La Syrie sans défense devant les convoitises d’Israël
C’est demain dimanche, qu’on sera à une semaine de la chute du régime de Bachar el Assad. C’est dire si cet événement majeur est bien trop récent pour qu’il soit possible d’en comprendre les tenants, et moins encore les aboutissants, parmi lesquels sans doute des développements futurs qui n’auront été dans les calculs de personne. […]
C’est demain dimanche, qu’on sera à une semaine de la chute du régime de Bachar el Assad. C’est dire si cet événement majeur est bien trop récent pour qu’il soit possible d’en comprendre les tenants, et moins encore les aboutissants, parmi lesquels sans doute des développements futurs qui n’auront été dans les calculs de personne. On n’est encore trop près de l’événement pour l’embrasser du regard. En fait, on ne s’explique même pas ce qui a pu se produire en Syrie pour que son régime tombe aussi vite, et sous l’effet d’une simple chiquenaude donnée par une opposition dominée par les islamistes, jusque-là confinée sous bonne garde dans une seule région du pays, celle d’Idlib au nord-ouest. On a cru dans un premier temps que cette chute était en réalité une œuvre préparée puis exécutée par la Turquie. On sait maintenant que si elle y a été pour quelque chose, sa contribution a été modeste. Du reste, le régime syrien n’a pas été renversé par une force extérieure, il s’est implosé, il s’est effondré de l’intérieur. Il est probable toutefois que la Turquie n’ait pas été totalement prise au dépourvu, qu’elle ait senti venir la fin de ce régime. Son président avait même essayé de rencontrer Bachar el Assad, encouragé en cela par la Russie, mais ce dernier avait refusé.
On peut être au cœur de l’événement et ne pas le voir prendre forme. Ainsi de Bachar el Assad, qui jusqu’au bout a cru que son armée allait se ressaisir, se battre enfin, briser la marche de l’opposition vers Damas. Cette armée n’a livré aucune bataille. Ou bien elle a reculé à mesure qu’avançaient les «révolutionnaires», ou bien elle s’est disloquée, quand elle n’a pas pactisé avec l’ennemi. Le régime syrien n’est pas tombé, il s’est volatilisé. Certains en sont aujourd’hui à dire qu’il est mort sans qu’une seule balle ait été tirée sur lui. Les tirs ont fini par se produire cependant, dans l’heure suivant la proclamation de sa chute, seulement ils ne provenaient pas des opposants mais d’Israël, qui s’est fait un devoir de ne rien laisser des équipements et de l’infrastructure de l’armée syrienne. Elle ne s’est pas battue ? Qu’à cela ne tienne, elle sera quand même désarmée. Une semaine plus tard, Israël en est encore à la délester de ses armes. Il vient d’annoncer avoir déjà anéanti 90% des missiles d’une armée qui pourtant a rompu ses rangs, et dont la composante humaine a pour ainsi dire disparu dans la nature. Il veut dire qu’il n’a pas encore fini le travail, qu’il lui reste encore 10% à détruire. En une semaine, la Syrie a perdu et son armée et les armes de celle-ci. Si demain Israël décidait d’annexer une part d’elle, ce que du reste il a déjà commencé à faire, ses nouveaux maîtres n’y pourront rien. Ils n’osent même pas condamner Israël pour la façon dont il salue leur conquête du pouvoir. La Syrie est là devant Israël, offerte par eux sur un plateau. Il peut en prendre ce qu’il veut, sous prétexte que cela est nécessaire pour sa sécurité. Les Etats-Unis n’y trouvent à redire, ni personne dans la région. Quant à la Russie, elle est bien trop occupée à garder ses deux bases en Syrie, et du même coup s’épargner l’humiliation d’avoir à les fermer, pour se fendre de la moindre protestation. Seuls les représentants de l’ONU ont trouvé la force de s’indigner.
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