Déjà lors de sa campagne électorale, Donald Trump se faisait fort de mettre fin à la guerre en Ukraine dans les 24 heures suivant sa réélection, si bien sûr celle-ci survenait. Mais ce n’est qu’après sa victoire sur les démocrates en novembre dernier qu’il s’était mis à s’intéresser d’aussi près à la guerre à Ghaza, et à prendre des engagements similaires la concernant, à cette différence toutefois qu’ils étaient assortis de menaces directes contre un seul camp, le Hamas, dans le cas d’un échec des négociations pour un accord, une partialité qu’il s’était gardé d’afficher s’agissant du conflit russo-ukrainien. Or que voit-on à moins d’une semaine maintenant de sa prise de fonction ? Qu’en fait ce n’est pas la première guerre qui a le plus de chance de s’arrêter alors qu’il s’apprête à prendre en main les commandes, mais la deuxième, qui malgré son atrocité ne figurait pas en tête de ses priorités de politique étrangère. Lui-même d’ailleurs vient d’annoncer dans une interview accordée à un média américain qu’un accord serait probablement conclu d’ici la fin de cette semaine, mais que dans le cas contraire le Moyen-Orient serait en butte à de grandes difficultés, et donc pas seulement le Hamas.
A peu près au même moment, le président sortant faisant le bilan de son action extérieure se félicitait de laisser à son successeur une Amérique plus forte au plan international qu’elle ne l’était à son arrivée au pouvoir. Biden n’aurait pas pu tenir ce discours s’il n’était pas certain qu’un accord était en train de prendre forme à Doha. Non seulement Trump ne le créditait d’aucune contribution en cela, mais dans la même interview il imputait à sa médiocrité le fait que les deux guerres aient éclaté. S’il avait été réélu en 2020, et non pas en 2024, a-t-il répété pour la énième fois, ni la guerre en Ukraine ni celle de Ghaza n’auraient éclaté. N’empêche, ce n’est pas le conflit qu’il s’était engagé d’arrêter en premier qui a le plus de chance de prendre fin dans l’immédiat, probablement même avant son investiture le 20 janvier. On peut être certain en effet que la guerre en Ukraine se prolongerait bien au-delà de cette date, d’autant plus qu’on en sait plus sur la façon dont il compte s’y prendre pour l’arrêter. Son plan de paix semble être basé sur quelques points fondamentaux : un cessez-le-feu et un gel des positions actuelles occupées par les belligérants, un déploiement de forces de maintien de la paix, qui seraient des forces européennes, des forces appartenant à l’Otan par conséquent, un report de 20 ans de l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, des concessions territoriales à la Russie, dont les contours seraient à définir, mais qui pourraient s’étendre à l’ensemble des terres déjà conquises par elle. Il faut rappeler que ces propositions ne figurent dans aucun discours prononcé par Trump, ni dans aucun document émanant de lui ou de son entourage immédiat. Elles ont été reconstituées par des médias à partir d’éléments d’information glanés ici et là dans ses déclarations et dans celles de ses collaborateurs. Pour autant, elles sont tout à fait vraisemblables. Mieux encore, on n’imagine mal que le plan de paix de Trump pour l’Ukraine puisse être différent. C’est ainsi en tout cas que le voit la Russie qui l’a rejeté purement et simplement.