Voisins
Lors du dernier conflit armé qui a opposé l’Inde et le Pakistan il y a quelques semaines, l’allié indien de Donald Trump s’est montré particulièrement hostile vis-à-vis du président américain, dont les tentatives de trouver un accord de paix entre les deux pays voisins a été considéré comme une marque d’ingérence. Pourtant, seulement quelques semaines […]

Lors du dernier conflit armé qui a opposé l’Inde et le Pakistan il y a quelques semaines, l’allié indien de Donald Trump s’est montré particulièrement hostile vis-à-vis du président américain, dont les tentatives de trouver un accord de paix entre les deux pays voisins a été considéré comme une marque d’ingérence. Pourtant, seulement quelques semaines auparavant, la Maison-Blanche recevait en grande pompe le Premier ministre indien, lui réservant un accueil royal, insistant sur la proche collaboration et la profonde amitié qui lient les deux pays. Le fait que l’épouse du vice-président américain, J.D. Vance, soit elle-même d’origine indienne, ayant ajouté une nouvelle dimension au traitement d’exception reçu par Narendra Modi. Mais cela n’a pas empêché New Delhi de tancer sévèrement Washington pour s’être félicité du succès du cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan. Ce dernier, qui doit avoir apprécié de voir la colère de ses voisins vis-à-vis de l’administration américaine, n’hésite pas aujourd’hui à s’amuser à irriter le gouvernement indien en proposant Donald Trump au prix Nobel de la paix, un mois et demi après que le président américain a annoncé, à la surprise générale, un cessez-le-feu entre Islamabad et New Delhi. Du 6 au 10 mai, les deux puissances nucléaires voisines et rivales depuis leur partition sanglante en 1947 avaient fait redouter au monde entier le point de non-retour. Leur conflit s’était terminé par l’annonce sur le réseau social de Donald Trump d’un cessez-le-feu obtenu, selon l’hôte de la Maison-Blanche, à l’issue «d’une longue nuit de négociations organisées par les États-Unis». Depuis, Islamabad ne cesse de saluer l’action de Washington, longtemps son grand partenaire militaire dans la «guerre contre le terrorisme» avant de se retirer d’Afghanistan et de délaisser la région. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, répète de son côté qu’il n’y a eu aucune médiation américaine pour parvenir au cessez-le-feu. Donald Trump, lui, assure être derrière une demi-douzaine d’accords de paix ou simplement le maintien de bonnes relations de voisinage ces dernières années et s’est plaint, dans un long message sur son réseau social dans la nuit, de ne pas avoir obtenu de prix Nobel pour cela. Islamabad, qui a échappé de peu à la faillite en 2023 grâce à un énième prêt du Fonds monétaire international (FMI), ne cesse de lancer des appels du pied aux capitales étrangères, Washington en tête, espérant qu’elles investissent dans ses ressources minières. De nouveau, mercredi, en déjeunant avec Donald Trump à Washington, le chef de l’armée pakistanaise, le maréchal Asim Mounir, a proposé «un partenariat aux bénéfices mutuels», citant notamment «minerais», «cryptomonnaies» et «intelligence artificielle», autant de domaines dans lesquels Donald Trump investit personnellement. Ainsi, le gouvernement actuel semble prêt à se montrer bien plus conciliant avec Washington, espérant que la flatterie réussira à adoucir la politique trumpienne à son égard. En proposant le président américain pour le prochain prix Nobel, Islamabad fait d’une pierre deux coups en flattant le dirigeant de la première puissance tout en exaspérant son voisin, qui ne supporte pas de voir Donald Trump s’autocongratuler pour le cessez-le feu au Cachemire.