Nouara Idami, artiste chorégraphe : «On a besoin d’une école de chorégraphie»

C’est une femme très ambitieuse, créative mais aussi active. Nouara Idami est une chorégraphe algérienne passionnée par son métier. Directrice d’une école privée d’art, elle travaille depuis des années sur de grands spectacles et ne ménage aucun effort pour aider les jeunes à découvrir et confirmer leur talent dans l’art du spectacle. Elle les fait […]

Déc 1, 2024 - 23:36
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Nouara Idami, artiste chorégraphe : «On a besoin d’une école de chorégraphie»

C’est une femme très ambitieuse, créative mais aussi active. Nouara Idami est une chorégraphe algérienne passionnée par son métier. Directrice d’une école privée d’art, elle travaille depuis des années sur de grands spectacles et ne ménage aucun effort pour aider les jeunes à découvrir et confirmer leur talent dans l’art du spectacle. Elle les fait chanter, danser et même déclamer des poèmes si le spectacle le nécessite. Elle aime lancer de jeunes talents qui ont plusieurs cordes à leur arc. Dans cet entretien, elle partage son parcours et ses ambitions d’artiste chorégraphe.

Propos recueillis par Abla Selles

Le Jour d’Algérie : Vous optez souvent pour la danse contemporaine. Pourquoi ce choix ?

Nouara Idami : Il est vrai que j’aime beaucoup la danse contemporaine, mais toujours en ajoutant des symboles de notre identité nationale comme les tenues ou la musique. Mais si le spectacle nécessite des danses traditionnelles je ne sors pas du thème principal, bien sûr. Pour célébrer le 70e anniversaire de la révolution algérienne, les participants au spectacle «Le prix de la liberté» portaient des tenues algériennes, des accessoires représentant le patrimoine vestimentaire algérien et dansaient sur la musique algérienne. Mais il y avait aussi ceux qui portaient des vêtements européens pour incarner le colonisateur. Dans n’importe quel spectacle, tout est lié : le texte, la musique, les tenues, les accessoires et les danses.

Quel message voulez-vous transmettre à travers vos spectacles ?  
Il est vrai que chaque spectacle est porteur d’un message. Principalement, ce sont des messages humanitaires appelant à la paix, la fraternité et
l’union pour la bonne cause, à l’amour et à l’amour de soi car si on ne s’aime pas on ne peut pas aimer l’autre.  Mes spectacles sont aussi des défis, puisque je travaille avec peu de moyens mais je réussis à mettre en valeur le talent de mon danseur, ses capacités physiques tout en nourrissant son ambition à aller plus loin dans ce domaine qui n’est pas du tout facile. Réussir un défi est une leçon de courage pour mon équipe. Il faut savoir que l’engagement, la passion et la volonté sont mes armes dans tout travail artistique.

Comment voyez-vous l’évolution de la chorégraphie dans notre pays ?
Avant les années quatre-vingt-dix, il y avait une belle dynamique culturelle. Même en pleine décennie noire on a travaillé avec l’Orchestre symphonique dans plusieurs villes du pays. Mais la chorégraphie n’a pas pu évaluer de la manière qu’il faut dans notre pays parce qu’on n’a pas d’école. En Algérie, toutes les disciplines artistiques ont une école sauf la chorégraphie. Et avec cette évolution et ce changement rapide dans le monde entier, on a besoin d’une école de chorégraphie pour encadrer nos jeunes, dont un bon nombre est passionné par cet art.
Ont doit avoir une école pour apprendre les différentes danses traditionnelles, pour encourager la créativité et enrichir la scène culturelle avec des spectacles de haut niveau. J’ai des jeunes dans mon école qui ont commencé à apprendre la danse seuls par internet avant de me rejoindre. Pourquoi ne pas leur ouvrir des écoles pour apprendre des danses algériennes et étrangères, traditionnelles et contemporaines.
Malgré l’absence d’une école, on travaille quand même, et le public assiste ces dernières années à des spectacles de haute facture.

On vous voit, ces dernières années, animer des spectacles de rue. Parlez-nous de cette expérience
Ça c’est très intéressant. Avant, c’était le public qui venait vers nous, mais aujourd’hui même nous on va vers lui à travers des spectacles de rue. «Le prix de la liberté» est le dernier spectacle de rue que j’ai présenté à l’occasion du 70e anniversaire de la révolution algérienne. Il s’est déroulé à la place des Martyrs, où un public nombreux est venu assister à la prestation de nos artistes. Ils étaient nombreux à pleurer, chanter avec nous et à nous applaudir aussi. Ce genre de spectacles est très apprécié par les personnes qui ne sont pas habituées au théâtre et c’est à nous de les pousser à aller vers les salles de spectacles.

Parlez-nous de vos participations aux fêtes nationales ?
J’ai participé avec un travail présenté à la place des Martyrs et ma deuxième participation était dans le spectacle «Thaman el houriya» présenté à l’Opéra d’Alger. «Thaman el houriya» est un travail collectif qui a réuni le ballet et la chorale de l’Opéra. On s’est bien amusé en travaillant ensemble, surtout que la chorale de l’Opéra n’était pas seulement présente pour le chant mais a dansé aussi et incarné des rôles. C’était un travail très particulier sur tous les plans. L’Opéra d’Alger nous a fait confiance et on a travaillé de bon cœur pour célébrer le 70e anniversaire de la révolution algérienne avec un travail à la hauteur de cet évènement historique.

Un dernier mot
Les jeunes doivent se lancer un défi, s’auto-former et tenir à leur rêves. Le travail artistique nécessite des moyens mais on peut réussir avec de l’ambition et de la volonté.
S. A.

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