Télévision algérienne: Diffusion du film inspiré de l’enlèvement et de l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka

Le long métrage «L’Attentat», du réalisateur français Yves Boisset, a été diffusé vendredi soir sur les différentes chaînes de la Télévision algérienne, rappelant l’enlèvement et l’assassinat de l’opposant politique marocain et symbole révolutionnaire, Mehdi Ben Barka, dans les années soixante par le régime du Makhzen. Par Racim C. Ce film politique, produit en 1972, raconte […]

Juin 22, 2025 - 23:39
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Télévision algérienne: Diffusion du film inspiré de l’enlèvement et de l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka

Le long métrage «L’Attentat», du réalisateur français Yves Boisset, a été diffusé vendredi soir sur les différentes chaînes de la Télévision algérienne, rappelant l’enlèvement et l’assassinat de l’opposant politique marocain et symbole révolutionnaire, Mehdi Ben Barka, dans les années soixante par le régime du Makhzen.


Par Racim C.

Ce film politique, produit en 1972, raconte une histoire dont les événements sont tirés de l’opération d’enlèvement et d’assassinat de l’opposant, militant politique et défenseur des droits humains marocain, Mehdi Ben Barka, sur le territoire français, le 29 octobre 1965, par le régime du Makhzen et ses appareils répressifs, durant la période du règne de Hassan II. Les événements de cette œuvre, d’une durée de 120 minutes, reviennent sur l’histoire de l’enlèvement et de l’assassinat de cet illustre opposant politique ayant une grande influence parmi les citoyens de son pays, nommé «Sadiel», qui incarne le personnage de Mehdi Ben Barka. Il vit à Genève, en Suisse, en tant que réfugié après avoir fui le régime répressif de son pays, poursuivant depuis l’exil, sa lutte politique pour la liberté, la justice et la démocratie dans son pays. Afin de se débarrasser de «Sadiel», le gouvernement criminel planifie son assassinat, mais en coopération avec des agences de renseignements étrangères, dont celle des services de renseignement français, qui vont le faire venir à Paris pour des raisons diplomatiques et accomplir leur sale besogne. Les services de renseignement français vont alors utiliser un vieil ami de «Sadiel», un militant de gauche français nommé «François Darrien», qui va l’attirer à Paris, prétextant un entretien télévisé international. A Paris, «Sadiel» est enlevé et emmené dans une villa luxueuse en banlieue, qui ressemble aux villas de chefs de gang dans les films hollywoodiens, gardée par des hommes armés. Le colonel «Kassar», qui incarne le personnage du ministre de l’Intérieur marocain de l’époque, le général Mohamed Oufkir, arrive rapidement et interroge lui-même «Sadiel», avant de le torturer puis l’assassiner. «François Darrien» et d’autres ont également été éliminés car ils en savaient trop sur cette élimination. Le film, intitulé «L’Attentat», a explicitement critiqué le Maroc, le décrivant comme un Etat répressif et criminel qui élimine ses opposants à l’étranger de manière barbare et en coopération avec des agences de renseignement étrangères. Cette œuvre cinématographique a également été considérée comme une critique explicite du régime français de l’époque (période de de Gaulle). Des sociétés de production de France, d’Italie et d’Allemagne de l’Ouest de l’époque ont participé à la production de ce film, caractérisé par ses scènes sombres qui symbolisent le monde du crime et des assassinats, soutenu par une bande son, composée par le célèbre compositeur, l’Italien Ennio Morricone, une musique qui restitue les atmosphères mafieuses, criminelles et macabres. Une élite d’acteurs de France et d’Italie a participé à cette œuvre, dont l’acteur italien Gian Maria Volonté dans le rôle de «Sadiel», l’acteur français Jean-Louis Trintignant dans le rôle de «François Darrien», ainsi que ses compatriotes, Michel Piccoli dans le rôle du colonel «Kassar», Philippe Noiret et d’autres. L’équipe du film a rencontré de grandes difficultés lors du tournage à l’époque en raison de ses contenus compromettants et des orientations politiques de gauche de son réalisateur Yves Boisset (1939-2025), opposé au régime de de Gaulle. Cependant, l’œuvre a connu un grand succès international et a remporté à ce titre le Prix d’Argent (Prix de la meilleure réalisation) lors de la huitième édition du Festival international du film de Moscou en Russie, en 1972. Opposant socialiste de grande renommée au régime marocain, Mehdi Ben Barka (1920-1965) s’était distingué dans les années 1950 par son activité politique libératrice intense, avant de fuir son pays par peur d’être assassiné, un jugement par contumace à la peine de mort ayant été prononcé contre lui en 1963. Le défunt était également connu, surtout dans les années soixante, pour avoir dirigé le mouvement de soutien au Tiers Monde et à l’Afrique, et pour ses positions internationales anti-impérialistes occidentales et anti-sionistes, ce qui a également fait de lui une cible potentielle. Mehdi Ben Barka fut lâchement assassiné à Paris le 29 octobre 1965, devenant aujourd’hui un symbole de liberté et de dignité dans son pays et un symbole également des figures de la lutte contre le sionisme.

R. C.