Déploiement
La situation à Los Angeles, qui dure depuis près d’une semaine maintenant, continue de se tendre alors que le président américain a envoyé hier les Marines, corps d’élite de l’armée américaine, pour contenir les protestations et les heurts aux biens et aux personnes. La police a par ailleurs procédé à de premières interpellations de personnes […]

La situation à Los Angeles, qui dure depuis près d’une semaine maintenant, continue de se tendre alors que le président américain a envoyé hier les Marines, corps d’élite de l’armée américaine, pour contenir les protestations et les heurts aux biens et aux personnes. La police a par ailleurs procédé à de premières interpellations de personnes violant le couvre-feu, instauré ce mardi dans «la cité des Anges», au cinquième jour de manifestations parfois violentes contre la politique migratoire de l’administration Trump, tandis que le Texas, autre État à forte population latino-américaine, a annoncé déployer la Garde nationale. «Des groupes multiples continuent de se rassembler… et des arrestations massives sont en cours. Le couvre-feu est en vigueur», a indiqué la police de la mégapole californienne. Selon le Los Angeles Times, 25 personnes ont été arrêtées. Quelques heures plus tôt, la maire démocrate de la ville, Karen Bass, avait annoncé instaurer «un couvre-feu dans le centre de Los Angeles pour mettre fin aux actes de vandalisme et de pillage», de 20 heures locales à 6 heures du matin. «La nuit dernière, 23 commerces ont été pillés, et je pense que si vous traversez le centre de Los Angeles, les graffitis sont omniprésents et causent des dommages importants aux commerces et à un certain nombre de propriétés», a-t-elle ajouté. Depuis vendredi, la deuxième plus grande ville américaine, à forte population d’origine hispanique, est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les clandestins et des forces de l’ordre en tenue anti-émeute. Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, devenu l’ambitieuse figure de proue de l’opposition, qui avait été envisagé à un moment pour remplacer Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche de 2024, après que les critiques concernant l’état de santé du président démocrate se sont intensifiées, invective Donald Trump depuis le début de la crise et veut contester dans les prétoires sa décision de déployer l’armée dans son État, bastion démocrate. Dans une allocution télévisée mardi soir, il a dénoncé un «abus de pouvoir éhonté». «Donald Trump se comporte comme un tyran, pas comme un président». Mais ces critiques ne touchent pas plus que cela le président républicain, qui fait de Newsom, considéré comme un candidat potentiel à la Maison-Blanche pour 2028, une cible régulière d’injures et de quolibets, et qui a déjà déployé en Californie la Garde nationale, force de réserve, contre la volonté des autorités locales, ainsi que des centaines de Marines. «Cette anarchie ne se poursuivra pas. Nous ne permettrons pas que des agents fédéraux soient attaqués et ne laisserons pas une ville américaine être envahie et conquise par des ennemis étrangers», a lancé mardi Donald Trump lors d’un discours sur une base militaire. Il a menacé de recourir à l’Insurrection Act, régime d’état d’urgence qui confère au président le pouvoir d’utiliser les forces armées dans des missions de maintien de l’ordre sur le territoire américain. Quelque 700 Marines, un corps d’élite normalement utilisé comme force de projection extérieure, doivent rejoindre 4 000 militaires réservistes de la Garde nationale déjà mobilisés par Donald Trump, auquel il est reproché d’avoir pris des mesures disproportionnées. Reste que les scènes de batailles rangées diffusées en boucles sur les chaînes d’informations américaines, montrant des personnes masquées attaquant des véhicules, des bâtiments, des commerces et bloquant les autoroutes en brandissant des drapeaux mexicains, sont du plus mauvais effet sur une majorité d’Américains. Ces derniers, selon de nombreuses études
d’opinions, étaient nombreux à être touchés par les histoires de pères et de mères de familles enlevés à leurs enfants ; de simples travailleurs venus parfois depuis des décennies aux États-Unis, n’ayant jamais causé de problèmes et contribuant aux communautés alentours. Mais les scènes de guérillas urbaines, de destructions et les drapeaux mexicains lancent au contraire le pire des signaux et pourraient radicaliser ceux qui jusqu’ici étaient plutôt enclins à se montrer plus souples sur les questions d’immigration.