Le blé français absent des achats algériens
Les prix du blé européen ont reculé mercredi 16 avril, atteignant leur niveau le plus bas depuis la création des contrats à terme. Cette baisse s’explique en partie par l’exclusion du blé français d’un récent appel d’offres lancé par l’Algérie. Selon des négociants européens, cités par l’agence Reuters, l’Office algérien d’interprofessionnel des céréales (OAIC) a […] The post Le blé français absent des achats algériens appeared first on Algerie Eco.

Les prix du blé européen ont reculé mercredi 16 avril, atteignant leur niveau le plus bas depuis la création des contrats à terme. Cette baisse s’explique en partie par l’exclusion du blé français d’un récent appel d’offres lancé par l’Algérie.
Selon des négociants européens, cités par l’agence Reuters, l’Office algérien d’interprofessionnel des céréales (OAIC) a acheté environ 570 000 tonnes de blé meunier à l’issue d’un appel d’offres international. Les estimations les plus élevées évoquent un volume proche de 600 000 tonnes. Le blé retenu viendrait principalement de la région de la mer Noire, notamment d’Ukraine, de Roumanie et de Bulgarie. Le blé français, quant à lui, ne figure pas parmi les achats signalés.
À Paris, le contrat de blé pour livraison en mai sur Euronext a terminé la journée à 209 euros la tonne, en baisse de 0,6 %. Il avait touché un point bas à 208,75 euros plus tôt dans la séance. Le renforcement de l’euro face au dollar a aussi pesé sur les prix, car un euro plus fort rend les produits européens moins compétitifs à l’exportation. Mercredi, la monnaie unique a gagné 0,8 % par rapport au dollar.
D’après des observateurs du marché, l’absence du blé français dans les achats algériens pourrait être liée au regain des tensions diplomatiques entre Paris et Alger, ayant éclatées vendredi 11 avril suite à l’incarcération d’un agent consulaire algérien en France dans le cadre d’une enquête sur l’enlèvement présumé d’Amir DZ.
En octobre dernier, l’OAIC a été accusé d’avoir exclu le blé français d’un appel d’offres, ce que l’Office algérien avait démenti, en expliquant : « En ce qui concerne la consultation restreinte lancée par l’OAIC le 6 octobre 2024, nous précisons qu’elle a été régie par des critères techniques spécifiques, en fonction des besoins industriels particuliers à cette période ».
L’Office FranceAgriMer a revu à la baisse ses prévisions d’exportations de blé hors Union européenne. La demande de l’Algérie et de la Chine, deux marchés importants, est jugée insuffisante. Les exportations prévues pour cette saison seraient inférieures de 70 % à celles de l’année précédente, en partie à cause des conditions météorologiques défavorables.
Les exportations françaises de blé vers l’Algérie en nette baisse depuis 2019
Après avoir été pendant longtemps le principal fournisseur de blé de l’Algérie, couvrant parfois jusqu’à 80 % de ses besoins, la France a vu ses exportations baisser fortement ces dernières années. En 2019, la France avait exporté vers l’Algérie près de 5 millions de tonnes de blé tendre, pour un montant avoisinant 1 milliard d’euros.
Mais depuis 2020, la situation a changé. L’Algérie a modifié son cahier des charges pour l’importation des céréales, en revoyant à la baisse certains critères techniques. Cette décision a permis à d’autres fournisseurs, notamment de la mer Noire (Russie et Ukraine), de prendre place sur le marché algérien, grâce à des prix plus compétitifs.
La baisse des achats de blé français n’est pas seulement liée à la politique. La production française a connu des difficultés ces dernières années, et l’Algérie a cherché à diversifier ses sources pour garantir sa sécurité alimentaire. Cependant, certains observent un lien entre cette chute et la dégradation des relations entre Alger et Paris depuis juillet 2024. Beaucoup parlent de « mesures de rétorsion » de la part de l’Algérie.
Les chiffres montrent en tout cas une tendance claire. Les importations de blé français par l’Algérie sont passées de 5 millions de tonnes en 2019 à 1,5 million de tonnes en 2024. Le journal Le Progrès avait rapporté, en mars dernier, que les ventes « risquent d’être proches de zéro » en 2025. Le même journal avait rappelé que le dernier bateau de blé français a « déchargé sa cargaison en Algérie en juillet dernier », peu avant le début des tensions diplomatiques.
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