Le mauvais quart d’heure passé par Zelensky à la Maison-Blanche
Le fait est maintenant avéré : Volodymyr Zelensky n’a pas quitté la Maison-Blanche juste parce que le temps était arrivé pour lui de prendre congé de ses hôtes, mais parce qu’il a été prié de s’en aller, après l’altercation en direct, ce moment fort de la télévision «globale», qu’il avait eue à la fois avec […]
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Le fait est maintenant avéré : Volodymyr Zelensky n’a pas quitté la Maison-Blanche juste parce que le temps était arrivé pour lui de prendre congé de ses hôtes, mais parce qu’il a été prié de s’en aller, après l’altercation en direct, ce moment fort de la télévision «globale», qu’il avait eue à la fois avec le président et le vice-président américains. Les choses en sont arrivées à cette extrémité entre les trois hommes en conséquence d’un malentendu, ou d’une incompréhension, rendue possible par les visites ayant précédé celle de Zelensky, celles du président français et du Premier ministre britannique, qui tous deux avaient appuyé son souhait de voir Donald Trump, avant sa rencontre annoncée, mais non encore programmée, avec le président russe, Vladimir Poutine. Zelensky tenait particulièrement à parler à Trump avant Poutine, ce qui est bien compréhensible. Seulement voilà, il a fallu pour cela qu’il se fasse inviter, au lieu d’attendre qu’il soit invité. Les Américains ont pensé que s’il était aussi pressé de leur parler, c’est qu’il était d’accord pour signer sur-le-champ l’accord sur les minerais, qu’ils tenaient tout prêt, et dont ils n’avaient pas caché que pour eux il conditionnait leurs relations futures avec l’Ukraine. Ils l’ont donc invité. Ils ont fait plus, à vrai dire : ils ont annoncé à leur opinion et au monde qu’il venait pour conclure l’accord objet de leurs vœux.
Ils ont commencé à voir rouge dès la sortie de Zelensky de son véhicule sur le perron de la Maison-Blanche, voyant qu’il s’était amené en tenue de combat. Première faute de Zelensky, et faute de goût qui plus est, faute d’étiquette, de toutes la moins pardonnable : on n’entre pas à la Maison-Blanche affublé en guerrier, mais sanglé dans un strict costume-cravate. S’ils l’ont laissé malgré tout passer, c’est qu’ils croyaient encore qu’il était venu pour conclure l’accord. Il ne leur pas fallu longtemps pour déchanter, et comprendre que Zelensky n’était pas venu se rendre à leurs raisons mais leur faire honte de leur «alignement» sur Poutine. Il ne leur restait plus qu’à le punir devant le monde entier, avant de le chasser de leur vue. Force est de le reconnaître, Zelensky n’a pas été sans bravoure pendant cette séance de torture. Il a tenu tête, alors que son ambassadrice à Washington, assise tout près, baissait la sienne tout en se frottant le nez. Un traitement comparable aurait pu être infligé, quelques jours plus tôt, au roi de Jordanie, mais qui lui avait été épargné, car il avait su comment s’y dérober. Voyant cela, le président égyptien, qui lui aussi demandait à être reçu, avait tout de suite annulé sa visite. Le Premier ministre britannique avait pris beaucoup de risque lorsqu’assis à côté de Trump dans le bureau ovale, il avait interpellé Vance sur sa déclaration de Munich au sujet de son pays, comme quoi celui-ci avait reculé en matière de liberté d’expression. Emmanuel Macron, qui s’était assis comme Trump et tenait ses mains de la même façon que lui (on dirait un enfant imitant inconsciemment un adulte qui le fascine), s’en était mieux tiré tout compte fait. Il s’était même permis d’apporter la contradiction à Trump relativement au montant total de l’aide américaine à l’Ukraine, insinuant que celle de l’Europe était plus grande encore. Quelques heures plus tard, Trump exprimait son hostilité de l’Union européenne, dont Macron s’était fait le champion, en des termes crus.