Collecte des peaux de mouton: Un levier pour développer la filière textile et cuir

L’opération de collecte des peaux de sacrifice, initiée depuis quelques années, constitue l’un des outils contribuant au développement de la filière textile et cuir, notamment en réduisant la facture d’importation des intrants.

Par Salim K.

Afin de redynamiser cette filière, le ministère de l’Industrie a mis en place une stratégie axée sur l’exploitation des matières premières locales, avec une attention particulière portée à la valorisation des peaux issues des sacrifices de l’Aïd El-Adha. Cette année, le ministère ambitionne de dépasser les deux millions de peaux collectées en 2024, tout en améliorant le taux des peaux récupérées exploitables, a indiqué à l’APS Mokdad Agoun, directeur de la veille stratégique au ministère. L’objectif fixé est d’atteindre un taux de 40 % de peaux exploitables, contre 29 % l’an dernier.
Les peaux seront d’abord triées dans des centres spécialisés avant d’être orientées vers des unités de traitement en vue de leur transformation en produits finis. Cette démarche vise à renforcer l’approvisionnement local en matières premières, dans un secteur encore largement tributaire des importations.
Au-delà de l’Aïd, cette opération vise à ancrer une culture d’exploitation durable des peaux de bétail (moutons, bovins, chèvres) tout au long de l’année, en s’appuyant sur les compétences nationales afin de faire de cette filière un pilier de l’économie hors hydrocarbures.

Getex, un acteur central de la relance du secteur
Le Groupe public Getex (Textiles et Cuirs), acteur clé de la filière, mène une dynamique d’expansion fondée sur l’élargissement de sa capacité de production, la montée en gamme, la localisation technologique et l’intégration locale. Il entend également s’ouvrir davantage aux marchés africains et internationaux.
En 2025, Getex prévoit l’ouverture de sept nouvelles usines, auxquelles s’ajouteront plus de dix autres en 2026, avec à la clé la création d’environ 6 000 emplois sur deux ans. L’objectif est de répondre à la demande nationale en articles textiles et en cuir, tout en augmentant sa part de marché local de 5 % à 20 %.
Avec 39 unités de production et 74 points de vente répartis à travers le pays, le groupe mise également sur l’économie circulaire, en valorisant les peaux et laines issues des sacrifices, et en développant un projet de transformation des déchets de cuir en engrais organiques. Les pouvoirs publics, en coordination avec plusieurs partenaires et acteurs, ont lancé une large campagne de sensibilisation pour informer les citoyens sur l’importance de la collecte des peaux de sacrifice, et sur les bonnes pratiques à adopter pour en préserver la qualité afin de les exploiter dans l’industrie du textile et du cuir.
Cette année, la campagne se distingue par la mise en place de points de collecte dans différentes communes et le lancement de deux applications numériques par le ministère. La première, «Mriguel Hidora», permet d’identifier, via une carte interactive, les points de collecte mis en place par les autorités locales. La seconde, «Moustafid», offre la possibilité aux citoyens de faire don de leur peau en ligne à travers un collecteur désigné.
Le suivi de l’opération est assuré par les Directions de l’industrie au niveau des wilayas, en application d’un plan national qui donnera lieu à un rapport d’évaluation intégrant les premiers indicateurs d’impact industriel et environnemental.

S. K.