Crise algéro-française: Les voix du discernement

Les chantres de l’extrême droite et des radicaux nostalgiques de l’empire colonial français ne renoncent nullement à leurs discours raciste et haineux, en prenant pour cible l’Algérie et les Algériens. Par calcul politicien et électoraliste en perspective des prochaines présidentielles de 2027, ils continuent de souffler sur la braise, en dépit de l’inanité de leurs […] The post Crise algéro-française: Les voix du discernement appeared first on Le Jeune Indépendant.

Mars 26, 2025 - 17:09
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Crise algéro-française: Les voix du discernement

Les chantres de l’extrême droite et des radicaux nostalgiques de l’empire colonial français ne renoncent nullement à leurs discours raciste et haineux, en prenant pour cible l’Algérie et les Algériens. Par calcul politicien et électoraliste en perspective des prochaines présidentielles de 2027, ils continuent de souffler sur la braise, en dépit de l’inanité de leurs arguments et l’absurdité de leurs démarches suicidaires, attentatoires aux intérêts algero-français.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, dans une logique d’apaisement, fixa le canevas officiel du règlement des différends entre les deux pays tout en soulignant qu’il n’est pas « concerné » par le brouhaha qui caractérise la scène politique française.

Dans ce « capharnaüm » pour reprendre l’expression de Tebboune, des voix en France s’érigent contre ces dérives dangereuses. Ils appellent à l’apaisement et à faire preuve de discernement, mettant en garde contre une rupture aux graves conséquences entre les deux pays. Parmi eux, des politiques, d’anciens ministres ou diplomates, des journalistes, des écrivains, des universitaires et des intellectuels. Des coups de gueule qui comptent chez l’opinion française et qui incitent à la réflexion, à la raison.

Comme le Franco-algérien, Jean-Paul Vesco, l’archevêque d’Alger qui se dit « inquiet et en colère », et que la crise « le touche naturellement ». Alors qu’il n’exprime jamais sur les questions politiques, Vesco a décidé de parler pour répondre « aux propos jusqu’au-boutistes de certains responsables politiques français ».

Selon lui, l’attitude de la France, avec la multiplication des déclarations hostiles et parfois méprisantes à l’égard du pays et des Algériens de France, « est vécue comme insultante et injuste », affirme-t-il dans un entretien au journal « La Croix ».

« Ce qui me gêne dans les propos du ministre de l’Intérieur français, c’est le ton comminatoire de ses injonctions aux autorités algériennes. L’Algérie ne cède jamais face à ce type de discours, spécialement venant de la France », a-t-il détaillé.

Pour Jean-Paul Vesco, « le divorce entre la France et l’Algérie (…) serait une voie suicidaire pour la France ». « Les conséquences ne seraient pas seulement une rupture de relations diplomatiques avec un pays, mais le divorce silencieux de millions de Français musulmans, pas seulement franco-algériens et souvent parfaitement intégrés, avec le pays dans lequel ils vivent et qu’ils contribuent à faire vivre. C’est ce qui est en train de se produire et c’est l’une des raisons principales de ma colère », conclut-il.

De son côté, l’ancienne ministre française, Ségolène Royal, a répondu à l’appel du président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui l’avait citée, début février, comme étant l’une des personnalités françaises pouvant faire la médiation entre les deux pays. Pour elle, la voie diplomatique « est toujours possible avec l’Algérie », à condition qu’il n’y ait pas « de provocation, de surenchère et d’exploitation pour des raisons politiques intérieures … ». Pour Ségolène Royal, la France ne doit jamais renoncer à la diplomatie relationnelle.

Même réaction de Jean-Pierre Mignard, avocat et un homme politique français, connu pour son engagement dans plusieurs causes publiques et sa proximité avec certaines personnalités politiques.

Sur l’escalade actuelle, il dira dans une interview au site Casbah tribune que pour sortir de cette impasse, on pourrait « revoir les Accords de 1968 dans le sens de leur amélioration dans tous les domaines, y compris, bien sûr, celui de la coopération en matière de circulation. Ensuite, la santé et l’Université devraient être les deux leviers de l’entente entre nos deux pays ».

Sur les propos méprisants du ministre de l’Intérieur français, Mignard estime qu’ils « contribuent à détériorer la relation franco-algérienne. M. Retailleau est d’une hostilité envers l’Algérie qu’il ne parvient pas à cacher. C’est un reste de la guerre d’Algérie et une nostalgie revancharde. Or, les traités de 1968 et suivants sont sous la responsabilité du président de la République et de personne d’autre. C’est la Constitution. C’est à lui d’intimer au Ministre de l’Intérieur de faire preuve de retenue. C’est aux deux présidents de gérer cette situation et à eux seuls ou leurs envoyés ».

Selon lui, la France a du mal à revisiter son histoire coloniale. Dès 1965, une loi d’amnistie a verrouillé tout examen judiciaire pour les faits commis en relation avec « les événements d’Algérie ». Soit, mais alors la France a un devoir de vérité avec elle-même sur son histoire. Un des bilans de cet affrontement, dont la France porte la responsabilité, ce sont les 5 millions de binationaux franco-algériens. Les deux pays partagent une partie de leur population. Soyons audacieux, faisons tomber les barrières à chaque fois que cela est possible ».

Tout comme l’historien Benjamin Stora, qui pense que la tension lui semble plus profonde qu’elle n’a jamais été entre la France et l’Algérie, Olivier Le Cour Grandmaison rappelle un fait en matière de reconnaissance des crimes coloniaux.

Pour ce politologue et universitaire français, spécialiste des questions liées à l’histoire coloniale, la France se distingue sinistrement d’autres anciennes puissances coloniales européennes, notamment, qui, comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Belgique, entre autres, ont reconnu leur passé criminel et parfois même accordé des réparations symboliques et financières.

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