L’establishment américain ne promet jamais gratuitement : demandez au Maroc ce que coûte une reconnaissance
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Une contribution du Dr A. Boumezrag – Dans le théâtre bien huilé de la diplomatie américaine, les «alliances» sont rarement des pactes d’honneur ; ce sont des transactions à clause variable, avec intérêts stratégiques et échéances non négociables. Derrière les sourires officiels et les signatures solennelles, l’Oncle Sam agit en créancier prudent : il ne promet jamais gratuitement, et la reconnaissance, comme celle offerte au Maroc pour le Sahara, se paie comptant… et longtemps. Bienvenue dans l’univers impitoyable de la realpolitik version made in USA, où confondre promesse et partenariat revient à signer un chèque en blanc, à vos risques et périls.
Le Maroc : souveraineté contre silence, un marché de dupes
On pourrait croire que le Maroc a réalisé un coup diplomatique historique en obtenant, fin 2020, la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Une victoire ? A première vue, oui. Mais à y regarder de plus près, le royaume a payé cher une promesse qui ne tient que par décret présidentiel – révocable d’un trait de plume par le successeur de Trump. Autrement dit : une reconnaissance hypothéquée.
En échange, le Maroc s’est engagé dans les Accords d’Abraham, reconnaissant Israël officiellement, bravant l’opinion publique intérieure et la cause palestinienne. Tout cela pour obtenir quoi ? Une reconnaissance instable, quelques ventes d’armement et la bénédiction temporaire d’un allié qui, demain, pourrait tout aussi bien rebasculer dans l’ambiguïté onusienne.
Résultat : le Maroc a acheté une reconnaissance fragile contre une compromission stratégique durable. Le royaume pensait avoir signé un partenariat équilibré ; il s’est retrouvé dans une relation déséquilibrée, où l’establishment américain a fixé les conditions, encaissé les dividendes et laissé à Rabat la gestion des conséquences diplomatiques et populaires.
L’establishment américain ne promet pas, il conditionne
Et ce cas n’est pas isolé. Il illustre parfaitement la mécanique américaine : donner d’une main, reprendre de l’autre. Soutien politique contre normalisation. Accès préférentiel contre alignement géostratégique. Et surtout : rien n’est gratuit. Même la reconnaissance est tarifée, et le prix n’est jamais fixe.
Avec l’Oncle Sam, ce n’est jamais «gagnant-gagnant». C’est «vous gagnez… si ça l’arrange». Et même là, il peut changer d’avis. Parce que dans la boutique USA Inc., le client n’a jamais raison, sauf s’il paie comptant, reste discret et ne remet jamais en question les règles du jeu.
Quand l’Oncle Sam sort la facture, c’est qu’il cache le revolver. Et le Maroc, comme tant d’autres, a signé… sans lire la ligne «non remboursable, non opposable, révocable sans préavis».
L’establishment américain, cet allié conditionnel
Il faut bien le dire : les Etats-Unis ne mentent pas. Ils ne promettent pas d’amitié éternelle. Ils ne chantent pas la fidélité. Non. Ce sont souvent leurs «alliés» qui s’inventent des histoires d’amour géopolitique, des illusions de partenariat équilibré, alors qu’ils sont en réalité des variables d’ajustement, utiles tant qu’ils remplissent un rôle, et solubles dans l’oubli diplomatique dès qu’ils dévient du script.
Et quand ils demandent «un geste», ce n’est jamais pour la galerie. Ce sera une base militaire, un vote à l’ONU, une normalisation imposée, un contrat énergétique ou un alignement stratégique. Et gare à celui qui refuse : suspension d’aides, sanctions, isolement ou humiliation publique – version douce du revolver.
Du partenariat à la servitude soft
La logique américaine n’est pas celle du partenariat, mais celle de la «servitude consentie» : vous signez, vous croyez avoir gagné une place à la table mais, très vite, vous réalisez que vous servez le plat. Et si vous osez contester la recette, on vous rappelle que la cuisine, les couteaux et même le feu ne vous appartiennent pas.
Le Maroc, en cela, n’est ni une exception ni une erreur. Il est un cas d’école, un manuel vivant de ce que l’establishment américain appelle un «partenaire fiable» : celui qui exécute, paie, s’aligne… et attend un merci qui ne viendra jamais.
Leçon (amère) de realpolitik. La vraie leçon de tout cela ? Elle tient en une phrase – cynique, froide, mais d’une vérité implacable : l’establishment américain ne fait pas des alliances, il fait des affaires ; ceux qui confondent promesse et partenariat finissent toujours par payer le prix fort. Et souvent avec intérêts cumulés.
De la naïveté à la note salée
L’establishment américain ne fait pas des alliances, il fait des affaires ; ceux qui confondent promesse et partenariat finissent toujours par payer le prix fort.
Certains y voient une leçon de realpolitik. D’autres, une gifle diplomatique maquillée en poignée de mains. Mais cette phrase résume une vérité simple, presque enfantine : l’Oncle Sam ne donne rien, il vend tout. A crédit parfois, avec intérêts souvent, et sans garantie de service après-vente.
Ceux qui s’imaginent avoir signé un pacte d’égal à égal se réveillent un matin avec un contrat flou, une dette morale et un ultimatum. Car dans le dictionnaire américain des relations internationales, «allié» est un synonyme de «client stratégique», et «partenariat» un nom de code pour «dépendance consentie avec option de rupture unilatérale».
Et pendant que les chancelleries comptent les bénéfices espérés, Washington comptabilise, lui, les leviers de pression acquis : un vote à l’ONU ici, un pipeline gelé là, un contrat d’armement verrouillé ailleurs. Chaque geste est une transaction, chaque silence une facture déguisée.
Le cynisme américain n’est pas caché. Il est clair, affiché, assumé, gravé dans les doctrines, chiffré dans les budgets, sculpté dans les deals. C’est le reste du monde qui persiste à y voir un idéal, une loyauté ou une fraternité de circonstance. Il confond le costume du marchand avec celui de l’ami.
Or, l’establishment américain ne trahit jamais vraiment ses partenaires ; ils se sont simplement trompés sur la nature de la relation. Ils ont cru à une alliance. Ils ont signé un contrat.
Et comme dans tout bon contrat américain, les petits caractères sont écrits en dollars et en… désillusions.
A. B.
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