Maroc : Le mariage fastueux d’un baron de la drogue révèle les liens profonds entre le « Makhzen » et le crime organisé
Un mariage extravagant organisé près de Nador pour un célèbre narcotrafiquant, en présence des criminels les plus recherchés d’Europe, a déclenché une enquête des services de sécurité européens. L’événement met en lumière non seulement l’impunité dont jouissent les grands barons au Maroc, mais aussi une guerre intestine explosive entre les services de renseignement marocains, qui […]

Un mariage extravagant organisé près de Nador pour un célèbre narcotrafiquant, en présence des criminels les plus recherchés d’Europe, a déclenché une enquête des services de sécurité européens.
L’événement met en lumière non seulement l’impunité dont jouissent les grands barons au Maroc, mais aussi une guerre intestine explosive entre les services de renseignement marocains, qui s’accusent mutuellement de complicité avec les réseaux mafieux.
Le Maroc, souvent pointé du doigt comme le premier producteur mondial de cannabis (kif) et de sa résine, le haschich, se retrouve une nouvelle fois au cœur d’un scandale international qui confirme son statut de « narco-État ».
Selon des révélations fracassantes du journal espagnol « El Independiente », les liens présumés entre les appareils sécuritaires et de renseignement du royaume et les puissants réseaux de trafic de drogue ne sont plus à prouver.
Les agences de sécurité européennes ont ouvert des enquêtes approfondies suite à un événement qui dépasse l’entendement.
Un mariage sous haute protection… criminelle
Le 13 août dernier, dans la petite ville d’Azghenghan, près de Nador, au cœur de la région du Rif, un baron de la drogue surnommé « Moussa » célébrait son mariage.
Loin d’être une fête discrète, l’événement fut une démonstration de force et d’opulence, retransmise et suivie par plus de 10 millions de personnes sur les réseaux sociaux.
Voitures de luxe sans plaques d’immatriculation, étalage d’armes à feu, mets somptueux et présence des chanteurs les plus en vogue du pays : le décor était planté.
Mais le plus alarmant pour les services de police européens fut la liste des invités. Les plus grands et dangereux narcotrafiquants activement recherchés par les Pays-Bas, la France et l’Espagne étaient présents.
Venus de Dubaï, devenu un sanctuaire pour la « Mocro Maffia » et les clans des Balkans, ou d’autres régions du Maroc, ces criminels ont pu festoyer en toute quiétude, sous le nez des autorités marocaines.
La guerre des services secrets marocains éclate au grand jour
Pour les enquêteurs européens, cités par « El Independiente », la collusion entre les services marocains et les trafiquants est « totale et complète », rappelant la situation de la Colombie dans les années 1990.
Ce scandale met en lumière une lutte de pouvoir sans précédent au sommet de l’État marocain, dans le cadre de la guerre de succession de Mohammed VI.
Deux appareils s’affrontent violemment : d’un côté, la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST), le renseignement intérieur dirigé par le puissant Abdellatif Hammouchi.
De l’autre, la Direction Générale des Études et de la Documentation (DGED), le renseignement extérieur, mené par Yassine Mansouri, ami d’enfance du roi.
Depuis des mois, des médias affiliés à la DGST accusent publiquement des hauts responsables de la DGED d’être directement impliqués dans le trafic de drogue.
« Le fait principal n’est pas le conflit entre les services, mais le fait que l’un accuse l’autre de trafic de drogue. C’est une reconnaissance quasi officielle et un événement sans précédent », a confié une source marocaine proche du dossier au journal espagnol.
La réaction des autorités marocaines suite au scandale médiatique est encore plus révélatrice.
Face à l’indignation de certains citoyens sur les réseaux sociaux (« Où sont les autorités ? Pourquoi personne n’est arrêté ? »), une vague d’arrestations a bien eu lieu.
Cependant, selon les informations d' »El Independiente », sur les 34 personnes interpellées, la plupart étaient des militants réclamant l’indépendance du Rif et n’avaient aucun lien avec le réseau de « Moussa ». Les véritables criminels, eux, n’ont pas été inquiétés.
Pire encore, le gouvernement serait intervenu après les faits pour « conseiller » à « Moussa » de quitter le territoire, facilitant même son départ de la région du Rif.
Le baron et sa nouvelle épouse se sont enfuis vers les côtes espagnoles, avant de trouver refuge dans un autre pays européen.
L’opération visait non pas à arrêter les coupables, mais à étouffer l’affaire et à protéger les hautes sphères impliquées.
Le Maroc, un sanctuaire pour les fugitifs européens
Cet événement confirme une tendance observée par les polices européennes : les grands criminels choisissent de plus en plus le Maroc comme base arrière, profitant d’un sentiment d’impunité totale.
Plusieurs fugitifs de premier plan y seraient cachés. Parmi eux, l’Espagnol Sergio Jesús Carrasco, recherché pour l’importation massive de cocaïne, et surtout Karim Bouyakhrichan, l’un des leaders de la « Mocro Maffia », recherché aux Pays-Bas pour avoir menacé de mort la princesse héritière Amalia.
Son évasion rocambolesque après une arrestation en Espagne, suite à une « erreur judiciaire » pour le moins suspecte, soulève de nombreuses questions sur d’éventuelles complicités.
Le mariage de « Moussa » n’était donc pas seulement une fête. C’était un message envoyé au monde : « Nous sommes ici, et personne ne peut nous toucher ». Comme le résume une source marocaine, « Moussa n’est pas juste une personne… c’est tout un système ». Un système où le crime organisé et les appareils d’État semblent ne faire qu’un.