Circulaire

Lors de la nomination de Gerald Darmanin au ministère de l’Intérieur en 2020 en France, certains avaient estimé qu’Emmanuel Macron faisait un appel du pied aux électeurs de droite en choisissant un sarkozyste au discours ferme sur l’immigration et la sécurité. Mais loin de combler les électeurs les plus à droite, comme l’avait fait Nicolas […]

Jan 25, 2025 - 23:38
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Circulaire

Lors de la nomination de Gerald Darmanin au ministère de l’Intérieur en 2020 en France, certains avaient estimé qu’Emmanuel Macron faisait un appel du pied aux électeurs de droite en choisissant un sarkozyste au discours ferme sur l’immigration et la sécurité. Mais loin de combler les électeurs les plus à droite, comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en 2007 en siphonnant une large partie de l’électorat du Front National, le bilan de Darmanin a été plutôt décevant pour les sympathisants des Républicains et du Rassemblement National. La nomination de Bruno Retailleau a d’ailleurs rencontré le même scepticisme. Toutefois, contrairement à son prédécesseur, l’ex-président des députés Les Républicains semble de plus en plus populaire auprès de l’opinion publique de droite qui apprécie ses prises de positions et ses promesses de durcissement de nombreuses lois et règlementations, notamment concernant l’immigration illégale. Tant et si bien que du côté du RN l’on semble s’inquiéter de la popularité du ministre. C’est ainsi que le Rassemblement National attaque désormais frontalement le locataire de la place Beauvau et le qualifie de «faux dur» après avoir rejeté, hier, sa nouvelle circulaire sur l’immigration, appelant à refuser le principe même des régularisations de sans-papiers. «Il ne faut quand même pas être dupe. Ce que nous fait Bruno Retailleau, c’est finalement ni plus ni moins que décaler de deux ans le temps nécessaire à la régularisation, c’est-à-dire passer de 5 à 7 ans», a déclaré sur franceinfo le député de la Moselle et porte-parole du RN, Laurent Jacobelli. Le ministre de l’Intérieur, tenant de l’aile la plus à droite du gouvernement de François Bayrou, a présenté jeudi une nouvelle circulaire durcissant les conditions de régularisation des immigrés sans papiers. Elle exige notamment une durée de résidence de 7 ans contre 5 ans pour la circulaire de 2012 de Manuel Valls qui encadrait jusqu’ici les régularisations. «Monsieur Retailleau, c’est un faux dur, mais c’est un vrai mou parce qu’il est LR, parce que depuis des années, ils ont accompagné l’immigration», a accusé le député du parti de Marine Le Pen. «Ce qu’il faut, c’est dire clairement à tous ceux qui veulent arriver en France : si vous arrivez en France illégalement, vous ne serez jamais régularisés. Sinon on va continuer avec les pompes aspirantes des clandestins», a-t-il ajouté, prônant le chiffre de «zéro» régularisation. Concernant les métiers en tension, qui emploient beaucoup de sans-papiers, Laurent Jacobelli a appelé les étrangers qui voudraient les occuper à déposer des demandes de visa de travail. En présentant sa nouvelle circulaire, Bruno Retailleau avait assuré vendredi que la régularisation n’était pas «un droit» mais «une mesure exceptionnelle». Le texte précédent, la circulaire Valls, permettait de régulariser environ 30 000 personnes par an, et laissait une marge d’appréciation aux préfets pour accorder des titres de séjour. Toutefois, quelle que soit la bonne volonté de Retailleau, les nombreuses institutions, à l’instar du Conseil constitutionnel, qui entourent la mise en place de chaque nouvel article de loi, auront vite fait de rapidement limiter ses mouvements et ses initiatives. Surtout si le président de la République s’oppose lui-même aux mesures décidées par le premier policier de France. Après tout, c’est bien Macron lui-même qui a fini d’enterrer la loi immigration l’année dernière en dénonçant le texte de loi mis en place par son propre gouvernement. Reste à voir combien de temps Retailleau réussira à maintenir sa popularité et surtout si cela influera sur le choix du prochain candidat de droite à la prochaine élection présidentielle.