Moudjahidine formés en Chine : Mémoire vivante d’une coopération historique
Une cérémonie empreinte d’émotion et de reconnaissance s’est tenue, ce lundi à Alger, au siège du ministère des Moudjahidine et des Ayants droit, où le ministre Laïd Rebiga a reçu une délégation de moudjahidine ayant suivi une formation dans le domaine de l’aviation en République populaire de Chine durant la guerre de Libération nationale. Une […] The post Moudjahidine formés en Chine : Mémoire vivante d’une coopération historique appeared first on Le Jeune Indépendant.
Une cérémonie empreinte d’émotion et de reconnaissance s’est tenue, ce lundi à Alger, au siège du ministère des Moudjahidine et des Ayants droit, où le ministre Laïd Rebiga a reçu une délégation de moudjahidine ayant suivi une formation dans le domaine de l’aviation en République populaire de Chine durant la guerre de Libération nationale. Une rencontre hautement symbolique, marquée par la présence de l’ambassadeur de la république populaire de Chine en Algérie, Dong Guangli.
Les anciens moudjahidine venaient tout juste de rentrer d’un voyage officiel en Chine, effectué en mai dernier. Un voyage qui leur a permis de retrouver les bancs des écoles où ils avaient été formés il y a plus de soixante ans, à l’instar de l’école aéronautique de Shijiazhuang. Un moment fort de retrouvailles et de mémoire, mais aussi un témoignage vivant de l’histoire de la coopération sino-algérienne.
Ces combattants algériens ont suivi formation militaire de deux années dans des écoles d’aviation chinoises, se spécialisant en pilotage, opérations de bombardement, soutien technique et systèmes de radar notamment à Harbin, dans le nord-est de la Chine.
Cette visite, organisée dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord signé en juillet 2023 entre le ministère des Moudjahidine et le ministère chinois des Anciens combattants, à l’occasion de la visite d’Etat du président Abdelmadjid Tebboune en Chine, traduit la volonté des deux pays de préserver la mémoire partagée de la lutte contre le colonialisme et de renforcer leurs relations historiques.
Dans son allocution, M. Rebiga a salué « l’engagement et le sacrifice de ces vétérans de l’indépendance qui, formés à l’étranger dans un contexte de guerre, ont posé les bases de ce qui deviendra plus tard l’Armée de l’air algérienne ». Il a tenu à souligner que leur formation en République populaire de Chine s’inscrivait dans la vision stratégique et avant-gardiste de l’Armée de libération nationale (ALN), soucieuse de doter la future Algérie indépendante d’un corps militaire aérien compétent et structuré.
Il a déclaré que « ce geste de reconnaissance est un hommage appuyé à ces héros de l’ombre qui ont contribué, par leur savoir-faire acquis dans un pays ami, à l’édification d’une armée nationale souveraine. C’est aussi une manière de rendre hommage à l’appui indéfectible de la Chine, premier pays non arabe à avoir reconnu le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) »
Pour sa part, l’ambassadeur Dong Guangli a déclaré que « l’Algérie est un pays frère et ami. Ce qui nous lie, ce sont des relations historiques, mais aussi des partenariats de coopération dans plusieurs autres domaines ».
Un pont humain entre les deux nations
Les moudjahidine présents, à l’instar de Lounès Boudaoud, Amar Hammoudi, Mohamed Saïd Meghni et Amar Mechri, ont exprimé leur profonde émotion et leur gratitude d’avoir pu revivre ce pan fondateur de leur parcours militaire. Le voyage leur a permis non seulement de renouer avec les lieux de leur formation mais aussi de retrouver d’anciens camarades et formateurs chinois, dans une atmosphère fraternelle chargée d’histoire.

MM. Dong et Rebiga honorent un ancien moudjahid formé en Chine
Ils ont salué l’initiative des autorités algériennes et chinoises, qui ont permis la concrétisation de ce projet, longtemps espéré. « Ce retour en Chine a ravivé en nous une période marquante, à la fois rude et fondatrice. Nous avons retrouvé les écoles, les machines, et parfois même certains des visages d’alors. Ce fut un véritable retour aux sources », ont-ils confié.
Après avoir reconnu officiellement le gouvernement provisoire de la République algérienne en septembre 1958, la Chine a accueilli entre 1959 et 1961 un total de 27 combattants algériens pour une formation complète en aviation.
Lors d’un récent entretien accordé à Xinhua, Boudaoud Lounes et Drid Ahmed Lakhdar, deux des aviateurs algériens formés en Chine, racontent leurs expériences dans ce pays caractérisées par la solidarité et l’amitié par-delà les montagnes et la mer.
Boudaoud Lounes, ancien pilote de bombardier né en octobre 1935, fut parmi la première équipe d’aviateurs algériens formés en Chine durant la guerre d’indépendance algérienne. « Nous avons d’abord reçu une formation de base en Syrie, à une école militaire d’Alep », se souvient-il. « Mais pour notre formation spéciale continue, le premier pays qui a répondu, c’était la Chine ».
Le quinquagénaire se rappelle encore avec émotion de l’impression profonde que la Chine lui a laissée en tant que jeune stagiaire. « Ce peuple nous est apparu comme dynamique, digne, avec une mémoire historique forte. Nous avons tout de suite perçu les parallèles entre les luttes du peuple chinois et les nôtres ».
Plus que la formation militaire, il y avait la cofiance et la motivation. « Ce qui nous a le plus touchés, ce n’était pas seulement le savoir militaire. C’était la foi qu’ils avaient en nous. Nous étions traités avec respect. En Chine, nous nous sentions comme des frères », affirme M. Boudaoud.
Drid Ahmed Lakhdar, qui fit partie de la deuxième équipe de combattants algériens envoyés en Chine en 1959, se forma en tant que pilote de chasse. Son groupe était basé à Shijiazhuang, dans le nord du pays.
Aux yeux de M. Drid, le soutien de la Chine était enraciné dans une lutte commune contre le colonialisme et l’occupation étrangère. « Nous avons trouvé bien plus qu’une assistance militaire.
C’était une véritable solidarité, profondément fraternelle et patriotique », indique-t-il, ajoutant que « les Chinois savent ce que signifie être colonisé. Leur engagement venait d’une expérience vécue ».
Ce voyage a confirmé non seulement les relations solides entre l’Algérie et la Chine mais a bien démontré qu’un pays aussi lointain était attentif aux respirations du peuple algérien par delà les mers et les montagnes.
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