Militarisation de l’aide humanitaire

Américains et Israéliens se sont entendus, probablement avant le blocage complet de l’aide humanitaire, commencé quant à lui début mars, c’est-à-dire avant la violation du cessez-le-feu par Israël, pour prendre le contrôle de l’aide humanitaire en en confiant la réception et la distribution à une organisation privée créée par eux. Celle-ci s’appelle la Fondation humanitaire […]

Mai 27, 2025 - 21:34
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Militarisation de l’aide humanitaire

Américains et Israéliens se sont entendus, probablement avant le blocage complet de l’aide humanitaire, commencé quant à lui début mars, c’est-à-dire avant la violation du cessez-le-feu par Israël, pour prendre le contrôle de l’aide humanitaire en en confiant la réception et la distribution à une organisation privée créée par eux. Celle-ci s’appelle la Fondation humanitaire pour Ghaza, plus officiellement : Gaza Humanitarian Foundation, GHF. La justification avancée par eux en cela, est que les secours sont détournés par le Hamas, qui ce faisant affame la population civile, en même temps qu’il la réserve à ceux des Ghazaouis qui se plient à sa volonté. 11 organisations humanitaires opérant dans Ghaza ont nié qu’il en soit ainsi. Toutes se refusent à prendre part à ce qui est dénoncé aussi bien par la Croix rouge internationale, l’UNRWA, que par bien d’autres organisations, comme une militarisation de l’aide humanitaire, une perversion de cette dernière à laquelle elles n’ont l’intention de s’associer ni de près ni de loin. Aux dernières nouvelles, la personne mise à la tête de GHF, finalement prise de scrupule, a rendu le tablier, quelques heures seulement avant le début des opérations.

L’une des particularités de ce dispositif, elle n’est pas la seule, c’est que l’aide, arrivant déjà en quantité insuffisante par rapport aux besoins réels, ne sera distribuée que sur trois points précis se trouvant tous dans le sud, derrière l’axe Morag, et sous la surveillance constante de l’armée israélienne. N’en bénéficierait qu’une partie de la population de Ghaza, l’autre restée au centre et au nord en est privée, en tout cas dans un premier temps. En fait, jusqu’à ce que sous l’aiguillon de la famine, elle se déporte d’elle-même au nord, si bien que tous les habitants de Ghaza se retrouvent parqués dans des ghettos d’où il leur serait impossible de sortir, et d’où il serait plus facile de les transférer hors de Palestine. On le voit, Américains et Israéliens ont conçu une nouvelle stratégie pour en finir avec la résistance à Ghaza. Elle consiste à vider Ghaza de sa population civile, en la confinant derrière des barrières surveillées par l’armée, de sorte que tout ce qui est à l’extérieur de la zone contrôlée est occupé par la résistance, à l’air libre comme en sous-sol, et qu’il ne reste plus alors qu’à réduire à néant. Il était question dans les premiers mois de la guerre d’inonder le réseau de tunnels de la résistance, solution radicale s’il en est, mais dont s’était vite aperçu qu’elle n’était pas praticable. On avait cru jusque-là que la nouvelle stratégie israélienne était d’occuper tout Ghaza. En réalité il ne s’agit pas tant de l’occuper que d’en faire un désert inhabité, un no man’s land, avant d’y déverser un déluge de plomb et de feu, de la retourner de fond en comble, jusqu’à ce que plus rien n’y bouge, à sa surface comme sous elle. Le plan n’a de chance de réussir que si la population est affamée, de sorte qu’elle se laisse attirer là où l’occupant veut qu’elle soit parquée. Que telle soit bien l’intention des Israéliens et des Américains, pas seulement des premiers, cela ne fait aucun doute. Pour preuve, la double nationalité de la GHF, à la fois israélienne et américaine, coiffée par des vétérans non de l’humanitaire mais de la guerre.