Respect

Il y a encore quinze ans, Jimmy Carter, ancien président démocrate américain, était considéré par la classe politique aux États-Unis comme l’une des figures les plus emblématiques catégorisées «anti-Israël». Le livre qu’il a publié en 2007, «Palestine : la paix, pas l’apartheid», avait en effet provoqué une vague de protestation dans la classe politique américaine, […]

Déc 30, 2024 - 22:22
 0
Respect

Il y a encore quinze ans, Jimmy Carter, ancien président démocrate américain, était considéré par la classe politique aux États-Unis comme l’une des figures les plus emblématiques catégorisées «anti-Israël». Le livre qu’il a publié en 2007,
«Palestine : la paix, pas l’apartheid», avait en effet provoqué une vague de protestation dans la classe politique américaine, qui
n’avait alors pas hésité à traité l’ex-dirigeant comme un antisémite consommé. Pourtant, son livre se voulait équilibré et n’attaquait pas l’État hébreu directement, mais parlait surtout de l’état de délabrement dans lequel se trouvait la population palestinienne. Mais de nombreuses personnalités politiques, républicaines comme démocrates, ainsi que de nombreuses personnalités publiques, s’étaient insurgées contre ce livre et avaient surtout, sans surprise, critiqué l’utilisation du terme «apartheid». Un terme encore tabou à cette époque pour évoquer le sort des Palestiniens. Pourtant, l’ancien président était bien connu pour ses positions pacifistes, lui qui avait été à l’origine de la signature des accords de paix entre Israël et l’Égypte à Camp David en 1979 et qui, pour ses multiples efforts pour promouvoir dans la région, a reçu le prix Nobel de la Paix en 2002 pour «ses décennies d’efforts infatigables afin de trouver des solutions pacifiques à des conflits internationaux». Aujourd’hui toutefois, les choses ont bien changé et les nombreux militants américains qui militent pour la fin de la guerre au Proche-Orient rendent hommage à l’ancien président après son décès dimanche à l’âge de 100 ans dans sa ville natale de Géorgie, dans le sud-est des États-Unis. Le président sortant Joe Biden a décrété une journée de deuil national le 9 janvier en l’honneur du démocrate, salué par de nombreux dirigeants étrangers pour son engagement en faveur de la paix et des droits humains bien au-delà de son unique mandat (1977-1981). Tous les anciens présidents américains qui lui ont succédé se sont empressés de saluer la longue existence de celui que rien ne destinait à être président et qui était l’ancien locataire de la Maison-Blanche le plus âgé. Le milliardaire républicain Donald Trump, qui fera son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier, a fait part de son «plus grand respect» pour Jimmy Carter qui «a travaillé dur pour que l’Amérique soit meilleure». Il fut «un homme remarquable», selon le démocrate Barack Obama, et «a œuvré sans relâche pour un monde meilleur et plus juste», a renchéri le démocrate Bill Clinton. Ce qu’il a accompli «inspirera des générations d’Américains», a salué le républicain George W. Bush. Président d’un seul mandat, il fut le premier chef d’État américain à reconnaître la République populaire de Chine. Le président chinois Xi Jinping s’est dit hier «profondément attristé» par la disparition de celui qui a «contribué de façon significative à faire avancer les relations entre la Chine et les États-Unis et encourager des échanges amicaux et la coopération entre les deux pays». Du président Carter, le monde se souviendra de «sa solidarité avec les plus vulnérables, sa grâce constante et sa foi inébranlable dans le bien commun et notre humanité commune», a déclaré, hier, le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Devant la Maison-Blanche dimanche soir, des Américains ont exprimé leur émotion, à l’instar de Yoni Neirman, venue du Vermont (nord-est) pour qui Carter «fut un vrai homme d’État, ce genre de personnalité qui ne semble plus exister». L’opinion publique américaine qui a considérablement changé de positions ces dernières années sur le conflit au Proche-Orient, a ainsi réhabilité l’ancien dirigeant et forcé la main de la classe politique qui n’hésitait pas, il y a encore une dizaine d’années, à conspuer l’ex-président démocrate, l’accusant d’antisémitisme car voulant défendre le sort des Palestiniens.
F. M.

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow