Peur
Emmanuel Macron a réussi à se mettre à dos ses partisans les plus zélés en choisissant, au soir des élections européennes, d’annoncer la tenue d’élections législatives anticipées pour la fin du mois de juin. Une décision qui enrage dans le camp des centristes, où l’on est plus nombreux à désapprouver ce choix qu’à le soutenir. […]
Emmanuel Macron a réussi à se mettre à dos ses partisans les plus zélés en choisissant, au soir des élections européennes, d’annoncer la tenue d’élections législatives anticipées pour la fin du mois de juin. Une décision qui enrage dans le camp des centristes, où l’on est plus nombreux à désapprouver ce choix qu’à le soutenir. Même parmi ses ministres les plus fidèles, l’initiative du président de la République passe mal. Peut-être pour tenter de se justifier, Macron n’hésite pas à dramatiser au possible la situation actuelle en France. Alors que les sondages pointent un retard du camp présidentiel par rapport au Rassemblement National et au Nouveau Front Populaire, Emmanuel Macron a en effet brandi une menace, celle de la «guerre civile» après le scrutin. Et les «deux extrêmes» sont directement visés. «La réponse de l’extrême droite en matière d’insécurité, parce qu’elle renvoie les gens ou à une religion ou à une origine, c’est en ça qu’elle divise et qu’elle pousse à la guerre civile», a dit le chef de l’État dans le podcast «Génération Do It Yourself». En face, La France Insoumise propose «une forme de communautarisme… un peu électoral», «mais ça c’est aussi la guerre civile derrière, parce que c’est d’abord renvoyer des gens exclusivement à leur appartenance ou religieuse ou communautaire», a-t-il ajouté. «Je pense que c’est un danger et c’est pour ça que je pense que le Rassemblement National et La France Insoumise répondent à des vrais problèmes, des vraies colères, des vraies angoisses, celles de la personne qui se dit ‘’on ne répond pas à mon problème de sécurité’’, celle qui dit ‘’je ne suis pas reconnue et protégée parce que je suis musulman’’», a estimé le président de la République. Mais ils «répondent mal à mes yeux, en accroissant la conflictualité et la guerre civile». «Moi je crois qu’il y a une réponse par plus d’efficacité mais dans la République», a-t-il insisté. «Quand on en a ras-le-bol de tout, que la vie est dure au quotidien, on peut être tenté par des extrêmes qui ont des solutions plus rapides. Mais la solution, elle sera jamais dans le rejet de l’autre», a martelé Emmanuel Macron. Selon lui, «par rapport à ceux qui sont tentés par les deux extrêmes, ce qu’on doit faire dans les deux ou trois ans qui viennent, c’est dire’’on doit être beaucoup plus ferme, beaucoup plus fort partout où la République n’est pas au rendez-vous de la sécurité et de l’impunité’’». De même, il dit vouloir être «beaucoup plus ferme, beaucoup plus efficace partout où la République n’est pas au rendez-vous de l’égalité des chances». Cependant, le président centriste est à la tête du pays depuis déjà sept ans et la situation de la France loin de s’être améliorée se serait même, du point de vue de beaucoup de ses opposants et de Français lambda, dégradées, que ce soit sur le plan économique ou social. Essayer de convaincre les électeurs de faire confiance à l’Élysée ne sera pas chose aisée et cela les cadres et élus centristes le savent. La seule carte que peut encore jouer Macron est celle de la peur et il l’utilise désormais allégrement, faisant planer le spectre d’une guerre civile pour décourager les électeurs à voter pour ses adversaires.
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