Révision de l’accord d’association avec l’UE : L’Algérie maintient le cap
L’Algérie est entrée dans une phase très active dans la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu la réunion stratégique présidée par Abdelmadjid Tebboune, dont le but est de passer en revue tout ce qui a été concrétisé jusqu’à présent pour renégocier sur des bases solides […] The post Révision de l’accord d’association avec l’UE : L’Algérie maintient le cap first appeared on L'Est Républicain.
L’Algérie est entrée dans une phase très active dans la révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu la réunion stratégique présidée par Abdelmadjid Tebboune, dont le but est de passer en revue tout ce qui a été concrétisé jusqu’à présent pour renégocier sur des bases solides ce lourd héritage de l’ère Bouteflika. Conclu en 2002 et entré en vigueur trois ans plus tard, l’accord Algérie-UE prévoyait le démantèlement tarifaire total et la création d’une zone de libre-échange. Après deux décennies d’application, l’accord n’a pas abouti aux résultats attendus par la partie algérienne. Nos économistes ont tous été d’accord pour constater qu’il n’a pas réellement profité à l’Algérie, que ce soit sur le plan économique ou commercial. Durant 16 ans et selon un bilan établi par ces mêmes économistes, « le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE, premier partenaire du pays, n’a même pas atteint les 14 milliards de dollars, alors que le cumul des importations algériennes auprès de l’UE s’est chiffré à 220 milliards de dollars » ! Pour rappel, Louisa Hanoune est allée jusqu’à demander l’annulation de l’accord, qui selon elle, a fait perdre à l’Algérie 700 milliards de dinars entre 2005 et 2015. « L’Accord d’association rend difficile la protection de la production nationale à cause d’une concurrence déloyale », avait-elle dénoncé, indiquant que les échanges économiques entre les deux parties pour l’année 2009 ont été estimés à 20,5 milliards de dollars pour l’UE et 0,5 milliard de dollars pour l’Algérie. Présidant un Conseil des ministres fin 2021, le président de la République avait pris toutes ses responsabilités, instruisant dans le cadre des concertations avec l’Union européenne de revoir les dispositions de l’accord « clause par clause », en fonction d’une vision souveraine et d’une approche « gagnant-gagnant », en tenant compte de l’intérêt du produit national, en vue de créer un tissu industriel et des postes d’emploi. Abdelmadjid Tebboune n’avait nul besoin de convoquer un collège d’experts pour constater que l’accord n’a pas contribué à faciliter les échanges commerciaux entre les deux parties, et ouvrir des perspectives d’investissements européens en Algérie. En même temps, l’Algérie n’avait pas bénéficié d’un accès privilégié au marché européen, comme le stipulait pourtant le texte. La balance commerciale est ainsi restée largement déséquilibrée au profit de l’Europe, les exportations algériennes hors hydrocarbures demeurant très faibles et les investissements européens directs se sont faits rares. Une révision s’imposait donc, et l’un de ses principaux axes concerne les règles tarifaires appliquées aux importations européennes. « L’Algérie souhaite renégocier les droits de douane pour protéger ses industries locales et éviter une dépendance excessive vis-à-vis des produits européens », ont souligné des économistes. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas manqué de plaider pour la promotion des exportations non pétrolières. « Le gouvernement algérien souhaite également revoir les conditions d’accès des entreprises européennes au marché algérien, afin de favoriser davantage de transferts de technologies et d’investissements productifs. Jusqu’à présent, les retombées économiques concrètes en matière d’investissements directs étrangers (IDE) ont été jugées insuffisantes », a écrit le site d’information ObservAlgérie, dans un article consacré au sujet. Il est à rappeler qu’en mars 2023, le chef de la diplomatie de l’UE avait annoncé que Bruxelles s’en tenait à l’accord d’association avec l’Algérie : « L’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie est notre pierre angulaire avec un voisin très important. Nous pensons que cet accord contient les éléments nécessaires, qu’ils soient juridiques ou institutionnels, pour atteindre nos objectifs communs, y compris ceux compatibles avec les intérêts des deux parties », avait déclaré Josep Borrell. Tout en s’abstenant de commenter les exigences de l’Algérie concernant la révision de cet accord, il a affirmé que Bruxelles est prête « à écouter des propositions concrètes, selon les règles stipulées dans l’accord et sur la base de ce que l’UE fait déjà avec d’autres partenaires ».
Mohamed Mebarki
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