L’impasse sahraouie : voici pourquoi le Maroc ne pourra éviter le référendum

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Mai 24, 2025 - 08:55
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L’impasse sahraouie : voici pourquoi le Maroc ne pourra éviter le référendum

Par Mohamed El-Maadi – La reconnaissance du Sahara Occidental comme territoire marocain par certaines puissances occidentales – notamment les Etats-Unis sous l’administration Trump, Israël ou encore, plus récemment, des appuis implicites comme celui de la France – ne saurait constituer ni une légitimation juridique durable ni un état de fait accepté par la communauté internationale. Ces reconnaissances sélectives, qui contournent les principes fondamentaux du droit international, ne font qu’affaiblir l’architecture normative mondiale. Elles introduisent une logique de rapports de force qui menace de faire jurisprudence et d’ouvrir la voie à d’autres revendications territoriales «historiques» à travers le globe, alimentant ainsi une dangereuse fragmentation de l’ordre international.

Une question non résolue et un précédent universel

Le cas sahraoui n’est pas une affaire régionale : il touche aux fondements mêmes du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tel que défini par la Charte des Nations unies et les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. A ce jour, le Sahara Occidental est reconnu par l’ONU comme un territoire non autonome, et la Cour internationale de justice, dès 1975, a écarté toute souveraineté marocaine sur le territoire, affirmant que les liens allégués avec certaines tribus sahraouies ne remettaient pas en cause le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Dès lors, le Maroc ne pourra durablement faire l’économie d’un référendum d’autodétermination, pour trois raisons essentielles.

La légalité internationale comme verrou stratégique : l’ensemble des résolutions onusiennes depuis 1966, y compris celles négociées sous l’égide de James Baker dans les années 1990-2000, établissent le référendum comme solution politique centrale. En persistant à refuser cette voie, Rabat s’expose à un isolement croissant à mesure que l’ordre multipolaire en gestation remet en cause les logiques d’imposition par la force.

Le principe d’universalité du droit à l’autodétermination : si l’on accepte qu’un Etat puisse, avec l’appui de quelques puissances, annuler ce droit, alors rien n’empêchera d’autres entités – y compris dans des zones conflictuelles comme l’Ukraine orientale, la Transnistrie ou Taïwan – d’invoquer des précédents similaires. Or, dans un monde où les équilibres sont de plus en plus fragiles, aucune grande puissance ne peut se permettre de légitimer un précédent qu’elle pourrait subir demain.

La centralité du Sahara dans le réveil du Sud global : pour une majorité de pays africains, d’Amérique latine et d’Asie, la question sahraouie est devenue un symbole de lutte contre la recolonisation par procuration. A mesure que ces pays gagnent en poids diplomatique dans les enceintes internationales (G77, BRICS+, Union africaine), l’exigence du référendum va s’imposer comme une revendication politique globale, non comme une lubie d’un mouvement séparatiste.

Une diplomatie française en perte de repères

La France, en se ralliant de facto à la position marocaine, a tourné le dos à cinquante ans de politique d’équilibre entre Alger et Rabat. Cette rupture ne lui permet pas de peser sur la scène internationale, y compris dans des crises qu’elle juge prioritaires comme l’Ukraine, où son discours sur le respect de la souveraineté territoriale apparaît désormais entaché de contradictions. Ce renoncement à une politique étrangère autonome a fait de la France non plus un arbitre, mais un acteur aligné, perçu avec méfiance au Sud comme au Nord.

Vers une impasse diplomatique ou un sursaut politique ?

En refusant l’option référendaire, le Maroc ne gagne pas en légitimité : il s’enferme dans une logique d’occupation prolongée qui ne pourra produire ni reconnaissance internationale unanime ni pacification durable du territoire. L’illusion d’une «marocanité» du Sahara ne résiste pas à l’épreuve des faits juridiques, ni à celle de la démographie : toute solution imposée sans consultation du peuple sahraoui ne pourra que nourrir les tensions internes et renforcer le front diplomatique adverse, porté par des puissances émergentes.

En définitive, ce n’est pas le référendum qui est dépassé, c’est l’idée que l’on peut encore construire des souverainetés sans les peuples.

M. E.-M.

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