Fabrication de la pièce de rechange automobile : Création d’une joint-venture algéro-chinoise

Le marché de la pièce de rechange automobile connaît actuellement une crise aiguë, se traduisant par une rareté, voire une disparition de certaines marques, des prix exorbitants et, surtout, la prolifération de filières informelles, qui s’adonnent à un trafic transfrontalier très lucratif. Le ministère du Commerce a récemment accordé des autorisations exceptionnelles à plusieurs importateurs, permettant d’injecter une importante quantité de pièces sur le marché. Mais ces opérations ponctuelles restent insuffisantes pour combler un déficit accumulé depuis des années. Le choix stratégique des autorités repose donc sur la création d’un réseau de fabrication de pièces automobiles en Algérie, en partenariat avec des marques étrangères. Cependant, sur le terrain, des obstacles liés aux procédures douanières et administratives freinent encore toute avancée, selon les grands revendeurs, dont certains ont baissé rideau, tandis que d’autres, pour assurer la survie de leurs activités, s’en remettent à l’informel pour renouveler leurs stocks. Fatalement, lorsqu’un projet de partenariat est annoncé par les autorités, il est accueilli avec soulagement par les professionnels du secteur, qui y voient une bouffée d’oxygène. C’est le cas du projet signé, avant-hier lundi à Alger, entre l’Entreprise nationale de tubes et transformation de produits plats « Anabib » et la société chinoise « Auto Lumiar » pour la création d’une joint-venture dédiée à la fabrication de pièces de rechange automobiles en Algérie. Selon un communiqué du ministère de l’Industrie, cette joint-venture produira des pièces détachées au sein de l’unité « PTS » de Réghaïa (Alger), notamment des phares et des pare-chocs dans une première phase, avant d’élargir la production à d’autres accessoires et pièces. Cela contribuera au « renforcement de la capacité de l’Algérie à répondre aux besoins du marché local », précise le communiqué. Cette initiative de partenariat « reflète la politique du gouvernement visant à soutenir les partenariats stratégiques qui favorisent le transfert de technologies et le développement du produit industriel national », explique le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb. Et d’ajouter : « Elle jouera un rôle clé dans la réduction de la dépendance aux importations, en fournissant des pièces détachées de haute qualité à des prix compétitifs, ce qui contribuera au développement du secteur de la construction automobile en Algérie ». De leur côté, les représentants de « Auto Lumiar » ont exprimé leur engagement à transférer leur expertise et leur technologie avancée en Algérie, soulignant que cette coopération « représente un modèle réussi de partenariat industriel entre l’Algérie et la Chine », indique la même source. L’initiative est à saluer et à encourager, mais au vu de la situation actuelle du marché, le déficit est tel que des opérations massives d’importation restent nécessaires. Tous les acteurs de la filière soulignent d’ailleurs l’urgence de la question, en termes de sécurité routière, compte tenu de l’ampleur croissante des accidents de la route, avec des chiffres quotidiens terrifiants. 

H. Khellifi

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