Islem Mansouri : « Ce maillot jaune, c’est l’aboutissement d’un travail collectif »
Islem, tout d’abord félicitations pour ce maillot jaune historique. Que représente cette victoire pour vous ? Merci beaucoup. Ce maillot jaune est une immense fierté, à titre personnel bien sûr, mais surtout pour le cyclisme algérien. C’est la première fois que notre pays parvient à décrocher ce maillot au Tour du Cameroun depuis notre participation …

Islem, tout d’abord félicitations pour ce maillot jaune historique. Que représente cette victoire pour vous ?
Merci beaucoup. Ce maillot jaune est une immense fierté, à titre personnel bien sûr, mais surtout pour le cyclisme algérien. C’est la première fois que notre pays parvient à décrocher ce maillot au Tour du Cameroun depuis notre participation à cette compétition, soit depuis 2006. C’est un rêve devenu réalité, le fruit de plusieurs années de travail, de sacrifices et d’un engagement sans faille avec mes coéquipiers, le staff technique et la fédération. Je suis très ému, car je sais ce que cela signifie pour notre sport.
Cette victoire n’est pas seulement symbolique, elle est aussi historique. Est-ce que vous aviez anticipé un tel scénario avant le départ de l’épreuve ?
Honnêtement, je savais que je venais en bonne forme, avec une bonne préparation, mais on ne peut jamais prévoir ce genre de performances dans une course par étapes. Le Tour du Cameroun est très exigeant, surtout en raison des conditions climatiques et de la concurrence. Dès le départ, j’avais comme objectif de bien figurer, d’aider l’équipe et pourquoi pas jouer une étape. Mais viser le maillot jaune dès le début aurait été prétentieux. Ce résultat, c’est avant tout une construction jour après jour.
Justement, parlez-nous du déroulement des premières étapes. Vous avez connu un début difficile…
Oui, les deux premières étapes ont été particulièrement dures, notamment à cause de la chaleur. Nous étions dans des régions du sud du Cameroun où les températures frôlaient les 40°C. J’ai mal géré la première étape, que j’ai perdue. Ce n’était pas la meilleure entrée en matière. Mais l’essentiel, c’était de rester concentré, de ne pas paniquer, et surtout de rester dans le coup au classement général.
Et ensuite, il y a eu ce tournant décisif lors de la 6e étape…
Exactement. Lors de la sixième étape, j’ai senti que c’était le bon moment pour attaquer. L’équipe m’a bien protégé, on a mis une stratégie commune pour reprendre du temps au classement général. Et ça a fonctionné. J’ai remporté l’étape et j’ai pu récupérer 50 précieuses secondes. À partir de là, j’ai su que le maillot jaune devenait envisageable, mais ce n’était pas encore acquis.
La 9e étape semble avoir été déterminante dans votre conquête du maillot jaune. Que s’est-il passé ce jour-là ?
Avant le départ de la 9e étape, on a fait une réunion avec le sélectionneur et mes coéquipiers. On s’est dit qu’il fallait tout jouer sur cette étape. Il fallait tenter le tout pour le tout. On a donc mis en place une offensive très tôt dans la course. Grâce au soutien du groupe, j’ai pu creuser l’écart et m’emparer du maillot jaune avec une avance d’une minute et vingt secondes. C’était incroyable, une vraie libération.
Et ensuite, il restait cette dernière étape à gérer. Était-ce la plus stressante ?
Oui, sans aucun doute. La dernière étape, c’est toujours la plus difficile mentalement. On sait que tout peut basculer, surtout face à des équipes qui n’ont plus rien à perdre. On était attendus, surveillés, et la pression était énorme. Mais on a été solides, unis, concentrés. L’équipe a fait un travail formidable pour contrôler la course. On a tout bien géré du début à la fin, et j’ai franchi la ligne avec le maillot jaune sur les épaules. Une sensation inoubliable.
On sent que vous insistez beaucoup sur le collectif. Quelle est la part de l’équipe dans ce succès ?
Elle est énorme. Ce maillot jaune, ce n’est pas seulement moi. C’est le résultat du travail de toute une équipe, mes coéquipiers sur le vélo, le staff technique, les mécaniciens, le sélectionneur. Sans eux, rien n’aurait été possible. Le cyclisme est un sport individuel dans le classement, mais profondément collectif dans l’effort. Ce succès appartient à toute l’Algérie.
Maintenant que ce Tour est terminé, quels sont vos objectifs pour la suite ?
Je suis déjà tourné vers la suite. Je vais participer à l’étape de Tlemcen, chez moi, en Algérie, le 18. C’est une course spéciale pour moi. J’aimerais y briller aussi. Ensuite, avec mon équipe Madar, on a un programme assez chargé, des courses en Asie, en Turquie, et peut-être une participation à un tour continental. L’idée est de continuer à progresser et de représenter dignement le cyclisme algérien à l’international.
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes cyclistes algériens qui vous regardent aujourd’hui comme un exemple ?
Je leur dirais de croire en eux, de ne jamais abandonner. Le chemin est long, parfois difficile, mais chaque effort finit par payer. Moi aussi, j’ai douté, j’ai connu des moments compliqués. Mais avec de la patience, du travail et de l’humilité, on peut arriver à accomplir de belles choses. Ce maillot jaune, c’est la preuve que tout est possible.
Propos recueillis par A. A.