Tensions en Méditerranée : Un eurodéputé espagnol défie le Maroc sur un îlot souverain
Par un coup d’éclat soigneusement mis en scène, le politicien Alvise Pérez, fraîchement élu au Parlement européen, cherche à raviver les braises nationalistes en plantant un drapeau espagnol face aux côtes marocaines, testant les limites de la relation déjà complexe entre Madrid et Rabat. La scène s’est déroulée ce week-end dans les eaux sensibles qui […]

Par un coup d’éclat soigneusement mis en scène, le politicien Alvise Pérez, fraîchement élu au Parlement européen, cherche à raviver les braises nationalistes en plantant un drapeau espagnol face aux côtes marocaines, testant les limites de la relation déjà complexe entre Madrid et Rabat.
La scène s’est déroulée ce week-end dans les eaux sensibles qui séparent l’Espagne du Maroc.
Alvise Pérez, chef du mouvement « Se Acabó La Fiesta » (« La Fête est Finie »), a revendiqué avoir hissé un immense drapeau espagnol sur l’un des îlots de la baie d’Al Hoceima.
Un acte à haute portée symbolique, visant à la fois à défier l’autorité marocaine et à mettre en difficulté le gouvernement de Pedro Sánchez sur le terrain sensible de la souveraineté nationale.
Dans une série de publications sur le réseau social X (anciennement Twitter), l’eurodéputé a méticuleusement documenté son expédition. On le voit, accompagné de quelques partisans, déployer un pavillon espagnol de quatre mètres sur un rocher désertique, l’un de ces « Plazas de soberanía » (places de souveraineté) que l’Espagne contrôle le long du littoral nord-africain.
Selon ses propres dires, cette action se veut une réponse directe aux « pressions du Maroc ».
Pérez affirme que sur ces territoires, l’affichage des symboles nationaux espagnols aurait été restreint par le passé pour ne pas froisser Rabat, qui, selon lui, « revendique ces îles, ainsi que Ceuta, Melilla et les Canaries, comme partie intégrante de son territoire ».
Pour ajouter au récit une dimension quasi héroïque, il allègue que le « Makhzen » aurait tenté d’entraver son projet.
Il décrit une première tentative nocturne avortée et des « difficultés » pour entrer sur le territoire marocain, d’où il aurait lancé son opération.
il est considéré comme un défenseur intrépide de la patrie face à un voisin menaçant et un gouvernement espagnol jugé trop conciliant.
En choisissant les îlots d’Al Hoceima, il ne frappe pas au hasard. Il réactive le souvenir de la crise de l’îlot Persil (Leïla pour le Maroc) en 2002, qui avait mené les deux pays au bord de la confrontation militaire.
Ces enclaves sont le symbole cristallisé des contentieux territoriaux historiques entre les deux royaumes.
L’objectif de Pérez est double :
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Sur la scène intérieure espagnole : Mettre en accusation le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, qu’il dépeint comme faible face aux revendications marocaines.
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Sur la scène internationale : Jeter de l’huile sur le feu des relations hispano-marocaines. Après une période de réconciliation scellée par le revirement de Madrid sur la question du Sahara Occidental, Pérez tente de saboter cette « lune de miel » en forçant les deux gouvernements à réagir.
Cette action libre place les deux capitales dans une position délicate. Pour Madrid, ignorer l’acte d’un élu de la nation pourrait être interprété comme un aveu de faiblesse.