Renversement
François Hollande, qui est sortie par la petite porte en 2017, après un mandat à la tête de la France pour le moins semé de polémiques, de frondes et de ratés, semble penser qu’il a aujourd’hui une chance de retrouver le chemin de l’Élysée. Peut-être que le retour improbable de Donald Trump à la tête […]
François Hollande, qui est sortie par la petite porte en 2017, après un mandat à la tête de la France pour le moins semé de polémiques, de frondes et de ratés, semble penser qu’il a aujourd’hui une chance de retrouver le chemin de l’Élysée. Peut-être que le retour improbable de Donald Trump à la tête des États-Unis lui a-t-il insufflé l’espoir de pouvoir redevenir président. Mais au vu de sa popularité cela reste très improbable, surtout que personne dans la classe politique française ne souhaite faire de lui le prochain chef de l’État. Mais Hollande souhaite tout de même continuer à peser sur la politique de son pays, ce qui l’a peut-être poussé la semaine dernière à voter pour le renversement de Michel Barnier et de son gouvernement. Le député PS de Corrèze revient plus en détail sur les raisons qui l’ont poussé à sanctionner le Premier ministre, dorénavant démissionnaire. Malgré son statut d’ancien président de la République (2012-2017), le socialiste confie auprès du Parisien «ne pas regretter» d’avoir voté un texte de rejet contre le gouvernement aux côtés de la gauche et avec le Rassemblement National, au risque d’alimenter encore plus l’instabilité politique au sommet de l’État après une année 2024 bien chargée en la matière. Peu importe pour Hollande, qui juge que la motion de censure «portait à la fois sur les conditions de la nomination» de Michel Barnier en septembre, désigné grâce à l’alliance nouée entre les macronistes et la droite pour barrer la route du pouvoir au Nouveau Front Populaire, et «sur le fond» du budget de la Sécu, qui n’était «pas acceptable». Un texte financier d’autant plus difficile à digérer qu’«aucun amendement significatif venant des socialistes n’avait été accepté dans la discussion parlementaire», persifle encore l’ex-chef de l’État. L’ancien négociateur en chef du Brexit a beau être selon lui «un homme éminemment respectable», il «rendait son gouvernement dépendant du RN» par son refus de se tourner vers la gauche. Malgré le trouble qui a saisi l’opinion à quelques jours des fêtes de fin d’année, François Hollande
s’enorgueillit que cette crise «ait accéléré un processus politique», en «obligeant Emmanuel Macron à admettre qu’il ne fallait pas qu’il se mette dans la main du RN et conduisant tous les acteurs à se mettre dans une position de responsabilité». Certes, le Corrézien reconnaît que la motion «est toujours une décision lourde». Mais elle a, d’après lui, «clarifié la situation politique» et fait bouger les lignes dans tous les blocs. Alors que Marine Le Pen a fini par appuyer sur le bouton de la censure, l’ancien président considère que la chef de file des députés RN «a été victime de sa propre décision». «Elle prétendait tirer les dividendes d’une respectabilité et d’un dialogue avec le gouvernement. En le censurant, elle a tout perdu», cingle-t-il, avant de se réjouir de la «liberté reprise» par les socialistes face à un Jean-Luc Mélenchon qui est apparu pour ce qu’il est : un éternel candidat déterminé à empêcher. Mais pour Hollande, la censure historique du gouvernement Barnier, la première depuis 62 ans, est également une opportunité pour humilier Emmanuel Macron qui lui a «volé» la présidentielle en 2017 après qu’il l’ait nommé, lui, le banquier anonyme, au poste de ministre de l’Économie. Reste à voir si ce vote portera chance à Hollande en lui permettant d’étoffer son réseau en vue de la présidentielle de 2027, ou si, quoiqu’il arrive, il ne sera plus jamais président de la République.
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