopulation, les retards inacceptables des rendez-vous médicaux, mais surtout ce qu’ils qualifient de « négligence ayant causé des décès qui auraient pu être évités ».
La piste d’un anesthésiant défectueux
Au cœur de la colère, une suspicion terrifiante alimente les conversations et les revendications. S’exprimant lors du rassemblement, une figure de la société civile locale a évoqué une piste qui, si elle était avérée, relèverait du scandale d’État. « Il y a des soupçons sur un lot d’anesthésiant qui n’a pas respecté la chaîne du froid », a-t-il déclaré. « Pour compenser son inefficacité, on aurait augmenté les dosages et elles en sont mortes ». Cette hypothèse glaçante a agi comme une étincelle, transformant l’inquiétude en une exigence de transparence et de justice.
Des sanctions pour calmer la rue
Face à l’ampleur de la crise, qualifiée par la presse marocaine de « crise sanitaire à Agadir », le pouvoir central a dû réagir. Ce mardi 16 septembre, le ministre de la Santé, Amine Tehraoui, accompagné du secrétaire général de son ministère, s’est déplacé en urgence à l’hôpital Hassan II.
Confronté à la réalité du terrain et à la pression populaire, le ministre a reconnu la gravité de la situation. « Nous sommes solidaires avec les citoyens d’Agadir pour les grandes souffrances qu’ils vivent », a-t-il affirmé, avant d’admettre que « les dysfonctionnements constatés de visu sont le résultat d’accumulations de problèmes qui n’ont pas été réglés depuis plusieurs années ».
Cet aveu d’échec, bien que tardif, a été immédiatement suivi d’annonces visant à apaiser la tension. Dans un geste spectaculaire, le ministre Amine Tehraoui a annoncé le limogeage de trois hauts responsables : le directeur de l’hôpital Hassan II, la directrice régionale de la Santé et le délégué provincial de la Santé à Agadir.
Alors que des enquêtes administratives et judiciaires ont été lancées pour déterminer les causes exactes des décès, cette tragédie pose une question fondamentale sur les priorités du gouvernement marocain. Pour les familles des victimes et les milliers de citoyens mobilisés, la mort de ces huit femmes n’est pas une fatalité, mais le résultat direct d’un système qui a failli à sa mission la plus essentielle : protéger la vie. La crise d’Agadir restera une cicatrice profonde et un puissant rappel que la santé des citoyens ne peut être la variable d’ajustement des politiques publiques du Makhzen.