Violences faites aux femmes : Un guide pour briser le silence

La violence contre les femmes, loin de diminuer, connaît une progression alarmante. Majoritairement perpétrées au sein du foyer, ces agressions brisent le sanctuaire familial et plongent des milliers de femmes dans la souffrance. Pour lutter contre ce silence et cette impunité, un nouveau guide juridique et des dispositifs d’accompagnement sont désormais déployés, avec pour objectif d’offrir protection, écoute et soutien à celles qui en ont le plus besoin.

Le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine a lancé une campagne de sensibilisation, appuyée par une plate-forme numérique dédiée et un numéro vert (10-26) accessible 24h/24. Ce dispositif vise à offrir un soutien rapide, confidentiel et global aux femmes victimes de violences, en facilitant leur orientation vers les structures spécialisées.

Dans le même sillage, l’Etat a mis à la disposition des victimes la plate-forme Sanadkom, accessible via application et site web https://sanedcom.service-solidarite.gov.dz. Cette dernière propose des consultations psychologiques et juridiques à distance. Par ailleurs, le guide juridique publié rassemble tous les textes de loi relatifs à la protection des femmes, facilitant ainsi l’accès à l’information pour les victimes et les acteurs de terrain.

Pour combattre ces tabous, le ministère mène également des campagnes de sensibilisation dans les écoles, les médias et les lieux de culte, tout en formant les forces de l’ordre, les professionnels de santé et les imams. Des ateliers d’autodéfense et des groupes de parole sont mis en place pour accompagner les victimes vers une reconstruction progressive.

Conformément aux directives présidentielles, le Guide national de prise en charge des femmes victimes de violences a été élaboré en collaboration avec plusieurs institutions. Il fixe un cadre opérationnel intégrant les dimensions médicale, psychologique et juridique, ainsi qu’une coordination efficace entre justice, forces de l’ordre et services sociaux. Il prévoit aussi des mesures pour la réinsertion socio-économique des victimes, facteur essentiel de leur autonomie et de leur reconstruction.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a insisté, à plusieurs reprises, sur l’importance de fournir aux femmes les outils juridiques et sociaux nécessaires à leur protection et à leur émancipation. Ce guide et les dispositifs associés s’inscrivent dans cette dynamique, visant à faire tomber les barrières du silence et à offrir un soutien concret.

En outre, le Guide juridique, coédité par les ministères de la Solidarité et de la Justice, synthétise les lois protégeant les droits des femmes, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle. Il met en lumière les dispositions constitutionnelles garantissant l’égalité des sexes, les protections en matière de mariage, divorce, garde des enfants, ainsi que la lutte contre les violences et les discriminations, notamment envers les femmes en situation de handicap.

Selon le bilan de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), le nombre de victimes en 2024 est en hausse de 12,39 %, avec une moyenne de 501 cas de violence par mois, soit environ 16 femmes victimes par jour. Parmi ces cas quotidiens, entre 3 et 4 femmes subissent des mauvais traitements, tandis qu’une douzaine d’autres sont victimes de coups et blessures. Pour rappel, l’année 2023 avait enregistré une moyenne de 446 femmes victimes, ce qui équivaut à environ 15 victimes par jour.

Les violences faites aux femmes ne cessent de s’intensifier à un rythme alarmant. Entre 2022 et 2023, le nombre de victimes féminines a quasiment doublé, enregistrant une hausse spectaculaire de 100 %, d’après une étude récente de l’Institut national de santé publique (INSP). Dans la grande majorité des cas, les violences se déroulent au sein du foyer conjugal. Près de 70 % des femmes victimes sont mariées et 47 % des agressions sont commises par leur conjoint. Ce lieu, qui devrait être un refuge, se transforme trop souvent en un espace de souffrance et de brutalité. Plus de 60 % des violences ont lieu au domicile des victimes. Concernant leur nature, 96 % des agressions sont physiques, caractérisées par des coups et blessures volontaires.

Les violences psychologiques, bien que moins fréquentes (9 %), laissent des traces durables, provoquant anxiété chronique et stress post-traumatique, selon la même étude. Quant aux agressions sexuelles, elles représentent 2 % des cas, un chiffre vraisemblablement sous-estimé, tant ce type de violence reste difficile à dénoncer.

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