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En février 2022, au moment de l’invasion russe en Ukraine, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, déclarait avec une assurance déconcertante que son pays, ainsi que l’Union européenne, mettaient en place des sanctions financières, qui allaient très rapidement «mettre Moscou sur les genoux». Mais les seuls perdants de ces sanctions furent au final […]

En février 2022, au moment de l’invasion russe en Ukraine, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, déclarait avec une assurance déconcertante que son pays, ainsi que l’Union européenne, mettaient en place des sanctions financières, qui allaient très rapidement «mettre Moscou sur les genoux». Mais les seuls perdants de ces sanctions furent au final les Européens dont les économies ont pris un sévère coup duquel ils ne se sont toujours pas relevés. La Russie, pour sa part, largement auto-suffisante, est toujours debout et continue, plus de trois ans et demi plus tard, de mener sa guerre contre son voisin. Toutefois, l’UE semble décidée à refuser d’admettre l’inutilité de ses mesures de répression et continue à un rythme régulier d’annoncer de nouvelles sanctions. Et aujourd’hui encore, deux mois après le 18e «paquet», l’UE est prête à divulguer ses nouvelles sanctions. La Commission européenne a en effet proposé hier aux pays de la zone euro d’adopter un 19e «paquet» de sanctions contre Moscou, ciblant notamment les hydrocarbures russes, a annoncé sa porte-parole, Paula Pinho. «Nous pouvons confirmer que la Commission a adopté un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, le 19e paquet», a-t-elle indiqué devant des journalistes, précisant que la présidente Ursula Von der Leyen ferait une déclaration à ce sujet. Après un entretien avec Donald Trump, la présidente de la Commission européenne avait promis mardi des «mesures supplémentaires» contre la Russie, visant notamment son secteur énergétique. Donald Trump s’est dit prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les Européens arrêtent d’acheter des hydrocarbures russes, dont les ventes sont l’une des principales sources de financement de la machine de guerre russe contre l’Ukraine. En réponse, Ursula von der Leyen avait indiqué vouloir «accélérer» le sevrage européen des hydrocarbures russes, dans un «effort commun» avec les États-Unis. Les Européens cherchent coûte que coûte à garder les États-Unis à leurs côtés dans leurs efforts pour soutenir l’Ukraine en guerre. Et en n’agissant pas rapidement sur les sanctions, ils redoutent aussi de donner à Donald Trump une bonne raison pour ne rien faire lui-même à l’encontre de la Russie, selon des diplomates. L’Union européenne a déjà décidé, depuis décembre 2022, de cesser toute importation de pétrole russe. Deux pays européens ont toutefois obtenu une exemption, la Hongrie et la Slovaquie, en raison de leur dépendance au brut venant de Russie. L’UE a également fortement réduit sa dépendance au gaz russe depuis l’invasion russe de l’Ukraine déclenchée en février 2022, mais pas totalement. En 2024, la Russie assurait encore 19 % de l’approvisionnement en gaz de l’UE, dont près de la moitié sous forme de GNL, générant des centaines de millions d’euros de revenus pour la Russie. En juin dernier, la Commission a proposé de mettre totalement fin à cette dépendance avant la fin 2027. Une des mesures envisagées serait d’accélérer le calendrier concernant le gaz naturel liquéfié (GNL), selon des diplomates à Bruxelles. Ursula von der Leyen a également assuré cette semaine qu’elle proposerait des sanctions supplémentaires contre des entités (entreprises, banques, etc.) de pays tiers, notamment la Chine ou l’Inde, qui aident la Russie à contourner les sanctions occidentales ou à vendre son pétrole. Toutefois, comme le suggère le nombre de ces sanctions, qui atteindront à n’en pas douter la vingtaine avant la fin de l’année, leur inefficacité est assez impressionnante au vu des résultats obtenus depuis trois ans et demi qu’elles ont été initiées. La Russie est toujours en guerre, Vladimir Poutine continue de revendiquer les mêmes territoires ukrainiens contre un accord de paix et rien n’a réussi, à ce jour, à changer le statu quo. Mais le seul véritable but de ces sanctions semble être en réalité de donner aux Européens l’impression qu’ils pèsent encore dans la balance mondiale et qu’ils contribuent, d’une manière ou d’une autre, aux grandes affaires de ce monde.