Proportionnelle
Cela fait des décennies que la question de la proportionnelle pour les élections législatives revient régulièrement dans l’actualité en France. Pendant longtemps le plus fervent champion de ce changement étant le Rassemblement National, qui était l’un des partis à pâtir le plus du système majoritaire actuel. Toutefois, des personnalités politiques issues d’autres mouvements sont connues […]

Cela fait des décennies que la question de la proportionnelle pour les élections législatives revient régulièrement dans l’actualité en France. Pendant longtemps le plus fervent champion de ce changement étant le Rassemblement National, qui était l’un des partis à pâtir le plus du système majoritaire actuel. Toutefois, des personnalités politiques issues d’autres mouvements sont connues pour défendre le passage à la proportionnelle, à l’instar de l’actuel Premier ministre français. Mais la proportionnelle a encore de nombreux opposants sur l’échiquier politique. Édouard Philippe s’est ainsi dit jeudi « défavorable » à l’instauration de la proportionnelle aux élections législatives, comme le souhaiterait François Bayrou. « Le scrutin proportionnel a plus de chance de perpétuer ce que nous voyons aujourd’hui, c’est-à-dire une absence de majorité », a souligné l’ancien premier ministre et candidat déclaré à l’élection présidentielle, à l’issue d’un entretien avec le premier ministre à ce sujet. « Nous considérons que cette absence de majorité rend difficile, voire impossible, une action résolue dont notre pays a pourtant besoin », a ajouté le président d’Horizons, affirmant que « nous ne pouvons pas accepter un régime qui est pour l’essentiel un régime de l’inaction ». En outre, « le scrutin proportionnel tend mécaniquement à éloigner, à distendre, le lien entre l’électeur et le député », a fait valoir le maire du Havre. La question du cumul des mandats n’a pas été abordée lors de l’échange, d’après Édouard Philippe, qui avait précédemment dit qu’il pourrait soutenir la proportionnelle s’il était de nouveau permis de cumuler un mandat parlementaire et un mandat exécutif local. Également reçu jeudi à Matignon, Fabien Roussel a jugé que l’instauration de la proportionnelle n’était « pas la priorité » des Français d’abord préoccupés, selon lui, par leur « pouvoir d’achat ». « La question des factures de gaz et d’électricité, de l’alimentation, c’est ce qu’ils nous disent tous les jours », a affirmé le secrétaire national du PCF, à l’issue d’un entretien avec le premier ministre qualifié de « direct » et « franc ». Le maire de Saint-Amand-les-Eaux a jugé « un peu vague » le projet de François Bayrou, qui défend une proportionnelle intégrale par département, comme lors des élections législatives de 1986. La chef de file des sénateurs communistes Cécile Cukierman a fait part de sa crainte que ce type de proportionnelle « vienne finalement renforcer le fait majoritaire et présidentiel plutôt que développer le pluralisme ». Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle. Il a indiqué jeudi aux représentants d’Horizons « sa volonté de soumettre » un projet de loi sur le modèle de 1986 qui pourrait être examiné à l’automne. Mais le premier ministre n’est pas assuré d’avoir le soutien des macronistes qui considèrent désormais le mode de scrutin majoritaire actuel comme « le moins pire ». À droite, Les Républicains sont fermement opposés à la proportionnelle. Leur nouveau président Bruno Retailleau doit être reçu à ce sujet la semaine prochaine. Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986. La France Insoumise défend une proportionnelle « à un échelon régional », tandis que le Parti socialiste, divisé, n’a pas encore arrêté de position. Et s’il est certainement vrai que les Français sont inquiets en ce moment de voir leur pouvoir d’achats diminuer et leurs factures augmenter, cela n’empêche pas les pouvoirs publics de faire de leur mieux pour faire en sorte que leurs votes et donc leurs voix soient mieux écouté. Qu’ils soient issus de la droite nationaliste ou de la gauche anti-capitaliste, les députés siégeant à l’Assemblée Nationale, votant les futures lois du pays, devant représenter le plus fidèlement les électeurs et leurs intérêts. Mais il est à craindre que ces consultations n’aboutissent nulle part, la question des proportionnelles revenant avant chaque élection pour être finalement mise de côté.