Les Etats-Unis prêts à récuser la solution des deux Etats ?

  Ce qui est le plus problématique s’agissant du projet de transfert des habitants de Ghaza, ce n’est évidemment pas que la demande en ait été faite sans ambages à l’Egypte et à la Jordanie par Donald Trump, à peine celui-ci de retour au pouvoir, mais la façon dont il s’y est pris pour la […]

Fév 1, 2025 - 22:22
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Les Etats-Unis prêts à récuser la solution des deux Etats ?

 

Ce qui est le plus problématique s’agissant du projet de transfert des habitants de Ghaza, ce n’est évidemment pas que la demande en ait été faite sans ambages à l’Egypte et à la Jordanie par Donald Trump, à peine celui-ci de retour au pouvoir, mais la façon dont il s’y est pris pour la formuler, qui elle laisse penser qu’il ne s’attendait pas en l’espèce à des difficultés particulières, et encore moins à un double refus. Aussi s’en est-il trouvé des commentateurs, arabes notamment, pour agiter l’idée que son approche aurait été sans doute différente s’il abordait le sujet pour la première fois avec ses interlocuteurs, si quelque temps avant son entrée en fonction il n’en avait pas discuté avec eux et était arrivé à la conviction que somme toute sa proposition n’était pas du genre à leur hérisser le poil, si dans le même temps, il est vrai, elle ne les enthousiasmait pas. L’idée opposée, à savoir qu’il en parlait, en tout cas publiquement, pour la première fois, en effet ne semble pas crédible. La proposition elle-même était dans l’air depuis bien plus longtemps. La guerre commençait à peine qu’elle revenait en force, sauf qu’alors elle ne concernait pas que la population de Ghaza mais également celle de Cisjordanie, la première devant être déportée en Egypte, au Sinaï plus précisément, et la deuxième en Jordanie. Alors, ce n’était pas les Etats-Unis qui la portaient mais Israël, ou plutôt son gouvernement, par l’intermédiaire de certains de ses membres. Aujourd’hui, il n’est encore question que des habitants de Ghaza, qu’il s’agit de répartir entre l’Egypte et la Jordanie. La nouvelle administration américaine ne dit encore rien de ce qu’elle compte faire des Palestiniens de Cisjordanie, mais il va de soi que c’est juste parce qu’elle n’a pas encore réglé le problème posé par ceux de Ghaza. Pour elle, à chaque jour suffit sa peine. Avant d’en arriver à l’ultime transfert, il lui faut passer par une étape décisive : le rejet pur et simple par elle de la solution des deux Etats, un pas que même Israël n’a pas encore complètement franchi, bien qu’il n’attende pour cela que le moment idoine. Officiellement du moins, les Etats-Unis sont toujours partisans de la solution des deux Etats. Le seul fait que leur président non seulement se montre favorable à la déportation de la population de Ghaza, mais s’emploie à la réaliser, est une preuve qu’ils sont déjà prêts à prendre leur distance par rapport à elle. L’Egypte et la Jordanie s’inscriraient elles aussi dans cette optique si pour quelque motif que ce soit elles acceptaient d’accueillir la population de Ghaza. Elles seraient ainsi complices de ce contre quoi elles mettent en garde depuis le début de la guerre, à savoir la liquidation de la cause palestinienne, c’est-à-dire en fait l’abandon de la solution des deux Etats. Pour l’heure, toutefois, on ne peut exclure que l’Egypte et la Jordanie aient été complètement prises au dépourvu par la sortie de Trump, ce qui du même coup expliquerait que leur premier réflexe ait été un mélange d’incrédulité, de prudence et d’expectative. Quoi qu’il en soit, cette attitude ne se justifie pas après la dernière déclaration de Trump sur le même sujet, selon quoi elles ont beau commencer par refuser, elles finiront par accepter, qu’il y aurait pour elles sinon un prix à payer.