Tintin: Une version colorisée du «Lotus bleu», un livre sur Tchang et une expo

Le personnage de Tintin commence à être libre de droits, de manière très restreinte, mais l’héritage de son auteur, Hergé, décédé en 1983, reste fructueux, comme en témoigne l’intérêt pour les rééditions des albums. Ainsi, «Le Lotus bleu», l’une des plus célèbres aventures du petit reporter belge, qui se déroule à Shanghai, ressort sous une […]

Jan 14, 2025 - 21:41
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Tintin: Une version colorisée du «Lotus bleu», un livre sur Tchang et une expo

Le personnage de Tintin commence à être libre de droits, de manière très restreinte, mais l’héritage de son auteur, Hergé, décédé en 1983, reste fructueux, comme en témoigne l’intérêt pour les rééditions des albums. Ainsi, «Le Lotus bleu», l’une des plus célèbres aventures du petit reporter belge, qui se déroule à Shanghai, ressort sous une forme inédite.

Les éditions Moulinsart et Casterman rééditent la version de 1936, 124 pages d’abord publiées dans le journal «Le Petit Vingtième» en 1934-1935. Mais, au lieu du noir et blanc de l’époque, elles sont colorisées. La quatrième de couverture annonce «une palette de couleurs inédites, dont les nuances rehaussent particulièrement les scènes de nuit, révélant ainsi l’intensité de l’action et la beauté des vignettes».
«Tintin au pays des Soviets», «Tintin au Congo» et «Tintin en Amérique» avaient subi le même traitement entre 2017 et 2020. Ces albums colorisés ont été salués par les tintinophiles.
«Les puristes ne les attendaient pas particulièrement mais, avec leur grand format, ils ont le charme des images, plus grandes, de la BD d’aujourd’hui. Dans l’épaisseur de trait, le dynamisme de l’aventure, il y a une fluidité et une modernité qui appellent à la redécouverte», commente Benoît Peeters, l’un des grands spécialistes de l’œuvre d’Hergé.
L’édition originale, en noir et blanc donc, de «Tintin au pays des Soviets», n’est quant à elle plus protégée par le droit d’auteur, aux États-Unis uniquement, depuis le 1er janvier. La législation américaine permet d’exploiter les œuvres vieilles de 95 ans, sans distinction de date de la mort de leur auteur. Ce qui permet de rééditer librement cet album de 1929. Les ayants droit du dessinateur belge y voient un «non-événement», comme ils l’ont dit à BFMTV en décembre.
«L’enjeu économique est faible. Tintin est peu présent aux États-Unis, comme on l’a vu avec le succès relatif du film de Spielberg», confirme Benoît Peeters, évoquant «Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne», en 2011.
En Europe ou au Canada, Tintin reste entièrement protégé jusqu’au 1er janvier 2054, soit soixante-dix ans après la mort d’Hergé en mars 1983. Les ayants droit, à savoir la veuve d’Hergé, Fanny Vlamynck, 90 ans, et son second mari, Nick Rodwell, 72 ans, ont adopté une ligne jusqu’au-boutiste, conforme aux dernières volontés du créateur : interdiction stricte, pour qui que ce soit, de dessiner Tintin et ses acolytes.
«J’ai puisé dans l’art chinois mon goût de l’ordre, mon désir de concilier minutie et simplicité, harmonie et mouvement», disait Hergé en 1975. «On parle souvent d’abus de leur part. Il faut quand même redire qu’à
l’époque du piratage et du pillage des livres par l’IA, il est normal de protéger l’œuvre d’un auteur, même longtemps après sa mort. Et c’est ce qu’ils font», commente Benoît Peeters. Ils vont même au-delà, puisque la couverture de ce nouveau «Lotus bleu», conçue à partir d’une vignette, ainsi que toutes les couleurs à l’intérieur, sont des choix contemporains. Impossible de dire dans quelle mesure Hergé les aurait approuvés. Ce que rappelle la préface, c’est qu’il a gardé une reconnaissance éternelle pour l’art chinois, auquel il s’était initié pour dessiner ses décors. «J’y ai puisé mon goût de l’ordre, mon désir de concilier minutie et simplicité, harmonie et mouvement», disait Hergé en 1975, cité dans ce «Lotus bleu» de 2025.
En Belgique, le musée Hergé de Louvain-la-Neuve aborde cette influence dans une exposition intitulée «En Chine avec Tintin», ouverte vendredi.
Le personnage clé est un artiste chinois installé à Bruxelles, le fameux Tchang. Une biographie, «Tchang Tchong-Jen artiste voyageur», signée de sa fille, Tchang Yifei, et d’un spécialiste de Tintin, Dominique Maricq, paraît aux éditions Casterman et Moulinsart aujourd’hui également. Mall M.

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