Présidentielle américaine, la crainte du jour d’après
Par Mohamed Habili Un grand nombre d’Américains, et de non Américains du reste, sont d’avis qu’il existe un grand risque que la violence éclate au lendemain, sinon le jour même, du scrutin présidentiel du 5 novembre. Cette opinion est également celle de leur président sortant Joe Biden qui l’a exprimée au moins à deux reprises, […]
Par Mohamed Habili
Un grand nombre d’Américains, et de non Américains du reste, sont d’avis qu’il existe un grand risque que la violence éclate au lendemain, sinon le jour même, du scrutin présidentiel du 5 novembre. Cette opinion est également celle de leur président sortant Joe Biden qui l’a exprimée au moins à deux reprises, et qui interrogé à cet égard maintenant, si près du moment de vérité, probablement ne se dédirait pas, au vu notamment du ton violent qui a marqué la campagne dès son commencement, il y a de cela des mois, et qui depuis n’a fait que monter en puissance. On retiendra de cette exacerbation ce qu’a dit dernièrement le candidat républicain parlant de Liz Cheney, la fille de Dick Cheney, un va-t-en guerre bien connu, disant d’elle que sa vraie place était devant un peloton d’exécution. Liz Cheney, à vrai dire, est plus coupable aux yeux des républicains, son camp naturel, d’être en quelque sorte passée à l’ennemi que d’être la fille de celui qui avec d’autres avait à l’époque détruit l’Irak. Pourtant, s’il faut se repérer sur le climat qui règne actuellement aux Etats-Unis, on n’a pas l’impression que ce pays est à la veille d’une guerre civile, bien qu’il soit loin d’être serein.
Il y a bien eu ici ou là l’apparition de signes annonciateurs de troubles, mais qui peuvent être mis sur le compte d’une campagne particulièrement vive, due pour l’essentiel à la polarisation politique à l’œuvre dans ce pays depuis des années, en somme sur quelque chose qui augure d’une forte participation plutôt que d’un déferlement de violence. Aux Etats-Unis se déroule depuis 2016 une guerre civile à blanc, déclenchée par les démocrates qui avait cherché par différents moyens à délégitimer l‘élection de Trump. On peut dire que tout le reste en a découlé de source, et d’abord le refus des républicains de reconnaître l’élection de Joe Biden, imputée par eux à la fraude. Mais à la différence des démocrates qui ont contesté l’élection de Trump mais seulement au travers de médias, de déclarations et de pseudo-révélations, les républicains eux, ou plus exactement un certain nombre d’entre eux, ont pris d’assaut le Capitole le jour même où devait être validée l’élection de Biden. C’est à des scènes de ce genre que pensent ceux qui s’attendent à des troubles, non pas tant d’ailleurs le 5 novembre que le jour d’après. De là notamment le renforcement du dispositif de sécurité à Washington aux abords de la Maison-Blanche. Craindre la reproduction du 6 janvier 2021, c’est se montrer certain d’une nouvelle victoire des démocrates, c’est-à-dire à une deuxième défaite de Trump. Les sondages en question, pas fiables pour un sou, soit dit en passant, attribuent la crainte d’une explosion de violence à une proportion bien plus grande de démocrates, ce qui du même coup implique que ceux-ci dans leur ensemble sont confiants quant à l’issue finale de l’élection. Si violence il y a au bout du compte, elle serait le fait des perdants, c’est-à-dire de Trump et de ses supporters. L’autre grand motif de crainte tient au fait que comme en 2020, l’annonce du résultat se fera en deux étapes, une première relative au comptage des voix exprimées par des votants qui se sont rendus aux urnes, et une deuxième où sera ajouté au premier le comptage des bulletins arrivés par voie postale. La préférence des républicains est pour le premier mode, et celle des démocrates pour le second. Les démocrates pensent que Trump fera ce qu’il a fait lors de la présidentielle 2020, c’est-à-dire qu’il annoncera sa victoire avant que l’ensemble des bulletins ne soient dépouillés. Et qu’ensuite il ne voudra pas en démordre.
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