Défis d’une future nouvelle ville balnéaire en mutation : Sidi Salem (Annaba ), un front de mer victime de l’industrialisation !
Moderniser le front de mer de Sidi-Salem, à El-Bouni (Annaba), est une chose. En faire un site balnéaire en est une autre. Mission quasi impossible. Car le rivage de ce quartier populaire est considéré comme le plus pollué de la région. Ici, le bidonville des anciennes Sections Administratives Spéciales (SAS) du temps colonial, abrite toujours […] The post Défis d’une future nouvelle ville balnéaire en mutation : Sidi Salem (Annaba ), un front de mer victime de l’industrialisation ! first appeared on L'Est Républicain.

Moderniser le front de mer de Sidi-Salem, à El-Bouni (Annaba), est une chose. En faire un site balnéaire en est une autre. Mission quasi impossible. Car le rivage de ce quartier populaire est considéré comme le plus pollué de la région. Ici, le bidonville des anciennes Sections Administratives Spéciales (SAS) du temps colonial, abrite toujours une population dense, incrustée dans le tissu urbain depuis plus de soixante ans. Conséquences : une dégradation chronique, héritée d’une urbanisation précaire, qui empoisonne chaque jour la vie des habitants et enterre toute ambition balnéaire. Le danger aujourd’hui s’appelle l’embouchure de la Seybouse, qui déverse des quantités de déchets toxiques, lesquelles ont transformé la zone de Sidi-Salem, où se jette l’oued, en un véritable dépotoir de nuisance mortelle. Le débouché représente un véritable catalyseur de déchets de toute sorte. Nous sommes en présence d’un conglomérat de liquide visqueux et vaseux renfermant des vecteurs de maladies infectieuses. Selon des sources crédibles, la totalité des eaux résiduelles de l’oued de la Seybouse va à la mer sans être épurée. Pourtant, l’étude lancée il y a quelques années, assurée par la Société Anonyme Française d’Études de Gestion et d’Entreprises (SAFEGE), un bureau d’études expert en la matière, avait permis d’abord l’identification des unités industrielles polluantes et ensuite le mode de procédés de traitement des rejets que chacune d’entre elles utilise. Les experts de cette entreprise avaient également épluché les types de traitement de la pollution par zone d’activité industrielle dans la perspective de mieux cerner et situer les conséquences de ce fléau et d’évaluer les coûts de traitement de la pollution. Le champ de l’étude en question avait concerné la partie en aval du bassin versant de l’Oued Seybouse qui englobe quatre wilayas en l’occurrence Annaba, Guelma, El Tarf et Souk Ahras. Drainant un bassin de 6.400 km², l’Oued Seybouse, qui prend naissance dans les hautes plaines d’Aïn Beïda avant de se jeter dans la mer Méditerranée, enregistre des rejets polluants de toutes sortes (urbains, industriels, etc.), particulièrement du côté de Guelma et Annaba, en raison d’une forte industrialisation (cycles, céramique, carrelage, levurerie, lait et métallurgie). Faut-il rappeler que le bassin de la Seybouse est confronté chaque jour à plusieurs polluants industriels et urbains émanant des différentes villes (68 communes de sept wilayas) et usines (quelque 250), situés sur les deux rives à un point où certaines associations le désigne – à tort ou à raison, cela reste cependant à prouver scientifiquement – comme étant « le plan d’eau le plus pollué du pays, annonçant les prémices d’une catastrophe écologique réelle et imminente ». Par ailleurs, la côte Annabie, longue de 80 kilomètres, considérée comme étant la plus poissonneuse, notamment en poisson blanc, a fait l’objet, cette dernière décennie, de deux incidents majeurs : 160.000 litres d’huiles de vidange ont été déversés dans une fosse de quarante mètres et 3.000 litres d’huiles ont été renversés par le camion d’un particulier à l’Oued Seybouse. À ce sujet, l’on affirme qu’un litre d’huile peut polluer une surface équivalente à un terrain de football. Pour sa part, le commissariat régional du littoral de la région d’Annaba avait tiré la sonnette d’alarme concernant la pollution de l’Oued Seybouse, qui traverse la wilaya d’El-Tarf sur environ quarante kilomètres avant de se déverser en mer. L’évacuation dans cet oued des eaux usées provenant des unités industrielles sans traitement préalable, ainsi que de celles des habitations implantées à proximité, a causé un sérieux préjudice à son environnement et à la qualité de ses eaux, réputées pour leurs richesses en poissons et plantes aquatiques, ainsi que pour leur utilisation dans l’irrigation des terres agricoles environnantes. La même source a ajouté que plus de cinq millions de mètres cubes d’eaux usées, contaminées par divers produits polluants, dont des huiles industrielles, sont déversés quotidiennement dans cet oued. Il faut souligner que, dans ce cadre, le développement industriel s’est fait en partenariat avec l’eau. Rares sont les usines qui ne sont pas implantées au bord de l’eau (rivière, canal ou mer). L’Oued Seybouse représente non seulement une source d’approvisionnement pour les usines, mais également un réservoir pour leurs rejets polluants. Des études réalisées ces dernières années par des universitaires, notamment de la filière des sciences de la Terre, ont montré que les eaux de l’Oued Seybouse ont atteint un degré de pollution inquiétant, suscitant des risques majeurs pour l’agriculture, la nappe phréatique et la santé publique. Les lois relatives à la protection de l’environnement et les efforts de mise à niveau des entreprises industrielles n’ont pas permis, jusqu’à présent, de maîtriser cette situation.
B. Salah-Eddine
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