Peur

Plusieurs années plus tard, l’image humiliante de la longue table de négociations opposant Vladimir Poutine et Emmanuel Macron à Moscou, lors d’une énième visite du président français tentant alors de s’imposer comme un intermédiaire entre le Kremlin et Kiev, reste encore vivace. Une image saisissante qui a généré un impressionnant lot de caricatures, de satires […]

Juil 12, 2025 - 00:02
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Peur

Plusieurs années plus tard, l’image humiliante de la longue table de négociations opposant Vladimir Poutine et Emmanuel Macron à Moscou, lors d’une énième visite du président français tentant alors de s’imposer comme un intermédiaire entre le Kremlin et Kiev, reste encore vivace. Une image saisissante qui a généré un impressionnant lot de caricatures, de satires et de plaisanteries. Finalement, l’Élysée prenant conscience que le président russe ne donnait aucune importance aux efforts français, a fini par abandonner son rôle autoproclamé d’intermédiaire pour se ranger définitivement du côté du camp ukrainien. Mais plus que cela, l’Hexagone n’a cessé depuis de se montrer particulièrement virulent vis-à-vis de Moscou, menaçant la Russie et se présentant comme un adversaire capable, si besoin, de rejoindre la guerre qui mine l’Europe de l’Est depuis trois ans et demi. La position de Paris s’est faite si agressive ces dernières années, que Berlin, autre grand soutien de Kiev, a dû à de nombreuses reprises s’exprimer pour se distancer de la posture française. Aujourd’hui encore, alors que tous les espoirs de paix sont dirigés sur la médiation américaine, la France ne peut s’empêcher de continuer à s’insérer dans ce dossier, assurant être une cible pour la Russie. En effet, en refusant «de faire peur aux Français», le chef d’état-major des Armées, le général Thierry Burkhard, a exposé hier l’état des menaces qui pèsent sur le pays, plus de trois ans après le début de la guerre en Ukraine et alors que l’ordre international est profondément et durablement bouleversé. «Il ne faut pas s’attendre à un retour en arrière à un horizon visible», a expliqué le plus haut gradé de l’armée française dans un exercice rare, quasi inédit, de conférence de presse. «La Russie a désigné la France comme son premier adversaire en Europe», a déclaré le général Burkhard en constatant que Moscou menait une guerre hybride contre l’Occident, faite de désinformation et de cyber attaques, d’actions dans l’espace et sous les mers. La Russie «est une puissance militaire nucléaire et conventionnelle», a-t-il poursuivi. Elle possède «tous les attributs d’un État totalitaire : une capacité de décision centralisée, un conditionnement de la population», a-t-il ajouté. Pour l’Europe et la France, il s’agit «d’une menace durable proche et dimensionnante». À l’horizon 2030, «elle constituera une vraie menace à nos frontières», a estimé l’officier en résumant l’objectif recherché, selon lui, par Vladimir Poutine : «Affaiblir l’Europe et démanteler l’OTAN». Il s’est toutefois gardé de se prononcer sur le risque d’un engagement majeur de l’armée française en Europe d’ici quelques années pour défendre un pays allié. «La guerre est déjà là en Europe», s’est-il contenté de commenter. Après avoir mené ce type d’exercice auprès des parlementaires et des membres du gouvernement, le chef d’état-major des armées, missionné par le président, espère contribuer à une prise de conscience généralisée et rompre avec «une forme d’accoutumance à la violence». Le général a recommandé de porter un regard «lucide» sur la situation internationale. Ailleurs dans le monde, le recours à la force et à la déstabilisation sont devenus une nouvelle norme. «La cohésion nationale ne peut pas se trouver sans prise de conscience, s’il y a un déni», a-t-il prévenu. Mais ce qui expose encore plus la France est l’attitude belliqueuse d’Emmanuel Macron, que même ses alliés européens dénoncent à chaque nouveau «dérapage». Car mis à part Paris, personne en Europe de l’Ouest ne se voit se lancer dans une guerre avec un ennemi aussi déterminé et acharné que Moscou et les menaces et dépassements des dirigeants français ne font qu’ajouter à une crise qui n’en finit plus. Un conflit qui aura déjà coûté plus de 50 milliards d’euros aux pays de l’UE, dont les peuples, dans un contexte de crise économique, fatigués de cette ponction qui ajoute à leur difficulté, pourraient bien dans les années à venir se tourner vers des partis politiques qui leur permettront de fermer le robinet financier qui alimente l’effort de guerre de Kiev.
F. M.