Les Arabes se montrent prêts au bras de fer

Ainsi qu’il était attendu, le sommet arabe extraordinaire du 4 mars a adopté le plan égyptien de reconstruction de Ghaza, exprimé son rejet catégorique du plan de Trump, basé sur la prise de contrôle de Ghaza par les Etats-Unis et sur la déportation de sa population, réitéré le primat de la solution des deux Etats, […]

Mars 5, 2025 - 21:55
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Les Arabes se montrent prêts au bras de fer

Ainsi qu’il était attendu, le sommet arabe extraordinaire du 4 mars a adopté le plan égyptien de reconstruction de Ghaza, exprimé son rejet catégorique du plan de Trump, basé sur la prise de contrôle de Ghaza par les Etats-Unis et sur la déportation de sa population, réitéré le primat de la solution des deux Etats, comme la seule pouvant conduire à une paix durable au Moyen-Orient, dénoncé les violations d’Israël de l’accord de cessez-le-feu, comme son refus d’en poursuivre la mise en œuvre. Lors de sa tenue au Caire, cela faisait déjà plusieurs jours que l’aide humanitaire n’entrait plus dans Ghaza, Israël faisant pression sur la résistance palestinienne par ce biais pour l’amener à renégocier l’accord en trois phases déjà conclu à Doha, avec pour préalable la libération de la moitié des otages israéliens encore vivants. Israël et les Etats-Unis ne veulent plus entendre parler d’une deuxième étape, mais tout au plus d’une prolongation de la première, sous peine de reprendre la guerre dans le cas d’un refus du Hamas. Dans son discours sur l’état de l’Union, Donald Trump n’a même pas prononcé le mot de cessez-le-feu, alors qu’il n’a pas manqué de réitérer sa détermination de faire libérer tous les otages encore détenus à Ghaza.

Il s’est exprimé à cet égard comme quelqu’un qui ne doit rien à la négociation dans les libérations obtenues pendant les 42 jours de la première phase de l’accord passé avec le Hamas, mais tout à la manière forte, dans un flagrant déni de réalité. Le sommet du Caire a été d’autant plus utile qu’il survient dans des circonstances extrêmement difficiles pour le peuple palestinien comme pour sa cause, peut-être les plus mauvaises qu’il ait connues après la Nekba. Rien n’incite à l’optimisme dans l’immédiat, sinon le fait que le plan de Trump lui non plus n’est pas réalisable. Il ne le sera pas aussi longtemps que les pays arabes de la région s’opposeront à la déportation à l’intérieur de leurs frontières de la population de Ghaza. Mais le leur non plus ne le sera pas tant qu’Israël et les Etats-Unis n’en voudront pas, ce qui justement est le cas aujourd’hui. La transformation de Ghaza en Riviera du Moyen-Orient ne peut commencer qu’à partir du moment où ce territoire palestinien est vidé de sa population. On peut dire que le sommet du Caire a été organisé non pas tant pour adopter un plan alternatif à celui des Américains et d’Israël que pour que ces derniers comprennent que le leur non plus n’a aucune chance de se concrétiser. Vous refusez notre plan, nous refusons le vôtre. Israéliens et Américains n’ont même pas attendu la tenue du sommet extraordinaire pour revenir à l’épreuve de force, certains qu’ils étaient de son aboutissement. C’est ainsi qu’ils ont repris le blocage de l’aide humanitaire plusieurs jours avant qu’il ne soit organisé. La libération des otages n’est pas leur véritable motivation, étant donné que pour y parvenir, il leur suffisait de rester dans l’accord déjà conclu, de passer à sa deuxième phase, quitte pour cela à reprendre la guerre une fois libéré le dernier otage. Non, ce que veulent maintenant les Israéliens en premier lieu, c’est autre chose : c’est déporter les Ghazaouis, donner Ghaza aux Etats-Unis, et en échange obtenir leur accord pour l’annexion de la Cisjordanie.