Hypothèses

Après le limogeage de Nadir Larbaoui, dont les prémices étaient déjà visibles, notamment durant la tragédie d’El Harrach où son absence avait donné lieu à des spéculations sans fin, Abdelmadjid Tebboune a procédé à son remplacement à titre intérimaire par Sifi Ghrieb, actuel ministre de l’Industrie. Constitutionnellement, la procédure ne souffrait d’aucune réserve et ne devrait soulever en conséquence aucune critique de la part des observateurs de la scène politique algérienne. Le chef de l’Etat n’a fait qu’exercer ses prérogatives constitutionnelles. De fait, Sifi Ghrieb se retrouve dans une situation, qui le met face à une obligation majeure : diriger un gouvernement qu’il n’avait pas proposé. S’agit-il d’un cas de jurisprudence imposé par des circonstances politiques et sociales d’une extrême importance ? A moins d’un mois de la rentrée sociale, les Algériens s’interrogent sur la durée que va prendre l’intérim. Une telle situation n’est-elle pas susceptible d’offrir à certains cercles l’occasion de tirer des conclusions dictées par des agendas dont le contenu a toujours été hostile à l’Algérie ? A ce niveau, les craintes soulevées par l’opinion publique paraissent légitimes. La notion d’intérim, quelque soient les motifs exceptionnels qui l’ont imposée, fait souvent référence à une certaine instabilité, au moment où le pays se trouve dans une phase sensible sur le plan économique. Abdelmadjid Tebboune va-t-il donc confirmer Sifi Ghrieb dans son nouveau poste, en obstruant ainsi toutes les issues menant aux spéculations purement politiciennes ? Il s’agit d’une option, même si les observateurs la créditent de peu de chance pour qu’elle soit mise en œuvre. Une autre hypothèse se présente : Sifi Ghrieb serait confirmé dans les fonctions de Premier ministre et dans ce cas, ce sont les membres du gouvernement qui vont partir, ouvrant la voie à la formation d’un nouvel Exécutif. « Nous avons beaucoup de travail devant nous, notamment avec la rentrée sociale », a déclaré Sifi Ghrieb à l’issue de sa désignation pour l’intérim. Il avait même promis de « travailler sans relâche à la concrétisation du programme du président de la République et de l’ensemble des projets qui apporteront un véritable plus à l’économie nationale ». Dans tous les cas de figure, même si un nouveau Premier ministre est désigné, l’obligation de rassurer l’opinion publique ainsi que les partenaires étrangers devrait guider toutes les démarches.

Par Mohamed M

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