Solidarité nationale : Au-delà du deuil, prévenir les traumatismes
Le drame de oued El-Harrach continue de bouleverser la société. Une simple sortie en bus s’est transformée en cauchemar, laissant derrière elle des familles brisées, des enfants orphelins et des rescapés encore sous le choc. Le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme a mis en place, […] The post Solidarité nationale : Au-delà du deuil, prévenir les traumatismes appeared first on Le Jeune Indépendant.

Le drame de oued El-Harrach continue de bouleverser la société. Une simple sortie en bus s’est transformée en cauchemar, laissant derrière elle des familles brisées, des enfants orphelins et des rescapés encore sous le choc. Le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme a mis en place, dès les premières heures de la tragédie, un vaste programme d’accompagnement psychologique, afin de soutenir les familles touchées et d’apaiser les blessures profondes laissées par l’épreuve. C’est ce qu’a indiqué dans la soirée d’avant-hier un communiqué du ministère.
Un accident. Un bus qui dérape et plonge dans le lit d’un oued. En quelques secondes, la vie bascule pour des dizaines de familles. Les images de ce drame ont fait le tour du pays et, depuis, les témoignages affluent, chacun plus douloureux que l’autre.
Sur instruction de la ministre de la Solidarité nationale, Soraya Mouloudji, les services de la solidarité nationale, épaulés par les cellules de proximité, se sont immédiatement mobilisés pour venir en aide aux familles endeuillées. Le programme repose sur une approche en deux étapes. D’abord, une prise en charge immédiate, afin d’atténuer l’impact brutal du drame, puis un accompagnement à long terme destiné à réduire les effets psychologiques persistants et à aider les survivants à retrouver, petit à petit, un semblant d’équilibre.
La première phase, qualifiée d’urgence, s’est matérialisée dès les premières heures par la présence d’équipes spécialisées dans les hôpitaux Mustapha-Pacha et Salim Zemirli, ainsi qu’auprès des familles dans plusieurs wilayas, notamment Alger, Bouira, Boumerdès, Khenchela, Biskra et Ouled Djellal. Psychologues, assistants sociaux et médecins ont apporté écoute, réconfort et premiers soins psychologiques, avec pour objectif d’amortir la douleur la plus vive. Parfois, ce n’était qu’une main posée sur une épaule, un mot chuchoté à l’oreille, mais pour des familles brisées, cela suffisait à rappeler qu’elles n’étaient pas seules. Certains proches, effondrés par la nouvelle, ont été victimes de malaises, d’évanouissements, de chutes de tension, de crises d’angoisse ou d’hypoglycémie. Dans ces cas, les médecins sont intervenus en urgence, épaulant les psychologues pour empêcher que la détresse ne vire au drame médical.
Dans le même temps, des aides matérielles et des articles de première nécessité ont été distribués. Les familles endeuillées ont reçu des denrées, des vêtements et des moyens de transport, autant de gestes qui, au-delà de leur utilité pratique, traduisent la solidarité nationale face à la douleur.
La seconde phase se déploiera sur le long terme. Elle consiste à assurer un suivi psychologique structuré et régulier, afin d’accompagner les familles dans la durée et d’éviter que le traumatisme ne s’installe. L’objectif annoncé est de réduire d’au moins cinquante pour cent l’impact du choc psychique à court terme et de maintenir un accompagnement adapté jusqu’à la résilience. Les enfants et les proches les plus vulnérables, particulièrement exposés aux séquelles de ce drame, bénéficieront d’une attention spécifique. Des groupes de parole seront mis en place, des consultations régulières organisées et des visites à domicile assurées par les cellules de proximité.
Les cadres du ministère et les équipes de la solidarité ont également tenu à accompagner les familles lors des funérailles. Leur présence, discrète mais symbolique, a été ressentie comme un signe fort, celui d’une communauté nationale soudée face au malheur. Pour des parents qui voient partir leurs enfants, pour des enfants enterrant un père ou une mère, ces instants de recueillement partagés resteront gravés comme un rare moment de soutien dans l’épreuve. Le ministère a précisé que cet engagement se prolongera dans le temps, les cellules de proximité resteront mobilisées pour assurer un suivi personnalisé et adapté aux besoins de chaque famille touchée.
oulager d’abord, reconstruire ensuite
Pour mieux expliquer l’esprit de cette initiative, la directrice de l’Agence de développement social, Houria Baddani, a apporté des précisions aux médias, expliquant que cette double mission consiste à « soulager d’abord, reconstruire ensuite ». L’opération de prise en charge, ordonnée par la ministre, s’adresse à la fois aux blessés sous surveillance médicale à l’hôpital et aux familles endeuillées. Les équipes des cellules de proximité étaient présentes auprès des blessés hospitalisés, elles ont écouté leurs inquiétudes, leurs problèmes, leurs ressentis, et ont assuré un premier travail de décharge émotionnelle. « Laisser parler, laisser pleurer, laisser sortir ce qui étouffe. C’est un geste vital pour empêcher que le traumatisme ne s’enracine », a-t-elle souligné, ajoutant que pour les familles endeuillées, le travail est encore plus délicat, car chaque cas est particulier, chaque douleur singulière, chaque silence lourd de sens.
La deuxième phase débutera avec la mise en place de programmes à moyen et long terme, en fonction de l’évolution des familles et de leur capacité à surmonter le choc. Le plus dur reste le post-traumatique. C’est pourquoi la ministre a ordonné un suivi rapproché, avec l’élaboration de protocoles individualisés. Des psychologues pour enfants, des travailleurs sociaux et des enseignants seront associés pour atténuer le traumatisme et aider les plus jeunes à retrouver des repères stables. Une attention particulière est portée aux élèves, pour leur permettre d’aborder la rentrée scolaire dans les meilleures conditions, avec l’espoir d’alléger d’au moins 50 % le poids du drame qui pèse sur eux.
Au-delà de l’urgence, le ministère rappelle que ce type d’accompagnement psychologique s’inscrit dans la continuité de ses missions sur le terrain et fait désormais partie intégrante de la stratégie nationale de solidarité en cas de catastrophes. Chaque drame laisse des blessures visibles et invisibles. Si les aides matérielles répondent aux besoins concrets, le soutien psychologique répond à l’exigence plus silencieuse, mais tout aussi vitale, d’aider les familles à se reconstruire.
A oued El-Harrach, des vies ont été brisées en un instant. L’Algérie entière a pleuré ce drame. Mais comme le rappellent les spécialistes, le plus dur commence maintenant. Le deuil ne se compte pas en jours. Le traumatisme ne s’efface pas avec le temps seul. Il faut une présence, un suivi, une main tendue. L’Etat a promis de rester aux côtés des familles. Mais la véritable épreuve, celle de la reconstruction, sera longue. Entre les hôpitaux, les foyers endeuillés et les classes qui accueilleront bientôt des élèves marqués par l’absence, l’écho du drame continuera de résonner. Et pour beaucoup, la douleur restera à jamais.
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