Pour une fois les Américains ont le dernier mot

  Jusque-là les Américains, tant ceux qui s’apprêtent à quitter le pouvoir que ceux qui se préparent à s’en saisir, se montrent confiants dans l’application par Israël de l’accord passé avec le Hamas, ou du moins dans celle de sa première étape, d’autant plus d’ailleurs que toute crainte n’est pas encore dissipée que le dimanche, […]

Jan 17, 2025 - 20:12
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Pour une fois les Américains ont le dernier mot

 

Jusque-là les Américains, tant ceux qui s’apprêtent à quitter le pouvoir que ceux qui se préparent à s’en saisir, se montrent confiants dans l’application par Israël de l’accord passé avec le Hamas, ou du moins dans celle de sa première étape, d’autant plus d’ailleurs que toute crainte n’est pas encore dissipée que le dimanche, jour fixé pour sa mise en œuvre, arrive, sans qu’il soit encore ratifié par le gouvernement Netanyahou. Deux ministres, toujours les mêmes, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, menacent de se retirer, et par là même de faire tomber le gouvernement, si pour le premier, l’accord n’est pas abandonné purement et simplement, et si pour le deuxième, il n’y a pas engagement écrit de la part du Premier ministre que la guerre reprendra dès la fin de la première étape. Celle-ci est censée durer six semaines, pendant lesquelles est prévue la libération de 33 captifs israéliens contre celle de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens. En théorie, elle devrait être suivie de deux d’égale durée, dont il reste à négocier les termes. L’accord en question ne porte que sur la première étape, celle qui en principe commence demain dimanche, mais qui compte tenu des différends israéliens, peut être décalée d’un ou même de plusieurs jours.

N’était la confiance affichée à cet égard par les deux administrations américaines, c’est-à-dire leur détermination à ne pas dévier de cette voie, c’est probablement ce qui finirait par se produire. Pour la première fois dans cette guerre, commencée il y a 15 mois, ce sont les Américains qui décident et les Israéliens qui exécutent, tout en renâclant et fortement pour certains d’entre eux. Si cela n’avait dépendu que des Israéliens, cet accord n’aurait jamais vu le jour. En cela, donc, la pression des Américains a été décisive. Mais de quels Américains s’agit-il ? Est-ce de ceux qui s’en vont ou de ceux qui arrivent ? Il est clair que tout le mérite en revient à la nouvelle administration. Pour preuve, le fait que l’accord annoncé jeudi dernier à Doha est constitué des mêmes propositions avancées par Joe Biden dès le mois de mai dernier, mais qui alors avaient été repoussées par le gouvernement israélien, contre l’avis d’ailleurs d’une bonne partie de son opinion et malgré la forte mobilisation pour la libération des captifs. Plus significatif encore, à l’origine ces propositions ne sont pas une invention américaine mais une initiative israélienne, d’où d’ailleurs l’assurance dont avait alors fait preuve l’administration Biden sur leur acceptation par Israël. Au bout du compte, ce sont les Palestiniens qui les acceptaient et les Israéliens qui n’en finissaient pas d’inventer des prétextes pour les rejeter. Trump a donc raison de dire aujourd’hui que c’est son élection et elle seule qui en l’espèce a emporté la décision. Il serait en effet extraordinaire que les mésententes israéliennes internes fassent capoter l’accord. Si les Américains disent qu’il entrera en vigueur comme convenu, c’est sûrement qu’ils ont pris leurs précautions pour qu’il en soit ainsi. Cette fois-ci les agitations de Ben-Gvir et de Smotrich, de mêmes que les craintes du lendemain qui sans doute assaillent à nouveau Netanyahou, n’y peuvent rien. Ce ne sont plus des éléments politiques, contribuant comme tels à la définition de l’événement, mais des fièvres personnelles d’autant plus marquées qu’elles sont stériles.