La France dans l’impasse
La France s’enfonce dans une crise politique et institutionnelle sans précédent sous la Ve République. La démission-éclair du Premier ministre Sébastien Lecornu, à peine deux heures après la présentation de son gouvernement, a achevé de plonger le pays dans un chaos dont l’issue est plus incertaine que jamais. Isolé, le président Emmanuel Macron se retrouve […]

La France s’enfonce dans une crise politique et institutionnelle sans précédent sous la Ve République.
La démission-éclair du Premier ministre Sébastien Lecornu, à peine deux heures après la présentation de son gouvernement, a achevé de plonger le pays dans un chaos dont l’issue est plus incertaine que jamais.
Isolé, le président Emmanuel Macron se retrouve sans levier face à des oppositions qui réclament unanimement sa démission.
Paris – La journée du 6 octobre restera dans les annales comme celle où la crise politique française a basculé dans le théâtre de l’absurde.
Ce qui devait être une tentative de sortie de crise par le haut s’est transformé en un fiasco historique. En nommant Sébastien Lecornu à Matignon, Emmanuel Macron espérait trouver un homme capable de bâtir un pont entre la droite et son camp.
L’échec fut aussi rapide que spectaculaire.
Avec la démission de son gouvernement en seulement deux heures, M. Lecornu est devenu le Premier ministre le plus éphémère de l’histoire de la Ve République, pulvérisant tous les records d’instabilité.
La cause immédiate de cette implosion : le refus public et cinglant de Bruno Le Maire, figure de poids de la majorité, d’accepter le portefeuille des Armées.
Ce renoncement a agi comme le détonateur, exposant au grand jour l’impossibilité pour le président de constituer une équipe gouvernementale viable et acceptée par ses propres troupes.
Cet épisode n’est que le symptôme d’une maladie bien plus profonde. Il s’agit du troisième Premier ministre à échouer en à peine quatorze mois, une séquence qui témoigne de la paralysie totale de l’exécutif depuis les élections législatives de 2022, qui ont privé le président de sa majorité absolue à l’Assemblée Nationale.
Le gouvernement est (encore) tombé, et avec lui, les derniers espoirs d’une accalmie politique.
Jamais le président français n’a paru si isolé. Sans carte à jouer, Emmanuel Macron fait face à un front uni d’oppositions qui ne lui laissent aucun répit.
De l’extrême droite du Rassemblement National à la gauche radicale de La France Insoumise, en passant par la droite des Républicains, le mot d’ordre est le même : démission du président et dissolution de l’Assemblée Nationale.
Les couloirs du Palais Bourbon résonnent d’appels à un retour aux urnes, considéré comme la seule voie pour sortir de l’impasse.
Cette instabilité politique chronique a des conséquences désastreuses et immédiates. Alors que le pays est confronté à une situation économique et sociale tendue, aucune réforme structurelle ne peut être menée.
Une chose est certaine : les problèmes financiers du pays, notamment le fardeau de la dette et le déficit budgétaire, resteront et vont empirer. La confiance des marchés financiers, déjà ébranlée, risque de s’effondrer, menaçant la stabilité économique de la deuxième puissance de la zone euro. Qui peut gouverner et voter un budget dans un tel chaos ? La question reste sans réponse.
La crise est désormais institutionnelle. Le système de la Ve République, conçu autour d’un président fort et d’une majorité parlementaire stable, est grippé. Emmanuel Macron est pris au piège de la constitution qu’il est censé garantir.
Une dissolution serait un pari extrêmement risqué, qui pourrait offrir une majorité absolue à ses opposants et le contraindre à une cohabitation humiliante, voire à la démission.
La France, dans la tourmente, s’enfonce de plus en plus politiquement, offrant au monde l’image d’une grande puissance ingouvernable.
Aucune issue claire ne se dessine à court terme. Le mandat présidentiel court jusqu’en 2027, mais chaque jour qui passe semble rendre la poursuite de ce quinquennat plus improbable.
La question n’est plus de savoir comment Emmanuel Macron va gouverner, mais s’il le peut encore.