Macron III : vers la Sixième République ou la monarchie moderne ?
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Une contribution du Dr A. Boumezrag – Et si la solution à l’impasse démocratique française tenait en un seul homme, un seul mandat… de trop ?
Pendant que la France se perd dans un débat sans fin sur la légitimité de ses institutions, une idée revient avec la régularité d’une grippe saisonnière : celle d’un troisième mandat pour Emmanuel Macron. Absurde, disent certains. Inévitable, murmurent d’autres. Une simple rumeur, certes – mais dans cette République où tout est devenu théâtre, même les pires scénarios méritent leur place à l’affiche.
Derrière les sourires feutrés de la République en marche (ou en cale sèche ?), on entend déjà les justifications prêtes à l’emploi : «face à la montée des extrêmes», «dans l’intérêt supérieur de la nation», «parce que personne d’autre ne coche les cases du sérieux». On connaît la musique. Ce même air qui nous a déjà fait passer une réforme des retraites sans majorité, des conseils de défense sanitaires façon bunker et une verticalité du pouvoir si prononcée qu’elle donne le vertige même aux courtisans.
Alors oui, pourquoi pas un Macron III, finalement ? Un président pour qui le «en même temps» rime souvent avec «à moi tout seul». Une République réduite à un homme, ses conseillers et quelques joutes oratoires à l’Assemblée, pour maintenir les apparences.
Mais attention : le troisième mandat ne serait pas qu’une anomalie constitutionnelle. Ce serait un saut de l’ange dans le post-démocratique. On ne parlerait plus d’alternance, mais de continuité. Pas d’un président de la République, mais d’un monarque républicain, couronné par l’impuissance de ses adversaires et l’apathie d’un peuple épuisé.
Et dans ce contexte, on ose parler de Sixième République. Jolie formule pour dire qu’on veut refaire les murs alors que les fondations s’effondrent. Car soyons honnêtes : ce qu’on appelle «réforme institutionnelle» n’est souvent qu’une tentative de sauver le système… sans toucher au système.
Alors, Sixième République ou monarchie moderne ? L’une ou l’autre, ou peut-être les deux à la fois. Une République qui prétend se réinventer pendant qu’elle se recroqueville sur un pouvoir toujours plus concentré. Une monarchie qui ne dit pas son nom, mais qui gouverne à coups de 49.3 et de conseils restreints. Une démocratie dont l’unique plan de relance semble être… la reconduction du même pilote, malgré la panne générale.
Mais, après tout, qui d’autre ? Voilà peut-être la vraie victoire de Macron : avoir tant affaibli le débat qu’il en devient la seule réponse possible.
Et si c’était ça, le génie du XXIe siècle : remplacer la volonté du peuple par l’absence d’alternative ?
Finalement, Macron n’a peut-être pas besoin d’un troisième mandat. Il lui suffit de rester le seul adulte dans une pièce pleine d’enfants qui se disputent des jouets cassés. Pendant que la gauche s’autodétruit, que la droite cherche encore son âme et que l’extrême-droite se repeint en gestionnaire raisonnable, lui avance. Tranquille. Président, Premier ministre officieux, chef d’orchestre d’un Parlement fracturé – et bientôt, pourquoi pas, père fondateur d’une Sixième République sur mesure ?
La boucle serait bouclée : refaire la République, mais sans en changer le roi. En France, on ne renverse pas le pouvoir, on le reconduit avec panache, en espérant qu’il finisse par bien faire.
Moralité : en politique, il n’y a pas de moralité. Il n’y a que des intérêts bien défendus, des convictions bien mises en scène et des mandats qui, quand ils ne suffisent pas, s’inventent une suite.
La vertu est un costume de campagne, le cynisme, un art de gouverner.
A. B.
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