En route vers l’Espagne: Plus de 400 harraga disparus en mer en 2024

Plus de 400 immigrants clandestins algériens ont péri en mer en tentant de traverser la Méditerranée vers les côtes espagnoles durant l’année 2024 tandis que plus de 9600 autres ont réussi à atteindre leur destination au péril de leurs vies.

C’est ce qu’a fait savoir l’ONG espagnole Caminando Fronteras, spécialisée dans les questions migratoires et le secours aux migrants 517 personnes sont mortes ou portées en 2024 dont 423 algériens sur la route migratoire menant de l’Algérie aux côtes espagnoles ou à l’archipel des Baléares.

Ce bilan fait de ce passage en mer Méditerranée la deuxième route la plus meurtrière vers l’Espagne, derrière menant aux iles Canaries. En 2022, 464 sont mortes ou portées disparues contre 191 en 202.

Selon la même source, 446 personnes sont mortes ou sont portées disparues sur la route navale de l’Algérie vers l’ile espagnole d’Alboran, située au large d’Almeria suite à 34 naufrages d’embarcations. Sur ce total, 26 embarcations ont « totalement disparu » en mer, avec tous leurs passagers en 2024, précise la même source. Aucune embarcation n’a été retrouvée ni les clandestins qui se trouvaient à bord, laissons leurs familles éplorées depuis ce tragédies. Ces chiffres font de cette route en Méditerranée la deuxième plus meurtrière pour les traversées vers l’Espagne, derrière celle des îles Canaries.

Au cours des cinq dernières années, 2 197 personnes sont mortes ou disparues sur les routes de l’Algérie vers Alboran suite à 216 naufrages.

Durant l’année 2024, 11 521 clandestins dont 9611 algériens sont arrivés en Espagne en provenance d’Algérie, a appris Le Jeune Indépendant de source au sein de la Guardia Civil espagnole tandis qu’en 2023, ils étaient 7599 migrants dont 6432 algériens qui sont arrivés en Espagne en provenance des côtes algériennes.

La même source a précisé qu’en 2024, l’augmentation des arrivées depuis l’Algérie est de 65,9 % par rapport à 2023 tandis que l’augmentation des citoyens algériens entrant en Espagne par voie maritime est de 66,9 % par rapport à 2023. La même source a fait observer que le nombre de femmes et d’enfants algériens était également en hausse.

Empruntée depuis plusieurs années par les candidats à l’immigration clandestine, cette voie est devenue la route de prédilection des passeurs depuis 2021, a indiqué Caminando Fronteras.

Les routes empruntées par les harraga au départ de l’Algérie

Les passagers déboursent entre 2 000 et 6 000 euros (les algériens déboursent une moyenne de 1,6 million de dinars), pour effectuer ce trajet à bord de petits bateaux à moteurs de 60 à 140 chevaux, totalement inadaptés à ce type de traversées en pleine mer.

Les candidats algériens au départ embarquent depuis Oran, Mostaganem, Tipaza ou Alger et naviguent en direction du sud de la péninsule ibérique. Ils sont parfois secourus au large d’Almeria, Carthagène, Murcie ou Alicante.

Nombreux ont été secourus par la marine algérienne. Ce lundi 20 janvier 2025, 15 algériens dont quatre mineurs ont été secourus par la Guardia civil et conduit au port d’Almeria. Les mauvaises conditions météorologiques, les pannes mécaniques et le mauvais état des embarcations sont souvent à l’origine de ces naufrages tragiques. Les raisons de ces naufrages sont dues également au mauvais équipement de navigation et à des embarcations en surcharge conduites par des passeurs véreux. En outre, la plupart de ces clandestins interceptés se retrouvent dans des centres de rétention passibles d’expulsion vers l’Algérie.

Mais depuis 2022, la route empruntée par les algériens se déplace de plus en plus à l’est, en direction des îles Baléares, une zone moins surveillée, a noté l’ONG qui souligne que depuis le 1er janvier 2025, les départs à partir ont considérablement baissé tandis que les embarcations en provenance ont explosé en dépit des mauvaises conditions météorologiques.

Le rapport constate la présence régulière « d’adolescents qui voyagent seuls », et qui cherchent à rejoindre des proches en Europe, principalement en France à travers des routes connues des passeurs. Ces mineurs sont habituellement originaires d’Algérie, mais de plus en plus de jeunes subsahariens, syriens, ou palestiniens embarquent, eux aussi, depuis les côtes algériennes. D’après l’ONG espagnole, « près de 40 % des personnes qui s’engageant sur cette route maritime des Baléares proviennent désormais de pays autres que l’Algérie ». Les jeunes enfants accompagnés de leurs mères sont également de plus en plus nombreux.

En dépit des efforts des autorités espagnoles et algériennes pour dissuader la migration, de nombreux harraga continuent de risquer leur vie en mer pour tenter de rejoindre l’Europe, où ils espèrent trouver une vie meilleure.

Les appels e multiplient sur les réseaux sociaux en Algérie contre la migration clandestine alors que de nombreuses photos de jeunes disparus en mer sont publiées notamment sur Facebook par leurs proches. Les autorités espagnoles envisagent de durcir les lois à l’égard des migrants clandestins notamment à travers les expulsions automatiques sans passer par la justice afin de dissuader les potentiels candidats sinon réduire le phénomène.

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