Un réseau de blanchiment d’argent tombe : Saisie spectaculaire de plus 150 milliards 

Si devant les yeux ahuris du simple citoyen, dont le souci est de pouvoir boucler les fins de mois sans trop de soucis, les 124 milliards de centimes plus 1 million euros, saisis au port de Mostaganem représentent une matérialisation actualisée de l’incommensurable richesse de Qarun, ce personnage cité par le Coran. A l’échelle du pays et de l’Etat et l’ensemble de ses démembrements administratifs et sécuritaires, l’argent récupéré n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de ces richesses « illimitées », manipulées par des hommes et des réseaux en dehors et à l’insu du circuit légal. D’autres quantités importantes d’argent en monnaie locale et en devises ont été découvertes à Oran et à Alger par les services chargés de la lutte contre le crime organisé. Ce coup de filet mené avec succès et qui a abouti à la neutralisation d’un vaste réseau criminel spécialisé dans le blanchiment d’argent, a permis aux enquêteurs de mettre la main sur quatre fonctionnaires publics et cinq opérateurs économiques, dont l’identité n’a pas été révélée. Deux autres suspects sont toujours activement recherchés. Il est à rappeler que l’affaire avait éclaté le 12 août dernier lorsque la police de Mostaganem a reçu une alerte concernant un véhicule de type Master transportant des objets suspects. Lors de l’inspection, les forces de l’ordre ont découvert plusieurs valises, sacs et colis remplis de fortes sommes d’argent en dinars et en devises étrangères. L’enquête a été confiée par la suite à la section régionale de lutte contre le crime organisé d’Oran, sous la supervision du parquet économique et financier national. Les mis en cause, placés en détention provisoire, sont poursuivis pour blanchiment d’argent en bande organisée, abus de fonction ainsi que l’acceptation et l’octroi d’avantages indus. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations pour identifier d’éventuelles ramifications du réseau et déterminer l’origine exacte des sommes colossales saisies. Ces origines sont aujourd’hui assez évidentes. L’argent sale provient du trafic de drogue, qui a pris récemment une proportion plus qu’inquiétante sur tous les plans, des réseaux contrôlant l’immigration clandestine, que ce soit en ce qui concerne les Algériens ou les Subsahariens, qui transitent par l’Algérie, et les circuits de la prostitution, dont on n’en parle pas souvent, mais qui continue d’évoluer dans certains milieux. Le parquet, qui a « souligné sa détermination à poursuivre ce type de dossiers avec la plus grande rigueur, afin de mettre fin aux pratiques illégales qui fragilisent les institutions et encouragent l’économie parallèle », aura du pain sur la planche. Le blanchiment d’argent est considéré à juste titre d’ailleurs comme un des fléaux les plus pernicieux, qui entravent le développement durable et l’évolution économique et sociale de tous les pays, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique du sud. Il s’agit d’une source alimentée par tous ceux, qui ont opté pour l’illégalité et les activités marginales. La corruption en premier lieu, l’argent provenant du trafic en tous genres, la manipulation des deniers publics. Malheur au pays, qui ne se dresse pas de toutes ses forces contre ces réseaux et leurs complices, qui brouillent les pistes et tentent d’effacer toute trace pouvant mener à l’origine de ces milliards de la « combine ». Notons que dans l’argent saisi figurent d’importantes sommes en dollar et en rial saoudien. 

Mohamed Mebarki

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