Monarchie en feu

Par Karim B. – La révolution à laquelle songent les Marocains en colère ne doit pas être une simple revanche, mais une refondation avec une souveraineté enfin recouvrée.

Oct 1, 2025 - 13:16
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Monarchie en feu

Par Karim B. – Le royaume marocain se fissure sous le poids d’un pouvoir familial qui confond patrimoine privé et bien public. La famille royale, protégée par un appareil d’Etat opaque et prédateur, a longtemps surfé sur l’assurance que le prestige monarchique suffirait à masquer privilèges, népotisme et clientélisme. Aujourd’hui, cette bulle se perce sous les coups de la misère, des arrestations arbitraires et du mépris institutionnalisé. Les Marocains ne réclament pas la charité, ils exigent dignité, justice et des institutions qui les servent plutôt que de les spolier.

Ce qui frappe dans la réplique du pouvoir, c’est l’arrogance d’un régime sourd aux signes avant-coureurs. Répression policière et détentions arbitraires. Autant de symptômes d’un Etat aux abois qui préfère étouffer les revendications plutôt que d’y répondre. Ce mépris n’est pas seulement politique, il est moral. Il nourrit la colère et radicalise le rejet. La violence des réactions populaires n’est que le miroir d’une violence structurelle – pauvreté, inégalités, accumulation sans contrepoids – imposée par ceux qui s’accrochent au trône.

La transformation de la colère en projet politique exigera lucidité et discipline. La révolution à laquelle songent les Marocains en colère ne doit pas être une simple revanche, mais une refondation. La souveraineté retrouvée se gagne d’abord sur le terrain interne, puis à l’international, car le rêve d’un Maroc républicain, libre et indépendant, ne peut se réaliser si les Marocains ne neutralisent pas la France et Israël, principale source de pouvoir despotique du régime monarchique actuel.

Dans cette perspective de refondation politique, un Maroc démocratique tirerait un avantage stratégique et humain évident d’une réintégration sincère au sein du Maghreb. La normalisation des relations avec l’Algérie, une fois un nouveau pouvoir républicain installé, permettrait de lever les tensions artificielles exploitées par le Makhzen pour détourner l’attention des problèmes intérieurs.

Replacer le Maroc dans son espace naturel maghrébin – coopération économique, sécurité partagée, etc. – renforcerait la souveraineté réelle du pays et affaiblirait les logiques de division. Une politique étrangère apaisée et tournée vers l’intégration régionale serait un signe tangible de changement, lequel donnerait la priorité aux intérêts collectifs plutôt qu’à des postures qui servent des intérêts particuliers.

K. B.