Violence

Haïti, l’une des plus vieilles républiques des temps modernes et la première à majorité noire, est plus de deux siècles après son indépendance également l’une des nations les plus pauvres du monde, avec une violence endémique qui pourrit la vie de ses onze millions de citoyens. Les différentes missions de l’ONU et les interventions de […]

Fév 26, 2025 - 21:09
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Violence

Haïti, l’une des plus vieilles républiques des temps modernes et la première à majorité noire, est plus de deux siècles après son indépendance également l’une des nations les plus pauvres du monde, avec une violence endémique qui pourrit la vie de ses onze millions de citoyens. Les différentes missions de l’ONU et les interventions de pays africains ces dernières années, essayant d’aider l’Ile, n’y auront rien changé. Des agences onusiennes, des ONG et des bailleurs de fonds ont tiré la sonnette d’alarme face à «une vague de brutalité extrême» depuis fin janvier en Haïti, où les habitants de la capitale Port-au-Prince continuent à fuir la violence des gangs. «Des familles entières ont été brutalement anéanties dans leurs foyers, tandis que d’autres, incluant des enfants et des bébés, ont été abattues pendant qu’elles tentaient de s’échapper», a écrit dans un communiqué publié lundi ce regroupement de différentes organisations dont des agences de l’ONU. «Nous sommes profondément alarmés et consternés par l’intensité inacceptable et inhumaine de la violence qui s’abat sur Haïti, une vague de brutalité extrême qui, depuis la fin janvier, a entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et le déplacement de plus de 10 000 personnes», a ajouté encore le regroupement. Ce dernier a appelé «toutes les parties impliquées dans ces violences à rompre ce cycle de terreur et à mettre fin à cette spirale incontrôlée». Pays des Caraïbes, le plus pauvre des Amériques, Haïti pâtit depuis longtemps des violences de bandes criminelles, accusées de meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, dans un contexte de grande instabilité politique. Ces violences se sont aggravées depuis un an, lorsque des groupes armés ont lancé en février 2024 des attaques coordonnées à Port-au-Prince pour obtenir la démission du Premier ministre de l’époque, Ariel Henry. Ce dernier avait démissionné en mars 2024, laissant la place à des autorités de transition censées permettre un retour à plus de sécurité. Malgré l’arrivée de quelque 1 000 policiers issus de six pays en Haïti, selon un décompte de l’AFP, dans le cadre de la mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), les attaques des gangs ne semblent pas avoir faibli. Ils contrôlent 85 % de la capitale, d’après l’ONU. Un policier kényan, blessé par balle à la suite d’une attaque dimanche par «des membres présumés de gangs», a succombé à ses blessures, a rapporté la police kényane. Lundi, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a affirmé que les autorités étaient «en guerre» contre les gangs. «Nous nous engageons sans répit pour permettre à la police, à l’armée et à la MMAS de mettre les gangs hors d’état de nuire», a-t-il promis lors d’une prise de parole pour marquer ses 100 jours à la tête du gouvernement. Au moins 5 601 personnes ont été tuées par la violence des gangs en Haïti l’an dernier, soit mille de plus qu’en 2023 selon l’ONU. Reste à voir si les promesses du gouvernement seront tenues, ou si, le plus probable, la violence qui ravage l’Ile depuis des décennies continuera à sévir tant que la corruption et la mauvaise gestion du pays ne seront pas réglées. L’envoi d’effectifs étrangers pour maintenir l’ordre n’aura pas été utile et seule une remise en cause profonde et une refondation complète de l’État haïtien, malheureusement peu probables, pourront permettre à ce peuple en souffrance de voir la lumière au bout du tunnel. F. M.