Formation des enseignants : De nombreux défis structurels à relever
La politique nationale d’éducation a toujours considéré la formation des enseignants, qu’elle soit initiale ou continue, comme un levier stratégique pour améliorer la qualité de l’enseignement. Néanmoins, le dernier rapport de la Cour des comptes, tout en relevant des avancées notables, dévoile également des lacunes importantes qui entravent l’atteinte des objectifs ambitieux en matière de […] The post Formation des enseignants : De nombreux défis structurels à relever appeared first on Le Jeune Indépendant.
La politique nationale d’éducation a toujours considéré la formation des enseignants, qu’elle soit initiale ou continue, comme un levier stratégique pour améliorer la qualité de l’enseignement. Néanmoins, le dernier rapport de la Cour des comptes, tout en relevant des avancées notables, dévoile également des lacunes importantes qui entravent l’atteinte des objectifs ambitieux en matière de qualité éducative. Elle souligne également que les défis structurels demeurent nombreux.
D’emblée, le rapport relève que depuis 2005, les efforts pour rehausser le niveau académique des enseignants ont porté leurs fruits. Alors que seulement 30 % des enseignants du primaire et du moyen possédaient un diplôme universitaire en 2005, ce pourcentage a dépassé les trois quarts en 2017. Par ailleurs, environ 5 % des enseignants détiennent aujourd’hui un master, et une proportion similaire est issue des écoles nationales pour enseignants.
Sur le plan de l’encadrement, les besoins quantitatifs semblent satisfaits, avec un enseignant pour 25 élèves en primaire et un enseignant pour 19 élèves en moyen. Ces chiffres témoignent d’une couverture acceptable bien que des défis qualitatifs persistent.
Cependant, le rapport souligne des carences dans la formation initiale. Ainsi, les programmes dispensés dans les écoles nationales supérieures ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques du secteur éducatif, notamment en matière d’approches pédagogiques et didactiques. De ce fait, les enseignants peinent à maîtriser les techniques liées à l’approche par compétence, pierre angulaire des réformes pédagogiques.
De plus, le volet pratique de la formation, jugé essentiel, est insuffisamment pris en compte. Les stages, qui devraient permettre aux futurs enseignants d’acquérir une expérience sur le terrain, manquent de structuration et de durée nécessaire. En réponse à ces critiques, un cahier des charges national a été introduit en 2021 pour clarifier les compétences et qualifications requises, mais son application reste encore limitée.
Pour les enseignants recrutés sur concours ou sur contrat, le problème est encore plus aigu. Leur cursus universitaire n’inclut pas toujours les modules indispensables pour l’exercice du métier, ce qui affecte directement la qualité de l’enseignement.
Malgré leur statut de pôles d’excellence, les écoles nationales supérieures sont loin de répondre aux besoins croissants en enseignants. Entre 2017 et 2021, seulement 5 % des enseignants du primaire et 8 % de ceux du moyen étaient diplômés de ces établissements. Avec une capacité totale de 4 500 places réparties sur 11 écoles, ces structures peinent à répondre à la demande sociale.
Le recours accru à des enseignants contractuels et à la liste de réserve des concours a permis de pallier en partie ce déficit, mais cela a souvent été au détriment de la qualité. Par ailleurs, les instituts nationaux de formation des fonctionnaires de l’éducation nationale, au nombre de 17, contribuent faiblement à la formation des enseignants, se concentrant principalement sur d’autres catégories de personnel.
Le rapport relève également qu’entre 2018 et 2021, plus de 60 000 enseignants contractuels ont été recrutés dans le primaire et le moyen, représentant plus de 90 % des effectifs en 2021. Pourtant, ces enseignants n’ont bénéficié d’aucune formation préparatoire avant leur prise de fonction, les autorités invoquant le caractère temporaire de leurs contrats et des ressources financières limitées.
Ainsi, le manque de formation pour ces enseignants a eu des répercussions directes sur la qualité de l’enseignement. Les actions correctives, souvent limitées à des séminaires ou des demi-journées de formation encadrées par des inspecteurs, ne peuvent combler les lacunes initiales.
Bilan mitigé de la formation continue
La formation continue, pourtant essentielle pour l’adaptation aux évolutions pédagogiques, reste inégalement accessible. Entre 2018 et 2021, entre 25 000 et 75 000 enseignants du primaire et entre 30 000 et 65 000 du moyen n’ont pas bénéficié de ces formations. Cette situation s’explique aussi par des dotations budgétaires insuffisantes.
Malgré tout, selon la Cour des comptes, les indicateurs montrent une amélioration progressive des qualifications minimales des enseignants, notamment grâce à des formations pendant les stages et des examens de titularisation. Cependant, il est mis en exergue le fait que l’absence de données relatives aux écoles privées limite l’exhaustivité des analyses.
Pour 2025, le ministère de l’Education a annoncé son ambition qui consiste à ce que 97,6 % des enseignants du primaire et 93,15 % de ceux du moyen possèdent les qualifications minimales nécessaires. Ces chiffres devraient atteindre 99,6 % et 95,71 % en 2030. Selon l’analyse du document de la Cour des comptes, ces objectifs semblent réalistes, notamment grâce à l’intégration exceptionnelle, en 2022, de plus de 62 000 enseignants contractuels dans des postes permanents.
Néanmoins, le rapport soutient que ces progrès dépendent de plusieurs conditions. La première est la nécessité de renforcer les capacités des écoles supérieures, notamment à travers une augmentation du nombre d’écoles ainsi que de l’augmentation de leurs capacités d’accueil, un élément indispensable pour répondre à la demande croissante.
La seconde condition est une meilleure coordination intersectorielle. Il s’agit en fait de la mise en place effective du Conseil national de l’éducation et de la formation (CNEF) et des commissions mixtes qui contribueraient à une meilleure cohérence entre les secteurs éducatifs. La troisième est l’augmentation de l’investissement dans la formation continue. Des budgets plus conséquents devront être alloués pour garantir l’accès de tous les enseignants à des formations régulières et adaptées. L’autre condition relevée par le rapport est la valorisation de l’enseignement technique. Ainsi, l’équilibre entre les filières générales et technologiques doit être repensé pour répondre aux besoins économiques et sociaux.
Le rapport conclut son diagnostic en rappelant que dans un monde en constante mutation, le rôle des enseignants dans la transmission du savoir et le développement des compétences est essentiel. Certes, l’Algérie a accompli des avancées importantes dans la formation et la qualification des enseignants, mais les défis structurels demeurent nombreux. Une réforme profonde et soutenue, axée sur la qualité et l’intégration des politiques de formation, est nécessaire pour garantir un enseignement d’excellence à tous les niveaux.
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