Bruno Retailleau : Haine, amateurisme et algérophobie
Le propos a le mérite de la clarté. Le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères est tout autant explicatif que pédagogique, et du reste cinglant à l’adresse du ministre français de l’Intérieur, qui a brillé non seulement par sa crasse ignorance des conventions entre l’Algérie et la France, mais aussi par ses opinions tranchées, […] The post Bruno Retailleau : Haine, amateurisme et algérophobie appeared first on Le Jeune Indépendant.
Le propos a le mérite de la clarté. Le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères est tout autant explicatif que pédagogique, et du reste cinglant à l’adresse du ministre français de l’Intérieur, qui a brillé non seulement par sa crasse ignorance des conventions entre l’Algérie et la France, mais aussi par ses opinions tranchées, racistes et pas moins revanchardes à l’adresse du peuple algérien et de son Etat.
Que Bruno Retailleau vaille en découdre avec l’Algérie, après 63 ans de la défaite du colonialisme français est son affaire, mais qu’il mobilise un narratif anti-algérien pour ratisser large auprès de l’extrême-droite française, cela relève de l’escroquerie politique.
Magistrale la réponse d’Alger qui « démystifie » la posture anachronique de Paris. Le décor est planté dès les premiers mots. Il s’agit d’une exploitation honteuse d’un fait divers mal géré à des fins de politique intérieure douteuse. « L’extrême droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français, mènent actuellement une campagne de désinformation, voire de mystification, contre l’Algérie », peut-on lire dans le premier paragraphe du communiqué du MAE algérien. Et ces nostalgiques de « l’Algérie de Papa » pensent « avoir trouver un exutoire à leurs rancœurs et à leurs frustrations ». Puisque c’est de ça qu’il s’agit au fond pour ces « nostalgiques » en mal de politique : la persistance du souvenir de la défaite cinglante, historique et irréversible du colonialisme français et le refus de reconnaitre le recouvrement par l’Algérie de sa souveraineté nationale à l’issue d’une révolution d’envergure mondiale.
Les failles de Retailleau
Et avant de revenir longuement sur les failles juridiques dans l’affaire de l’expulsion d’un influenceur algérien et les raisons du refus algérien de le recevoir, le communiqué des Affaires étrangères algériennes précise un point important : « L’Algérie n’est, d’aucune façon, engagée dans une logique d’escalade, de surenchère ou d’humiliation », « contrairement à ce que prétende l’extrême-droite française, ses porte-voix et ses relais ». La réponse du berger à la bergère qui, au final, a humilié sa propre France, par son amateurisme et son ignorance ! Est-ce aussi facile de devenir ministre dans la France de Macron ?
Donc, la bergère dans cette affaire n’est autre que Bruno Retailleau. Ce dernier avait affirmé vendredi que « l’Algérie cherche à humilier la France ». « En gardant notre sang-froid (…) on doit désormais évaluer tous les moyens qui sont à notre disposition, vis-à-vis de l’Algérie », avait-il ajouté. La France n’aura pas « d’autre possibilité que de riposter » si « les Algériens continuent cette posture d’escalade », avait-il déclaré.
Dans sont délire expéditif anti-algérien, la France de Retailleau et consœurs a foulé aux pieds toutes les règles et les conventions régissant les questions d’expulsion de ressortissants algériens de France. Et pour cause ! « L’expulsion arbitraire et abusive d’un ressortissant algérien de France vers l’Algérie a fourni à cette partie nostalgique de la France l’occasion de donner libre cours à ses règlements de compte historiques avec l’Algérie souveraine et indépendante », explique-t-on à Alger.
Après avoir expliquer les soubassements idéologiques et symboliques de cette cabale anti-algérienne, il est légitime de se poser la question : de quoi s’agit-il au juste ?
« Doualemn », un influenceur de 59 ans, avait été interpellé à Montpellier, dans le sud de la France, après une vidéo sur TikToK contenant un appel à la violence et mis dans un avion jeudi après-midi pour l’Algérie, d’où il a été renvoyé en France le soir même, l’Algérie l’ayant « interdit de territoire », selon le ministère français de l’intérieur.
La « cinglante » mise au point d’Alger
A Alger, l’explication est claire : la France n’a pas respecté les usages. « En violation des dispositions pertinentes de la Convention consulaire algéro-française du 24 mai 1974, la partie française n’a cru devoir informer la partie algérienne ni de l’arrestation, ni de la mise en garde à vue, ni de la détention, ni encore de l’expulsion du ressortissant en cause. Bien plus, elle n’a pas donné suite à la demande de la partie algérienne d’exercer sa protection consulaire au profit du ressortissant concerné à travers le droit de visite », précise le communiqué algérien.
