Socialisme

Les électeurs gouvernés par des régimes de droite votent souvent désespérément à gauche pour un changement radical qui améliorera leur vie. Toutefois, les électeurs gouvernés par des régimes de gauche font exactement de même et tentent de croire que les politiciens de droite seront la solution. Malheureusement pour eux, dans un cas comme dans l’autre, […]

Août 13, 2025 - 21:12
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Socialisme

Les électeurs gouvernés par des régimes de droite votent souvent désespérément à gauche pour un changement radical qui améliorera leur vie. Toutefois, les électeurs gouvernés par des régimes de gauche font exactement de même et tentent de croire que les politiciens de droite seront la solution. Malheureusement pour eux, dans un cas comme dans l’autre, un changement politique change rarement miraculeusement leurs conditions de vie. Parfois, elles se dégradent même considérablement. Le désenchantement est particulièrement brutal en Amérique du Sud, où de nombreuses nations passent inlassablement d’un régime à l’autre pour tenter de se sortir du marasme économique et social. La Bolivie a ainsi été l’un des exemples les plus flagrants de l’échec du socialisme en Amérique latine, avec une élection triomphante d’Evo Morales en 2006, qui a amorcé près de deux décennies de pouvoir de la gauche radicale. Mais les choses risquent de changer cette fois-ci, à l’occasion de l’élection de la semaine prochaine. En effet, des sondages font figurer en tête de la présidentielle du 17 août en Bolivie deux candidats du centre-droit et de la droite, ce qui mettrait fin à 20 ans de règne de la gauche dans le pays andin. L’homme d’affaires de centre-droit Samuel Doria Medina, qui se présente pour le Front d’Unité nationale, est en tête des sondages Ipsos-Ciesmori et Captura Consulting publiés dimanche, avec respectivement 21,2 % et 21,6 % des voix. Il est suivi de près par l’ancien vice-président de droite Jorge Quioga, de la coalition Libre, qui recueille 20 % des voix dans les deux sondages. Si cette tendance se confirme dimanche prochain lors des élections, les deux candidats s’affronteront lors d’un second tour le 19 octobre. Depuis 2005, le Mouvement vers le Socialisme (MAS), parti de gauche dirigé par Evo Morales pendant trois mandats (2006-2019) puis par Luis Arce (2020-2025), a remporté toutes ses élections au premier tour. Le MAS voit pour la première fois sa continuité menacée lors d’une élection, alors que la Bolivie traverse une grave crise économique due à la pénurie de dollars, qui est devenue la principale préoccupation des Boliviens ces derniers mois. L’inflation annuelle a atteint 24,8 % en juillet, son niveau le plus élevé depuis 2008. Morales, ancien dirigeant des producteurs de coca et premier président amérindien de la Bolivie, a été écarté de la course en raison d’une disposition constitutionnelle limitant le nombre de mandats présidentiels. Ses soutiens appellent au vote nul en signe de protestation, qui recueille 14,6 % des suffrages. Mais le vote nul, comme le vote blanc, n’a aucune incidence sur le décompte officiel des voix ni sur la répartition des sièges au Parlement. Il est enregistré à des fins statistiques, seuls les votes valides étant pris en compte. En juin, sous le slogan «Sans Evo, pas d’élections», les partisans de l’ancien président avaient organisé des barrages routiers et des manifestations émaillés d’incidents qui ont fait au moins huit morts, dont quatre policiers. Evo Morales s’est réfugié dans la région du Chapare, son fief dans le centre du pays, berceau de la culture de la coca, à la suite d’un mandat d’arrêt émis dans une affaire de traite de mineure, qu’il conteste. Toutefois, hormis les soutiens indéfectibles de l’ex-président de gauche, les Boliviens semblent prêts à tourner la page du socialisme, pour le moment du moins, pour essayer, comme leurs voisins, un régime de droite capitaliste.