Commentaire: Bipartisme
Depuis quelques mois, le Royaume-Uni fait beaucoup parler à l’international, notamment aux États-Unis, où l’on découvre les arrestations massives de citoyens ayant posté des messages «non conformes» sur les réseaux sociaux et qui sont condamnés à des peines de prison pouvant aller à plusieurs années. Un choc des cultures pour les Américains, dont le premier […]

Depuis quelques mois, le Royaume-Uni fait beaucoup parler à l’international, notamment aux États-Unis, où l’on découvre les arrestations massives de citoyens ayant posté des messages «non conformes» sur les réseaux sociaux et qui sont condamnés à des peines de prison pouvant aller à plusieurs années. Un choc des cultures pour les Américains, dont le premier amendement de leur Constitution leur garantit la liberté d’expression. Par ailleurs, le dossier de l’immigration au Royaume-Uni commence à s’imposer comme une question prioritaire pour les Britanniques qui ont vu, ces dernières années, leur situation économique s’aggraver alors que leur gouvernement de gauche continue de financer massivement l’aide aux migrants. Depuis quelques mois, de nombreuses manifestations inédites contre l’immigration ont d’ailleurs réuni parfois des centaines de milliers de personnes. Une situation globale qui favorise la popularité grandissante de l’ancien chantre du Brexit (sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne) Nigel Farage qui, sondage après sondage, caracole en tête. Son parti, Reform UK, remporterait 311 sièges à la Chambre des Communes en cas d’élection, selon un sondage YouGov, publié ce vendredi. Il doit en engranger 326 pour obtenir une majorité. Ces sondages montrent l’expansion d’un parti qui ne compte que cinq députés actuellement, dont Nigel Farage, et pourrait menacer le traditionnel bipartisme britannique, balançant entre Conservateurs et Travaillistes. Un autre sondage publié vendredi par le Times annonçait une majorité de 373 sièges pour Reform UK en cas d’élection. Aucun autre parti n’obtiendrait 100 sièges. Keir Starmer, Premier ministre travailliste, avait remporté une large majorité (398) aux élections générales de l’an dernier. Désormais, sa popularité frise les 15 %. Nigel Farage avait lancé le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) en 2006, soutenant le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Peu après le vote favorable au Brexit, il quitte la tête de son parti. Trois ans plus tard, devant les tergiversations des gouvernements conservateurs de l’époque, il lance le Brexit Party pour les élections européennes auxquelles il arrive en tête. Son parti ne présente aucun candidat face aux Conservateurs, permettant une large victoire des partisans de Boris Johnson qui finalise un accord de retrait. Déçu par la politique des Tories, il crée Reform UK en 2024 et est élu député. Il dénonce «un vol du Brexit», regrettant que le Royaume-Uni n’ait pas profité du retrait de l’Union européenne pour diminuer drastiquement l’immigration et libéraliser davantage son économie. Toutefois, aucune élection générale anticipée n’est pour l’heure prévue. Le prochain rendez-vous parlementaire se tiendra en 2029. Mais si l’impopularité de Keir Starmer continue à se renforcer, il se pourrait que les Travaillistes décident de jeter
l’éponge plus tôt que prévu, offrant la possibilité pour le nouveau parti de faire ses preuves. Toutefois, pour le moment, l’on envisage mal comment ce parti, créé il y a une année, pourrait déstabiliser des décennies de statu quo politique. Il reste désormais, si Starmer tient bon jusqu’au bout, quatre ans pour Farage pour se préparer et se construire une image de dirigeant qui pourrait non seulement se faire une place importante sur l’échiquier politique, mais surtout créer la surprise et revendiquer une victoire en 2029.
F. M.