Dans les faits, le ressortissant en question est une personne qui vit en France depuis 36 ans, intégré, marié à une Française et père de deux enfants, il dispose d’un titre de séjour régulier depuis 15 ans, date à laquelle il a commencé un travail stable. Ce descriptif l’éloigne ainsi de la catégorie des délinquants et dément le discours médiatique qui tend à le présenter comme tel. Ce qui n’est pas normal, côté français, c’est le mépris affiché face à l’application de la loi lorsqu’il concerne l’Algérie et les Algériens.
La décision algérienne de le renvoyer en France est donc légitimement motivée, car « animée par le souci de lui permettre de répondre aux accusations qui sont portées contre lui, de faire valoir ses droits et de se défendre dans le cadre d’un processus judiciaire juste et équitable sur le territoire français ». Le témoignage des avocats de « Doualemn » abonde dans le même sens du communiqué algérien. Vendredi, Jean-Baptiste Mousset et Émilie Brum, avocats de l’influenceur qui vit et qui a été interpellé à Montpellier, ont considéré dans une conférence de presse que leur client « fait les frais d’une action administrative particulièrement répressive ».
Les dessous du climat algérophobe
Sommes-nous devant un mensonge patenté et une mauvaise foi manifeste de Bruno Retailleau ? Rien n’est plus vrai ! Le ministre français de l’Intérieur qui a fait de l’application effective et massive des OQTF, les fameuses obligations à quitter le territoire français, son cheval de bataille l’a appris à ses dépens. Sans la coopération effective du pays d’accueil, rien ne peut être fait. De plus, le climat algérophobe entretenu depuis plusieurs mois à Paris par une classe politique de plus en plus décomplexée par rapport au racisme d’Etat, à la xénophobie et au négationnisme historique, rajoute une bonne couche à cette posture anti-algérienne.
Depuis des semaines, c’est en chœur que politiques, intellectuels et analystes se relayent sur les plateaux de télévisions et se fendent en tribunes dans la presse écrite pour dénoncer tout ce qui est algérien ou qui a un rapport avec l’Algérie. Depuis l’alignement illégal de Macron sur les thèses marocaines concernant la question sahraouie, les révélations sur un complot de déstabilisation de l’Algérie par la DGSE, par le truchement d’anciens combattants au sein de DAECH en Syrie et en Irak, jusqu’à la polémique lancée par l’ancien ambassadeur haineux Xavier Driencourt sur Boualem Sensal, et ses extravagantes divagations historiques pour finir avec les propos immoraux de Macron à l’adresse de l’Algérie lors de la conférence avec les ambassadeurs de France, Paris n’a cessé de mobiliser tout son gotha politico-médiatique pour s’attaquer à l’Algérie, à son histoire et à ses symboles.
Les besogneux de la haine
Tout est bon pour accomplir cette besogne : du sinistre Bernard-Henri Lévy (BHL) à André Bercoff en passant par Marine Le Pen et Gabriel Attal, tous, qu’ils soient de droite, de son extrême, du centre ou de la gauche-cavier, mitterrandienne honteuse héritière de la SFIO qui a guillotiné les martyrs algériens durant la Révolution du 1er novembre 1954, tous donc, ont maille à partir avec une Algérie souveraine, digne et dont les positions pro-palestiniennes et pro-sahraouies, assumées haut et fort, dérangent.
Objet fétiche de ce climat délétère et souffre-douleur de cette hystérie française, l’accord algéro-français de 1968 qui régit les flux migratoires entre les deux pays et qui lui-même est largement dépassé par les logiques bilatérales et internationales actuelles. Et pourtant, les ténors de la droite et de l’extrême-droite en ont fait une fixation, comme si une question bilatérale, donc de politique étrangère, a glissé pour devenir une question d’enjeu intérieur et électoraliste majeure dans la France de Macron.
L’affaire des Tiktokeurs algéro-français arrêtés en France est une affaire franco-française. Paris ne veut pas l’admettre, refuse de l’admettre et préfère se projeter dans une posture belliqueuse, haineuse et gratuite envers l’Algérie, quitte à pratiquer la politique de la terre brulée, qui fut préconisée et pratiquée en son temps par un génocidaire patenté, le général Bugeaud. Décidément, la 5ème République peine à se détacher de l’ADN des crimes coloniaux et les mensonges qui ont falsifié l’histoire pendant 132 ans. L’histoire, elle, retiendra que seuls les héros de la vérité triompheront.
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